Lapsus printanier
Hier mes activités professionnelles m’ont conduit dans l’est parisien…
En sortant de ma réunion, vers midi, j’étais à proximité de la voie verte qui relie le bois de Vincennes à la Bastille en suivant le parcours d’une ancienne voie de chemin de fer désaffectée depuis fort longtemps, restée sans usage pendant de longues années et devenue maintenant une très agréable promenade, d’abord en tranchée puis ensuite en viaduc.
Je me suis voté une promenade et suis revenu à pied plutôt qu’en métro. Les fleurs, forthysias, magnolias, tulipiers du japon, l’herbe tendre et les jeunes pousses, les joggers, les promeneurs, les lecteurs sur bancs publics, la rumeur assourdie de la rue, le sommet des immeubles dont on perçoit mieux la décoration, perché comme on est, et puis aussi, à cette heure méridienne, ici ou là des bouffées d’odeur de cuisine échappées par des fenêtres ouvertes…
Quel simple bonheur !
C’est chouette le printemps tout de même, n’en déplaise à l’ami Nuages. Enfin le début du printemps surtout car, comme pour chaque saison, c’est le moment du basculement qui est spécialement plaisant.
J’ai marché, marché, rejoint la Bastille puis encore longé le port de l’Arsenal et ses bateaux et péniches de plaisance qui vous donneraient presque l’illusion d’être à la mer.
L’heure a tourné. Pas d’obligation particulière au bureau l’après-midi, croyais-je. J’appelle donc pour annoncer que je ne viens pas. Je ferai une journée plus longue le lendemain.
Je repasse à la maison, je me fais un plateau rapide et m’installe pour la première fois cette année sur ma terrasse sous le forthysia en fleurs puis je prends un livre tandis que s’avance l’après-midi et je savoure l’instant…
Nouvel appel du bureau. Un jeune homme est passé. Il avait rendez-vous avec moi. Ça me revient tout à coup. Oui, j’avais bien donné un rendez-vous pour cet après-midi ! Zappé ! Complètement zappé ! Trop tard pour y retourner, il est reparti, on lui a donné un autre rendez-vous. Je me sens un peu confus. C’est bien la première fois que ça m’arrive je crois !
Effet délétère du printemps ! Effet aussi j’imagine d’une certaine distance qui s’installe. Une page bientôt va se tourner et cet acte manqué est comme un signe que j’ai peut-être déjà un peu la tête ailleurs.
Aujourd'hui il faisait beau aussi mais pas de fuite, ça ne peut pas être tous les jours pareils quand même. La journée a même été très longue et très chargée.
Et c’est pas tout ça. J’ai un marathon sur le feu, moi. Quand est-ce que je vais m’y plonger ? Ce soir il est trop tard, je sens que déjà je décline… Demain, il faudrait que ce soit demain, sinon je vais laisser passer le train des marathoniens…