Encore mes humeurs en va et vient…

Hier a été un peu dur. Nous avons été à l’Abbaye de Daoulas pour y voir la traditionnelle exposition estivale, cette année sur les Berbères. Assez belle exposition dans sa conception, dont le joli titre dit l’ambition : « Berbères, de rives en rêves ». Ce n’est pas seulement une exposition traditionnelle d’ethnographie, elle s’attache aussi à la berbérité de l’exil de Kateb Yacine à Slimane, un chanteur kabyle des années 50 et 60, précurseur d’Idir ou de Djamel Allam. J’ai regretté seulement une présentation un peu fourre tout et surtout obscure au sens propre (la nouvelle manie de la muséographie, tout présenter dans la pénombre). Mais en sortant pluie à torrent qui nous a empêché de profiter du parc, des jardins, du cloître, d’une promenade dans le vieux village, bref de tout ce qui fait la beauté de Daoulas au-delà de la qualité des expositions. Le pique-nique et la balade envisagée dans le secteur se sont transformées en arrêt dans une crêperie un peu sinistre. Ensuite nous nous sommes engagés sur de petites routes dans la presqu’île de Crozon, sans que le temps ne daigne se lever.

Surtout un appel téléphonique des garçons, nous a appris que Taupin avait fait un petit malaise en arrivant à Paris, signe possible d’un souci plus grave. Des analyses sont en cours. Rien d’alarmant mais préoccupant toutefois, juste au moment où il revient d’Angleterre et s’apprête à partir en vacances, ici d’abord où il vient nous faire un coucou de quelques jours avec son frère puis en Corse où il part la semaine prochaine avec des amis.

Tout à coup, sous les nuées et le vent mauvais, sur les petites routes balayées de pluie devenues sinistres, on s’est senti un peu plombés. Constance était très tendue et, pour moi, c’était comme une ombre de plus se rajoutant à mes soucis d’écartèlement de cœur et de parole rentrée.

Aujourd'hui le temps est revenu au soleil et moi-même je me sens mieux. Un beau temps breton. Quelques nuages qui circulent vite dans le ciel, accusant les contrastes d’ombre et de soleil, du vent, la mer un peu moutonnante…

Les garçons arrivent tout à l’heure. Taupin se sentait parfaitement reposé et rétabli ce matin. Constance et sa sœur sont partis les chercher à Quimper. Moi, je suis resté, j’écris devant la fenêtre ouverte par laquelle entre largement le soleil. Tout à l’heure, dès leur arrivée nous descendrons ensemble à la plage, on pourra profiter de ce temps un peu chahuté pour se faire rouler dans les vagues, ce qui aussi est un des grands plaisirs de la mer, un de ces plaisirs où l’on retrouve des sensations et des bonheurs d’enfance.

Mais surtout ce matin, nous avons fait une promenade à pied, seuls, Constance et moi. J’ai pu dénouer quelque peu le silence, oh, quelque peu seulement, tout n’est pas abordé mais au moins le terrain est un peu dégagé, la suite, plus pointue, plus douloureuse peut-être mais qui ne peut être évitée et ne doit pas l’être, pourra il me semble sortir plus facilement.

(Ecrit le 29 juillet)

Abbaye de Daoulas (mais une autre année!)

Humeurs en va et vient

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