Les fils sont à la maison…

J’ai été chercher l’ainé à la gare jeudi dernier pour l’aider à transporter ses nombreux bagages. Il commence à rapatrier une partie de ses affaires, son séjour anglais approchant de son terme. Il devrait soutenir sa thèse vers le mois de mars et explore d’ores et déjà pour la suite des pistes de boulot qu’il souhaiterait plutôt en France.

Le cadet est arrivé de Berlin samedi. Son stage est terminé. Il réintègre les pénates familiales pendant un petit moment avant de repartir en stage à partir de février, en Asie cette fois.

C’est un plaisir de les avoir là, tous les deux, même si ce ne peut être que pour un temps bref mais l’inverse serait malsain.

Je suis heureux de voir la belle complicité qui règne entre eux. Je les écoute, un peu médusé, échanger pêle-mêle sur des questions scientifiques trapues et sur les recherches auxquels ils participent, sur leurs lectures et les musiques qu’ils aiment mais aussi sur les actualités footballistiques les plus pointues (ah le PSG, toujours le PSG !). Ben oui, ils sont grands maintenant, ça me fait tout drôle de voir que mes petits gars sont des adultes désormais. Enfin, l’autre soir le grand s’est tout de même offert un bain de jouvence : il a ressorti sa vieille Nintendo qui dort et s’empoussière près de la télévision depuis des années et s’est fait une soirée Zelda !

Ça fait de la vie dans la maison, ces présences, et de la vie joyeuse même si ça bouscule un peu. Ils sont assez redoutablement bordéliques et ils débordent largement de leurs chambres. Le séjour est totalement envahi par leurs papiers, bouquins, ordinateurs car la wifi passe mal dans leurs chambres. On sait difficilement à l’avance qui sera là pour tel ou tel repas ce qui casse un peu les velléités culinaires du pater familias !

Mais enfin tout ça, au total, c’est que du bon !

Quel plaisir à voir qu’ils ont l’air l’un comme l’autre bien dans leurs baskets.

Je peux juger par moments ma vie étriquée, pas aussi riche que j’aurais pu la souhaiter, tant dans l’ordre de la réalisation de soi intellectuelle, professionnelle et sociale que dans celle de la vie relationnelle et amoureuse. Il n’empêche que cette harmonie familiale tranquille, que les fruits qu’elle a produit, sont de bons et beaux signes.

J’achève de lire le dernier récit d’Emmanuel Carrère : « D’autres vies que la mienne ». C’est un livre poignant qui aide à remettre les pendules à l’heure par rapport à nos propres vies, comme il a aidé l’auteur vis-à-vis de la sienne.

Dans des configurations de vie qui toutes sont différentes, chacun a son lot et doit se débrouiller avec, du mieux qu’il peut. Entendre une jeune femme, dont la traversée de vie est marquée par la maladie, la douleur, le handicap, avant un nouveau cancer qui cette fois l’emporte, dire peu avant son agonie : « j’aurais eu une bonne vie », ça fait réfléchir !

Et l’on se dit alors qu’il faut remiser à leur justes place nos insatisfactions, nous défaire de nos consciences malheureuses, nous défaire de l’envie qui est toujours mauvaise conseillère et savoir profiter de ce qu’on a, s’y adosser, s’y recentrer…

Essayer du moins !

Fils

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