"Une vérité qui dérange"
Hier sortant du bureau par
ce beau début d’après-midi d’automne, si beau, j’ai musardé un moment dans les
rues de Paris pour en profiter et me suis dit un peu en écho au dernier billet
de Traou : qu’il est beau ce temps sans cesse changeant de notre terre,
comme c’est agréable d’en jouir dans toute sa variété…
J’ai été au cinéma ensuite
et j’ai vu « Une vérité qui dérange », ce film qui suit Al Gore,
l’ancien vice président américain et candidat malheureux contre Bush aux élections de 2000,
dans sa campagne d’alerte au sujet du réchauffement climatique.
Pour sa plus grande part le
film consiste en la simple mise en scène d’une conférence que Gore délivre
infatigablement à travers les USA et dans le monde entier complétée de quelques
aperçus plus intime sur l’homme Gore, sur ce qui en lui explique l’intensité de
sa mobilisation sur ce terrain.
Gore apparaît là en vedette
américaine, il fait son cinéma, avec mimiques, effets de suspense et effets de
tribune, humour parfois un peu lourd et légèrement déplacé, c’est un peu
déroutant, tout ça fait très américain, on s’attendrait presque à voir surgir
des pom-pom girls sur le plateau. Cela donne aussi le sentiment de quelqu'un en
campagne pour lui-même, comme s’il se positionnait aussi vis à vis d’autres
échéances.
On connaît en gros ce qu’il
raconte, on croit même ne le connaître que trop, (d’ailleurs j’ai un peu hésité
à aller voir ce film, me disant : tout ça est déjà assez déprimant, est-ce
que c’est bien la peine de m’en rajouter une couche ?). Mais on en apprend
toujours un peu plus et c’est vrai que tout ça est assez effrayant. On a
vraiment le sentiment d’être en présence d’une machine globale qui s’est
emballée et d’une façon telle qu’on voit mal comment elle pourrait être
arrêtée.
Lorsque le film se termine
défile sur l’écran une série de recommandations de bonne pratiques écologiques
individuelles qui semblent un peu dérisoires après tout ce qui vient d’être
montré. Je ne sous-estime pas l’importance d’adopter le plus que l’on peut des
comportements écologiquement responsables, je soutiens les campagnes comme
celle d’un défi pour la terre visant à nous les faire adopter et j’essaie quant
à moi de faire vraiment attention dans mon quotidien. Mais quand même, par
rapport à l’énormité de la machine emballée, cela paraît bien disproportionné.
C’est aussi une façon bien américaine de réintégrer du volontarisme, du rien
n’est perdu, du ça dépend de vous, sur un sujet où l’on n’a guère de raisons
d’être optimiste quand chaque jour d’autres évènements à une autre échelle,
générés entre autres par les luttes acharnées des marchands pour conquérir des
marchés, accroître des profits vont à contrario de tous nos efforts de petites
fourmis.
Bon il vrai qu’il y a aussi
des aspects positifs plus globaux. Par exemple c’est une très bonne nouvelle la
pilée que vient de se prendre Bush qui en plus d’être un bigot et un belliciste
irresponsable est le représentant des forces les plus hostiles à ce que soit
régulé un tant soit peu l’exploitation de la planète. Sans se faire trop
d’illusions la présence d’un Congrès un peu plus sensible aux menaces globales
devrait avoir certains effets positifs. Comme devrait en avoir aussi chez nous
la dynamique lancée par Nicolas Hulot pour que ces thématiques soient prises en
compte dans les programmes des présidentiables français.
Voila qui va aller dans la catégorie "vie du monde" plus que dans la catégorie "cinéma" car c'est à ce titre que ce film est intéressant bien plus que cinématographiquement. Et si vous voulez aller voir le site du film c'est ici
Oui il faut quand même se déranger pour cette vérité. Et essayer de faire le tout, tout petit peu que l’on peut. Pour que continuent à se succéder les belles saisons changeantes…