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Les échos de Valclair
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30 mars 2007

Ricochet 2000: Dépression

Voici ma contribution 2000 aux « Petits cailloux et ricochets » des blogueurs . Je l’ai mis sur le site des ricochets jeudi, jour de publication hebdomadaire que je me suis fixé. Mais j’ai eu un peu plus de mal à le mettre ici, en ce lieu plus exposé. J’ai hésité, reporté, comme saisi d’une pudeur. Je me sens là aux limites de ce que je m’autorise à dire publiquement. Je me demande parfois si je ne laisse pas entraîner trop loin par ces fichus ricochets !


 

Difficile ricochet : car je dois parler d’autrui et ne peut m’empêcher de me dire : De quel droit est-ce que je le fais, comment puis-je m’y autoriser…

Je le fais pourtant car partant d’elle c’est à moi que j’aboutis.

Après déjà une alerte sérieuse l’été précédent pendant des vacances qui avaient pourtant plus que d’autres tout pour être très belles, la dépression latente de Constance est devenue manifeste cette année là, paralysante, porteuse de souffrances violentes et de moments de complète prostration.

Elle est parvenue toutefois à continuer son travail, elle donnait le change en se caparaçonnant dans ses obligations, dans son sens du devoir pour s’écrouler en pleurs et en douleurs chaque soir dès le retour à la maison ou pendant les week-end… Elle n’a dû prendre en tout et pour tout qu’une à deux semaines d’arrêt pendant cette période si noire.

Après qu’elle ait pendant des semaines et des semaines refusé de même envisager de se soigner, j’ai réussi à l’amener chez son médecin qui lui a fait accepter de prendre quelques médicaments puis un peu plus tard après plusieurs tentatives infructueuses, après plusieurs rendez-vous pris qu’elle a fui à la dernière minute, j’ai réussi à la conduire chez un psy qu’elle disait ne pas vouloir voir…

Mais elle l’a vu finalement et, à son corps défendant d’abord, un processus a commencé, régulier, métronomique, deux fois par semaine et qui a duré, qui dure encore, avec la même personne…

Moi je suis sorti du jeu. Je l’y avais conduite, je l’avais aidé à amorcer le processus, j’avais amené la malade, c’était bien suffisant. D’ailleurs quoique la situation fut difficile, pénible à vivre, je me sentais en effet plutôt solide, bien ancré dans mes baskets et dans le réel. Comme si j’avais charge d’âme et qu’il me fallait être fort pour deux. Comme si face à la déliquescence manifeste de l’une, je devais être un pilier sur qui compter. J’avais à tenter de tenir la tête de quelqu’un hors de l’eau, il n’était donc pas question que je cède à ma ligne grise, à mes habituelles interrogations existentielles, à mes mini et récurrents coup de déprime... Etrange jeu systémique !

Le processus engagé par Constance a eu des effets, les crises douloureuses, se sont espacées puis ont disparu, enfin presque disparu. Mais le malaise est là, toujours, permanent, en arrière fond. Il n’y a pas eu réévaluation, reconstruction, nouveau départ. Les crises reviennent s’inviter par moments, spécialement dans certains moments de temps libre, dans ceux qui ne sont pas consacrés à une activité précise, organisée, balisée, des moments qui pourraient être, devraient être d’épanouissement, de projet, de convivialité légère.

Tout ça n’est pas très gai. Et surtout je viens en écrivant ces ricochets de réaliser le temps depuis lequel ça dure. On m’aurait posé la question, j’aurais sans trop réfléchir répondu : Oh, longtemps, ça doit bien durer depuis trois ou quatre ans… Tu parles ! Sept années presque ! Sept ans ! J’en ai le vertige. Rien, au fond, n’a changé.

Comme toujours j’ai laissé couler, couler les choses, couler le temps, suivant ma plus grande pente, la pente de la passivité. Je n’ai pas regardé vraiment au fond de ce miroir que pourtant je ne cesse de me tendre. Je n’en ai pas profité pour tenter de mettre en jeu une dynamique partagée ou pour me remettre en cause en vérité et en action, au delà de la litanie finalement facile de mes mots écrans, qu’ils soient adressés à moi seul ou jusqu’aux confins inconnus de la toile…

Sept ans !

 

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Commentaires
M
pendant tes vacances tu avais amorcé un dialogue me semble-t-il...<br /> tu disais que vous alliez PARLER <br /> c'est oublié ?
V
Grande détresse, Cassy, le mot est peut-être un peu fort mais en tout cas incontestablement une douleur dans cette écriture, ce n'est pas un hasard si ce ricochet là a été difficile, pas un hasard non plus sans doute le ressurgissement à ce moment même de manifestations somatiques diverses.<br /> <br /> Mais je ne crois pas par contre être tellement dans la culpabilité. Plutôt dans le regret de ne pas avoir su saisir ce qui était en jeu pour moi derrière cette situation. Je perçois les choses tout à fait comme les dit Alain, sauf que je ne les perçois ainsi que maintenant. Non c'est encore plus compliqué, je les avais déjà perçu comme ça dès le début mais intellectuellement, presque extérieurement, sans m'y arrêter, j'avais zappé... Ah l'art de zapper devant tout ce qui gêne!
C
La question est de ne pas se mettre en danger à vouloir trop aider, se renier soi-même pour mieux faire vivre l'autre, être constamment à l'écoute de l'autre et en oublier qu'un appel peut aussi provenir de nous. C'est ce que j'ai fait durant de longues années, m'oublier moi-même, ce que je suis, à la faveur de l'autre qui était en demande. Et aujourd'hui que je suis seule, qu'il n'y a plus d'autre, qui suis-je ?
A
Puisque ce blog est d'abord le tien, c'est à toi que je pense, à ton propre malaise, ce que tu appelles "ta ligne grise".<br /> Dans un couple, quand l'un va "plus mal" que l'autre (apparamment !), il est amené à faire face, à s'y sentir obligé et ce n'est pas faux.<br /> Reste que s'il ne prend pas soin de lui par ailleurs et parallèlement, la propre progression de l'autre et du couple peut s'en trouver retardée. Il y a une incontournable interaction qu'il est bon de regarder.<br /> Tu ne portes pas la responsabilité directe du mal être de Constance, et donc ancune culpabilité ne doit t'envahir. Cependant tu es responsable de toi-même et de ce que tu fais (ou pas) te concernant, avec les rejaillissements positifs et négatifs que celà entraine sur ton/votre couple.<br /> <br /> "Mettre en jeu une dynamique partagée" comme tu le dis. Oui, là est la clé de sortie vers un mieux pour chacun de vous.<br /> Un dynamique du "vivant".
P
Difficile de regarder le mal-être de l'autre en y restant indifférent... Dans l'attachement on ressent forcément une forme de solidarité, évidemment insuffisante. D'où un sentiment d'impuissance, d'échec, voire une culpabilité à ne pouvoir aider.<br /> Mais on ne peut pas grand chose pour l'autre. Seulement être là, accompagnant. C'est à chacun de se prendre en charge, ça fait aussi partie du processus qui permet de s'en sortir...
Les échos de Valclair
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