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Les échos de Valclair
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21 avril 2007

Ricochet 1998: Une longue route tranquille...

Finalement je ricoche encore même si c’est avec retard à cause de mes vacances. Voici ma contribution 1998 aux « Petits cailloux et ricochets » des blogueurs :

 

Je cherche sur quoi ricocher en 1998. Rien ne se présente spontanément. Je jette un œil sur les quelques notes que j’ai écrites et conservées en prélude à la reprise de mon journal. Je feuillette l’album photo de l’année. On est plus jeunes. Ça oui ! Un écart de près de dix ans, ça se voit. Il y a nos visages qui sont plus lisses, les enfants qui sont encore des enfants. Taupin, qui n’en est pas un, a quinze ans, Bilbo - ah, comme il fait petit garçon – en a dix. Ils ont l’air réjouis sur toutes ces photos. Ils le sont. Ce ne sont pas des photos masques.

Est-ce que ce serait l’occasion d’un ricochet léger, d’une anecdote gentille sur le bonheur familial ? Ce voyage en Irlande par exemple dont les photos défilent devant moi…

Nous voici pique-niquant au bord d’une petite route. Les deux gars étaient fanatiques de jeu d’échec en ces années là. Ils sortaient l’échiquier à la moindre occasion. Les voici jouant devant un paysage superbe que sans doute, pendant le même temps, nous contemplons. Dans leurs regards passent la tension de leur affrontement mais aussi la force et la tendresse de leur complicité qui ne s’est jamais démentie. J’aime cette photo.

Les voici encore, radieux, sur celle-ci, dans la voiture, agitant par la fenêtre, leurs écharpes aux couleurs des Bleus. C’était au lendemain d’une certaine finale de Coupe du Monde. Quand nous avions préparé notre voyage, ils avaient tenté de nous faire retarder notre départ : « vous vous rendez compte, les parents, si on était en finale, ça serait pas possible qu’on ne soit pas à Paris… ». Nous avions doucement rigolé. Et ce jour là de fait nous faisions étape au Pays de Galles, dans un délicieux « bed and breakfast » tout ce qu’il y a de plus british, grande maison sur sa colline, chambre spacieuse donnant sur la campagne, le salon très cosy où les propriétaires - de vieilles personnes très distinguées - et les hôtes de passage se retrouvent, la télévision qui retransmet le match, les buts et un, et deux et trois zéro, les garçons tentant de modérer leur manifestations d’enthousiasme puis n’y tenant plus et sortant faire plusieurs fois le tour de la maison en criant et en chantant comme s’ils étaient au milieu d’une troupe de supporters.

Il y a cela oui cette année là. Mais dans mes notes aussi je retrouve celle-ci, évoquant une soirée où j’attendais très tardivement le retour de Constance. Je savais qu’elle était chez son collègue et ami G. Je supputais à propos de ce qu’il pouvait y avoir derrière ces « entretiens » très prolongés. J’ai su un peu plus tard de façon irrécusable. Je n’ai pas dit que je savais. Je n’ai pas su si elle savait que je savais. Je me disais juste : « ce n’est pas bien important, nous verrons si ça le devient ». De fait ça s’est éteint au bout de quelques mois. Passé par pertes et profits ! Rajoutant une couche de silence ! Silence au prétexte d’une idéologie du respect absolu de la liberté de l’autre, d’un refus de la jalousie, en réalité, je n’en ai pris conscience que récemment, par peur de la parole et du changement qu’elle pouvait induire. Silence laissant passer l’occasion d’une réévaluation de notre couple qui eut été salutaire sans doute où qu’elle nous ait conduit. Silence nous permettant de continuer ainsi, sans même une embardée, notre longue route tranquille…

C’est ainsi que je vois ma vie en effet, une longue route tranquille. Je la confronte à d’autres cheminements plus chaotiques, de personnes que je connais dans mes cercles amicaux, de personnes que je découvre en les lisant sur leurs blogs ou dans ces ricochets, je la confronte à ces chemins faits de grandes douleurs, de ruptures, de bifurcations mais aussi de nouveaux départs, d’énergie et de volonté de se remettre en cause et d’avancer...

Ma route tranquille, je ne peux m’empêcher très souvent d’en faire la route grise, la route morne, la route lâche. De façon un peu absurde. Car il n’y a pas à regretter pas plus qu’il n’y à comparer, à évaluer. Certains sans doute diraient qu’on a les vies qu’on devait avoir, qu’elles ne sont pas de hasards. Peut-être. Je ne sais pas. Je sais seulement que quand j’évoque cette route je ne dois jamais oublier d’y mettre aussi ces images lumineuses qui la bordent, celles par lesquelles j’ai commencé cette évocation, celles des moments de bonheur tranquille, des moments nombreux qui sont advenus et qui adviennent.

(Ecrit jeudi 12 avril à l'aube, au bénéfice d'une insomnie, sans voir les photos que j'évoque en vrai mais les voyant très bien dans ma tête...)

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