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Les échos de Valclair
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16 octobre 2005

Broken flowers

Entre autre choses d’un week-end fort chargé que je n’ai pas envie de détailler j’ai été voir « Broken flowers » de Jim Jarmusch. Sur le moment ce film m’a laissé un peu décontenancé je ne savais pas trop si j’aimais ou pas mais j’ai l’impression que sa trace en moi s’approfondit à mesure que les heures passent.

J’ai perçu d’abord surtout une histoire un peu prétexte menant à des scènes avec chacune des femmes autrefois aimées parfois fort drôles mais outrées et peu crédibles et auxquelles il m’était difficile d’adhérer. Je perçois maintenant le film différemment. Il ne faut pas prendre tout ça à la lettre, évidemment. L’histoire est cousue de fils blancs, les « indices » policiers ne sont que des signes, les personnages ne sont pas réalistes, plutôt archétypiques. Ce que l’on voit d’eux peut-être n’est que la trace qu’ils laissent sur le personnage principal, l’image que lui s’en construit. Il n’est pas réaliste que la petite Lolita en fasse autant pas plus que n’est réaliste la façon dont la médiatrice animalière communique avec les chats, chiens et autres lapins. Mais il se crée peu à peu un climat envoûtant au travers de cette lente errance à travers l’Amérique. Le rythme est lent, volontairement, le passage entre les scènes fortement marqué par l’usage très systématique du fondu au noir qui crée des moments de latence pour le spectateur, favorable à la mise en mouvement de l’imaginaire et des références affectives de chacun. C’est ça sans doute qui permet que le film ensuite s‘imprime en nous avec force.

Le film repose en particulier sur la talent de Bill Murray, vraiment excellent dans sa façon de faire ressentir sa dépression larvée, sa lassitude immobile, son absence à lui-même mais aussi parfois la fulgurance de ce qui passe en lui, des éclairs de vie qui se reflètent dans un sourire amorcé, dans l’éclat fugitif d’un regard. Il joue non seulement de son visage mais de toutes ses attitudes corporelles avec brio. Il parvient ainsi à refléter dans un même moment des émotions et des sentiments contradictoires (c’est ça qui est très fort, cette simultanéité dans le temps). Il devient profondément émouvant à mesure que le film avance.

On perçoit peut-être alors le vrai sujet de « Broken flowers » : la distance radicale entre les êtres, la solitude irrémédiable. Et la vie qui va, cependant, cahin-caha, avec sa désespérance profonde mais avec ses rires aussi et ses bonheurs presque de hasard.

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Commentaires
V
C'est amusant comme parfois les films laissent des empreintes auxquelles on ne s'attendait pas.
Les échos de Valclair
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