"La petite Jérusalem"
J’ai
vu cet après-midi un « petit » film mais qui m’a bien plu. Un de ces
films à la sortie discrète, à l’exploitation courte dans un petit nombre de
salles et qui mérite qu’on lui fasse un peu de publicité. Rien d’extraordinaire
mais l’approche très informée d’une petite communauté humaine avec ses contradictions,
ses joies et ses douleurs qui nous permet de mieux comprendre le monde autour
de nous, un petit bout du monde. On y voit vivre une famille de juifs
sépharades de Sarcelles, entre la religiosité stricte de la fille aînée et du
gendre, la volonté d’émancipation de la cadette, la nostalgie du passé de la
mère, ses superstitions et sa douceur enveloppante. On perçoit ainsi un autre
aspect de la vie de certaines banlieues, les tensions intercommunautaires et
interreligieuses. On y voit les principes mortifères de nos religions
judéo-chrétiennes dans leur refus du corps et de la jouissance et la façon dont
les femmes tentent chacune à leur façon de se débrouiller avec ça. La parole
passe, laborieusement, mais elle passe, grâce aux aînées, la mère comme la
femme de la mitveh. Et chacun avance comme il peut vers son avenir, des avenirs
qui seront forcément très différents mais que l’on espère plus ouvert, y
compris pour le personnage masculin. Et la cadette,on le sent, à travers ses épreuves s'est construite et définitivement affirmée, portant en elle beaucoup d'espoir. On peut voir ici le site du film.
Et sortant de là, à ma surprise, j’ai retrouvé la place de la Bastille qui en deux heures s’était parée de blanc et les flocons qui tourbillonnaient dans la nuit.