L'affaire Garfieldd
Mon
suivi de la vie blogosphérique toujours un peu décalé me fait découvrir
aujourd'hui seulement l’affaire Garfield, ou plus exactement ces derniers
développements. J’avais été au courant en effet des difficultés depuis
plusieurs mois de ce proviseur blogueur et homosexuel avec l’administration.
J’avais suivi cela d’assez loin, ne connaissant pas le contenu exact de son
blog, avec simplement de l’exaspération à voir que l’administration de
l’éducation nationale ne trouvait rien de mieux à faire que de manifester de
nauséabonds relents homophobes en s’attaquant à Garfield.
J’apprends
aujourd'hui qu’il est révoqué !!! Je dois dire que les bras m’en tombent.
Il faut savoir que la révocation est extrêmement rare dans l’éducation
nationale et dans l’ensemble de la fonction publique (au point qu’il m’est
arrivé plusieurs fois de me dire que nos statuts de fonctionnaires me
paraissaient trop protecteurs et qu’ils seraient parfois bon de pouvoir dire
aux gens d’aller voir ailleurs). Combien d’incompétents notoires ou même un peu
plus (alcooliques, caractériels graves, déjantés divers) sont maintenus à leur
poste envers et contre tout (attendez il ne lui reste que deux ans avant la
retraite !) ou à la rigueur déplacés (bon, ça fait un moment qu’il sévit
ici, on va faire bénéficier quelqu’un d’autre de ses compétences, de préférence
dans un coin de province pas trop exposé où ça ne fera pas trop de vagues) ou
bien encore placardisés (il y a quelques postes de chargés de mission plus ou
moins fantomatiques dans les rectorats et même au ministère pour ça) mais de là
à révoquer il faut vraiment qu’il y ait des faits gravissimes (pas des paroles,
pas des écrits, des faits). Donc là vraiment je reste confondu…
Apparemment
de ce que j’ai pu lire sans je le reconnais avoir été à la source même, le
contenu même du blog ne présentait en soi aucun aspect répréhensible, ni
incitant à la débauche, ni pornographique, ni dénonciateur de quiconque
nommément désigné. Sans doute a-t-il comporté certaines maladresses aux limites
du droit de réserve dans l’expression publique d’un fonctionnaire (je dis bien
« aux limites » car il y a nombre de chefs d’établissement qui
flirtent aussi avec ses limites et dans des médias qui ont un autre impact que
le blog de Garrfield sans conséquence sinon au pire un coup de fil courroucé du
recteur et des appréciations sur leur dossier peu favorables pour la poursuite
de la carrière). C’est sans doute que Garrfield a trop compté sur l’anonymat.
Il faut savoir que tout se sait, que tout peut se savoir. Et qu’alors aussi
peuvent se manifester d’autres phénomènes, celui de la dénonciation
malveillante, celui des petites vengeances. C’est pourquoi je pense qu’il faut
être de la plus grande prudence, personnellement même s’il m’est arrivé
d’évoquer certains éléments de ma vie professionnelle j’ai pris le soin de le
faire en évitant tous les termes précis. Je pense que des lecteurs attentifs et
connaisseurs du mammouth peuvent deviner quelle est ma profession et ça ne me
gêne mais les moteurs de recherche eux ne le peuvent pas car j’ai pris soin de
ne jamais utiliser la dénomination officielle de ma fonction.
Bien
sûr c’est dommage. Au fond au aimerait que le blog soit aussi le lieu de notre
unité, celui de cette même personne qui écrit et se passionne d’expression
autobiographique, qui aime évoquer ses lectures et ses promenades, qui a une
vie professionnelle, qui a une vie relationnelle, amicale, amoureuse et même,
oh l’horreur !, sexuelle. C’est impossible en tout cas sans ruser un
minimum. Le blog n’est pas le journal intime même s’il aspirerait à l’être. Il
faut se résoudre à accepter que soient saucissonnés les morceaux de soi…
Ce
que j’espèrerais maintenant, sans trop y croire car le créneau porteur des
politiques semble être actuellement plutôt la lutte contre le
« laxisme » et la « dégradation des mœurs », ce serait que
l’excellente adresse d’Eolas au Ministre fasse réfléchir et soit suivie
d’effet, qu’une sanction moins drastique et moins manifestement
disproportionnée soit retenue contre Garfield. Bon courage en tout cas, Garfieldd,
pour la suite quelle qu’elle soit…