Atelier d'écriture
Ecrit dimanche 12 matin
Samedi
matin au réveil par la lucarne de ma chambre prairies et forêts noyés de
brouillard que recouvre une fine couche de neige et qui paraît presque grise dans
cette lumière blafarde.
Samedi
toute la journée il a continué de neiger par intermittences. Pendant le court
break après le déjeuner j’ai ai profité pour aller marcher un peu au-dessus du
monastère, prendre la route qui s’enfonce dans la forêt, hautes futaies, troncs
de hêtres qui s’élèvent en colonnes détachées sur fond de brouillard neigeux.
Hurtebise brouillard
Dimanche,
ce matin, à ce moment même où j’écris. Je viens d’ouvrir les rideaux qui
assombrissent la chambre, la couche de neige est un peu plus épaisse mais le
ciel est plus clair, pas une trace de pas , pas une marque de pneu sur la
terrasse et sur la petite route devant le monastère, il est sept heures et demi
du matin, les cloches appellent pour les Laudes
Moi
je me prépare à aller prendre mon petit déjeuner et puis nous rentrerons
« en écriture ».
Quelle
paix ici ! Quel lieu propice à l’écriture ! Je suis éloigné de Paris
et des préoccupations qui y encombrent habituellement mon esprit, je suis éloigné
de la ville, je suis éloigné du monde. Et d’autant plus peut-être cette fois ci
avec cette neige et ce brouillard qui depuis deux jours nous environnent,
ajoutant un écran de plus pour atténuer les bruits du monde.
Je
participe pour la deuxième fois à un atelier d’écriture qu’organise Coumarine
au monastère d’Hurtebise dans les Ardennes. Notre petit groupe cette fois
comporte outre des personnes participant aux ateliers bruxellois de Coumarine,
deux blogueurs que je rencontre pour la première fois, Nuages, grand voyageur
dans son blog mais aussi excellent créateur, dans ses mots de fiction,
d’ambiances et d’atmosphères et Pivoine Blanche, puits de savoir sur Bruxelles,
son passé et sa culture. L’animation est assurée avec toujours la même
bienveillance et la même compétence par Coumarine. L’ambiance est très
chaleureuse. Hier soir pendant le moment un peu festif de l’après-dîner où,
autour d’une bonne bouteille, chacun présente un texte ou tout autre chose qu’il
aurait envie de faire partager, j’ai lu une de mes nouvelles, j’ai pris grand
plaisir à cette lecture dans laquelle j’ai pu m’amuser à faire un peu
de théâtre et manifestement les autres ont pris plaisir à la recevoir.
Hier
nous avons produits divers petits textes sur des consignes très variées. Aujourd'hui
nous allons tenter d’écrire chacun une courte nouvelle.
Hurtebise soleil
Ecrit lundi 13 midi
Le
Thalys me ramène vers Paris. Déjà le week-end s’éloigne, je dois absolument
passer au bureau cet après-midi, il faut que je réintègre mon autre personnage
avant, ce soir, de partir à nouveau en sortie dans blogoland. Changements de
casquettes !
La
journée d’hier a été fructueuse. J’ai réussi encore une fois à boucler une
nouvelle qui me semble se tenir à peu près et cela à ma propre stupéfaction. Au
trois quarts du temps j’étais convaincu à la façon dont mon texte était engagé
que je ne parviendrais pas à aboutir.
Le
thème général de la nouvelle cette fois était libre. Rien donc dans les
activités de la veille susceptible de nous préparer du point de vue du sujet
(par contre bien sûr elles nous avaient préparé en nous mettant en condition
d’écrire). Nous avons tiré nos « inducteurs » dimanche matin au
hasard dans des paquets de cartes postales, l’un pour les personnages, l’autre
pour le lieu. J’ai tiré pour ma part un tableau représentant deux femmes nues
sur un lit, l’une blonde a l’air triste et contrainte, l’autre brune qui porte
sur sa compagne un regard dominateur et courroucé, tout cela traité en grands
à-plats fougueux dans des tons rouges et carmins. Pour le lieu j’ai tiré un
parc avec son kiosque à musique, avec un banc vide sur lequel est abandonné un
bouquet de fleurs. Encore fallait-il commencer notre nouvelle par un incipit à
choisir parmi cinq phrases proposées et accorder dans le cours du récit une
place particulière à la couleur verte !
A
midi nous étions censés avoir terminés. Je n’en étais qu’au deux tiers et
surtout sans la moindre idée d’une chute possible et sans avoir abordés encore
le thème de la colère dont je m’étais encombré en choisissant mon incipit.
Donc, cela me semblait plié, je n’y arriverai pas, je n’aurais qu’une amorce
possible mais de quoi… Après le repas j’ai imaginé une fin possible, quoique à
priori décalée par rapport à la psychologie supposée de mon personnage. Alors
tout est venu très vite, les mots se sont pressés sans difficulté les uns
derrière les autres, j’ai pu finir en trois quart d’heure pendant la pause
avant que ne commence la phase des lectures mutuelles.
Donc
je constate que finalement, dans un contexte qui s’y prête, avec une créativité
stimulée par les exercices précédents, je parviens à écrire et à boucler
quelquechose qui se tient sur à peu près n’importe quel sujet, à peu près
n’importe quelle consigne. Jamais spontanément je n’aurais pensé pouvoir
inventer sur un tel thème. Plaisir d’une création totalement fictionnelle,
plaisir du jeu et de l’imagination ! Je suis capable d’écrire autre chose
que mes habituels babils autocentrés, journaux ou fictions transparentes. Quel
plaisir ! Et fameuse mise en confiance.
Dire
que jusqu’il y a peu je tenais un discours vaguement condescendant sur les
ateliers d’écriture, ne voyant pas ce que cela pouvait m’apporter, me disant
que l’écriture et le style ne venaient que de soi et pensant au demeurant que
je serais incapable d’écrire à la commande et avec une contrainte artificielle.
Bon,
après tout ça, peut-être qu’il faudrait que je la fasse lire cette nouvelle! Je
suis en train de me dire que je pourrais ouvrir un blog parallèle
réservé à mes textes de fiction. Pourquoi pas. Je vais y penser.