Belles rencontres
Aujourd'hui
encore journée plutôt pénible au boulot. Journée molle, de celle où on a
obligation d’être là mais où il n’y a pas d’enjeu important, rien d’actif ou de
stimulant mais seulement la routine. Dur avec ce temps superbe dehors, frais
encore mais avec soleil et ciel bleu. Envie d’être dehors. En sortant
d’ailleurs revenant à pied je me suis efforcé de rester toujours sur un
trottoir ensoleillé, prenant même des chemins contraires à ma direction ce qui
m’a conduit de détour en détour à la poursuite du soleil, à rallonger
sérieusement mon parcours ! Mais qu’importe. Ce soleil sentait déjà un peu
le printemps, d’ailleurs signe qui ne trompe pas, il commence à y avoir des
gens assis dehors aux terrasses des cafés lorsqu’elles sont dans le soleil.
Mais
lundi soir je me suis réchauffé à d’autres soleils, celui des amitiés
blogueuses et des chansons.
J’ai
eu le plaisir d’aller écouter Tristana qui donnait un mini concert à Paris,
reprise de standards jazz et quelques compositions personnelles par un duo
voix-guitare très bien accordé. Ségolène qui était dans la confidence m’avait
proposé que nous nous retrouvions là-bas : c’était faire d’une pierre
trois coups, faire la connaissance de la charmante Ségolène, faire la
connaissance de Tristana et passer un excellent moment musical. Et même d’une
pierre cinq coups puisque nous avons retrouvé là également le jeune et sympathique Argile Rouge et B.
une autre blogueuse au site encore discret.
C’est
toujours un moment excitant que ces rencontres. Basculer du virtuel au réel.
Voir soudain s’incarner des personnes que l’on lit et avec lesquelles on
échange parfois depuis plusieurs mois. Se trouver en « réelle
présence » avec d’emblée un chemin relationnel important accompli, être
d’emblée sur un terrain de relative intimité, par delà tout le babil social
superficiel par lequel se commencent habituellement les relations classiques
(une étape que d’ailleurs bien souvent on ne dépasse pas). Avoir la petite
appréhension d’une non correspondance entre l’image que l’on a pu se faire des
gens et la réalité que l’on découvre… C’est tout cela le plaisir des
blogo-rencontres. Et cette fois encore je n’ai pas été déçu, j’ai rencontré des
« gens biens », ils sont forcément un peu plus, forcément un peu
autres que ce que je supputais d’eux mais ils sont dans la parfaite continuité
de ce que je pouvais percevoir. Tout simplement parce que, même s’ils ne se
disent qu’en partie, qu’en fragments, même s’ils se « floutent »
parfois volontairement, ce sont avant tout des gens sincères, qui sont
authentiques dans leurs mots.
Moi
j’étais au départ très réticent à de telles rencontres. A la fois par crainte
de déceptions (mais vivre c’est accepter la déception possible comme accepter
le risque) et aussi pour garder la « pureté » intime de mon journal,
éviter qu’elle ne soit contaminée par une volonté de communication pouvant conduire à affadir les mots, à
rechercher des connivences, à déployer même si on s’en défend des stratégies
plus ou moins conscientes de séduction. Mais là-dessus j’ai vraiment tourné
casaque, je sais bien que c’est autre chose qu’un journal intime que je fais
même si l’intime y a sa part, je ne renâcle plus aux rencontres, c’était riche
ces jours ci entre Hurtebise et cette soirée.
Tristana
m’a impressionnée dans sa musique comme elle m’avait impressionnée dans ces
mots. Sa voix est belle, riche d’expressivité, mais ce qui m’a frappé surtout,
c’est son engagement. Elle n’y va pas à moitié, elle se donne à fond,
exactement comme dans les mots, c’est cela qui donne la force, c’est encore une
histoire de vérité profonde ça, je suis bien là où vous me voyez, telle que
vous me voyez, je n’y suis pas à moitié, un pied dedans, un pied dehors, je
suis en représentation, je suis en musique, mais j’y suis complètement, mais
cette représentation, cette musique c’est moi.
Ensuite
nous avons pris un pot à punch très chaleureux. Tristana était toute joyeuse,
manifestant avec enthousiasme son contentement, sans doute était-ce l’euphorie
naturelle qui suit les tensions après ce genre de prestation (et peut-être
aussi de la jolie boisson bleue qu’elle buvait !) mais c’était aussi et
surtout l’effet de sa profonde joie de vivre et c’était plaisir de voir, de
sentir cela, après tout ce que l’on a pu lire des moments douloureux qu’elle a
vécu. C’est cette belle leçon de « bonne vie » qu’elle nous a fait
partager Tristana en plus de la beauté de sa voix et c’est pour cela qu’on se
sentait tous heureux en se dispersant après ce beau moment.