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Les échos de Valclair
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28 mai 2006

Moment très cinéma

Le festival de Cannes est un grand accélérateur d’envies de cinéma. On n’y est pas. On suit ça de très loin. Il n’empêche. Tous ces films dont on parle donnent envie de se précipiter dans les salles obscures et là d’autant plus que plusieurs d’entre eux sortent en salle au moment même où ils sont projetés à Cannes. Je ne sais pas pour qui sera la Palme, à vrai dire je m’en fous un peu, ce qui compte c’est qu’on parle cinéma, qu’on évoque les films et qu’on donne envie de les découvrir.

En ce plus hier j’ai été voir l’exposition « Paris au cinéma » à l’Hôtel de Ville. Très sympa comme concept. La place de la ville dans le cinéma, beaucoup de photos, beaucoup d’extraits de films projetés soit sur de petits écrans et on suit alors le son de façon individuelle avec un audioguide distribué à l’entrée, soit sur grand écran dans une longue salle où tourne en continu un montage thématique d’extraits de films, il y en a beaucoup que j’ai vu et c’est alors une agréable piqûre de rappel d’une ambiance ou de visages, et beaucoup que je n’ai pas vu, c’est alors une évocation, un petit morceau de rêve glané. Il y a des lieux naturellement, certains que je reconnais très bien et que j’ai plaisir à voir sorti du passé. Il y a les lieux mythiques aussi, des quintessences de lieux, l’imagerie qu’ont pu en donner des décorateurs extraordinaires comme Trauner (tiens je n’avais pas réalisé jusqu’ici que l’Hôtel du Nord était une reconstitution de studio. C’est marrant ça, c’est la célébrité d’un décor et d’un film qui a protégé le lieu réel, depuis mis à l’abri des promoteurs, rénové à l’identique et classé monument historique !) Mais le plaisir le plus grand est dans des visages arrachés au temps, ramenés à nous dans une éternelle jeunesse, Brasseur et Arletty dans « Les enfants du paradis », Reggiani et Signoret dans « Casque d’or » (elle est vraiment sublime !), Nathalie Baye et Delon dans « Notre histoire », Huppert dans « L’école de la chair » et même Sophie Marceau en petite ado dans « La boum ». On sort de là avec des envies de se précipiter au cinéma, pour voir ou pour revoir.

Ces derniers temps à vrai dire je n’ai vu que des nouveautés :

Des films détente. « Comme t’y est belle », faible, trop caricatural, dans l’esbroufe, dans des milieux de fric et de frime, je n’ai pas accroché sauf tout à la fin où s’introduit un peu d’émotion véritable. « OSS 117, le Caire nid d’espions », très sympathique, rythmé, drôle, pleins de clins d’œil et très bien construit, je craignais que l’idée ne tienne pas la longueur du film mais si, au contraire, on apprécie plus à mesure que le film avance. Et puis l’image que le film renvoie des franchouillards condescendants et satisfaits d’eux-mêmes et plus qu’un petit peu raciste, ne manque pas de pertinence. C’est caricatural naturellement mais ici la caricature passe bien mieux. A quoi cela tient-il ? Peut-être tout simplement à ce qu’ici elle se donne comme telle.

Un « petit » film, j’aime aller voir de « petits » films, ceux dont personne ne parle et j’aime en parler alors pour les faire un peu connaître, même s’ils n’ont rien d’extraordinaires du moment que ce sont des films sensibles, sincères, sympathiques, comme celui-ci, « Qui de nous deux ? ». C’est basé sur le journal intime d’une ado, c’est joué par elle et tourné par son père, belle histoire déjà de confiance et de complicité familiale, elle évoque le lycée, les rencontres, les sorties, les relations avec les parents, ses expériences et ses peines de cœur, l’envolée rêveuse vers une improbable rencontre. Ce n’est pas mièvre, c’est léger et pudique. Je crois que c’est assez bien vu, assez juste, voilà le genre de film dont j’aimerais parler avec mes grands ados de fils pour avoir leurs réactions mais raté c’est pas le genre de films qu’ils vont voir. Et puis c’est Paris ce film aussi, le récit est ponctué par les parcours de la jeune fille dans l’autobus 62, le long de la rue de Tolbiac entre Alésia et Baudricourt, autant dire presque chez moi quoi…

Et puis ce week-end un « grand » film, un de ceux dont tout le monde parle et qui anime la Croisette.« Volver » d’Almodovar. On en a un peu trop parlé justement d’ailleurs, la critique en fait un très grand plat, c’est très bien en effet, comme de l’Almodovar, le tempo est rapide, on ne s’ennuie jamais, c’est riche d’émotions, de mouvements et de couleurs, hilarante bouffonnerie et poignante émotion peuvent être associés dans un même plan et ça passe, Pénélope Cruz y est magnifique d’une grande beauté et actrice excellente. Certaines scènes sont superbes, celles notamment de la fête dans le petit resto, lorsque Raimunda se met à chanter : en peu d’images, en quelques regards, tout passe, le temps d’avant, la vie vivante d’aujourd'hui, volver… Mais pour autant est-ce le meilleur Almodovar ? Je ne crois pas, d’autres m’ont plus touchés, bouleversés même, particulièrement « Parle avec elle » et dans une moindre mesure « Tout sur ma mère ». Je me demande si le côté tortueux des histoires et des secrets de famille qui se révèlent peu à peu ne finissent pas par affaiblir l’émotion. Je crois que j’aurais préféré que la revenante reste ce qu’elle était, improbable fantasme ou émanation fantastique plutôt qu’une survivante dont la présence peut s’expliquer rationnellement au terme d’une histoire sophistiquée.

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Commentaires
V
Ben non bien sûr, Forestine, ça fait toujours plaisir d'être cité particulièrement par quelqu'un dont on ignorait qu'il nous lisiat. Et ça me permet du coup de découvrir un nouveau blog intéressant qui m'était totalement inconnu.<br /> Merci Ségo pour la référence chez Thanna.<br /> Et Pivoine comme tu sais je ne suis pas un fréquent commentateur de commmentaires mais sache que j'apprécie toujours tes interventions qui enrichissent toujours le propos.
F
Merci de ce joli commentaire sur Volver (je me suis permis d'y faire allusion sur mon blog... Fallait-il demander la permission avant?) J'ai bien aimé le fantôme, au contraire, et comment Almodovar se moque gentiment des spectateurs qui sont tombés dans le panneau, par l'intermédiaire de Pénélope Cruz...<br /> Ce que je me demande tout de même, c'est pourquoi chez lui, un bon mâle est un mâle mort...!
S
Val, tu peux aller jeter un coup d'oeil sur le blof de Thanna (sur la piste du jaguar) elle en parle trés bien aussi.<br /> bise
P
Assez fan d'Almodovar, je dois dire, même si je suis loin d'avoir vu tous ses films, (ainsi, j'ai "raté" parle avec elle et la mauvaise éducation), il y a chez lui (comment expliquer ça?) justement, à la fois une certaine simplicité (dans la succession rationnelle des événements), et en même temps des paradoxes, ... Est-ce propre à un univers féminin, où les choses se règlent en silence et entre soi? Mères, filles, soeurs... Ou est-ce le propre d'Almodovar, justement, de filmer des "affaires de femmes" avec une sensibilité toute particulière, absolument dénuée de machisme? J'avais déjà ressenti cela en regardant "Talons aiguilles", qui reste un de mes préférés, jusqu'à présent, encore un film sur le rapport fille/mère, où Almodovar joue aussi très fort sur les identités féminin/masculin, ... Pour finalement montrer une histoire d'amour des plus simples et des plus surprenantes qui soit, en même temps.
Les échos de Valclair
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