Courte nuit et riche journée
Ainsi fut la journée d’hier.
Je me suis éveillé au chant des oiseaux, très tôt, juste avant le point du jour
et je m’étais couché tard, pas le temps de me rendormir, le jour s’est levé,
les oiseaux se sont tus mais il faisait délicieusement bon avant que ne vienne
la chaleur, j’ai accompagné Taupin à la gare.
Je trouve qu’il s’est chargé
comme un mulet, il a tenu à prendre un costume qu’il mettra sans doute le
premier jour pour aller se présenter et c’est tout, il n’est pas dans le
commercial, il me paraît assuré que le dress code local n’imposera pas le
costard à un petit stagiaire au fond d’un labo de recherche. Nous filons tous
les deux avec sacs, valises et ordinateur dans la bonne fraîcheur du matin,
j’aime Paris aux rues calmes et vides, le métro encore tranquille quoique déjà
pas mal chargé de « porteurs de valise ». Dans la gare c’est plus
animé, j’aime ça les gares aussi, tous ces gens, tous ces looks tellement
différents, toutes ces mondes qui se croisent, toutes ces histoires qu’on
pourrait se plaire à imaginer. Nous nous avançons jusqu’au quai du Thalis,
réminiscence pour moi d’autres départs vers de belles rencontres d’amitié et
d’écriture. Il achète l’Equipe, coupe du monde oblige, ce soir trouvera-t-il un
café ou un lieu avec des supporters à sa couleur, signe, oui, qu’il sera bien
ailleurs même si ce n’est qu’à peu d’heures de train. Il s’installe à sa place.
Bye, bye fiston. Le train s’ébranle et je rentre tranquillement, je profite
d’avoir du temps, je redescends à pied jusqu’à République dans le Paris
matinal.
Á la maison, paisible, je
continue ma lecture d’Etty, j’arrive à la fin du journal proprement dit,
j’entre dans ses lettres envoyées du camp, il me semble que je suis moins
touché, y a dans ces pages finales quelquechose qui me gêne, j’y reviendrai je
crois, en essayant de chercher le pourquoi de ce moindre enthousiasme.
Ensuite j’enfourche mon vélo
et en route pour une nouvelle rencontre de blogueurs dans un restaurant de
Montparnasse sur une terrasse très agréable et insoupçonnée derrière l’immeuble
qui l’abrite. Ambiance très sympathique, je n’en suis plus surpris désormais,
ces rencontres sont toujours chaleureuses aussi différents que nous soyons les
uns des autres. Il y avait quelques parisien(ne)s mais surtout des
provinciaux(ales) venus spécialement pour l’occasion. Certaines ont apporté des
petits présents pour chacun, c’est super ces attentions, j’en suis touché, si
d’aventure ma terrasse parisienne devient une palmeraie je sais que c’est à
Vlad et aux sœurs que je le devrais. Et merci à Bonaventure d'avoir été l'organisatrice.
J’y allais en bonne partie
pour l’occasion d’y revoir Pralinette, une de mes toutes premières rencontres
dans le monde des blogs et avec qui je partage le souvenir de ce beau week-end
dans sa région il y a un an déjà. Plaisir aussi d’y voir la chère Traou, de
faire un peu mieux la connaissance de Nawal, éminente culinophotoblogueuse, de
découvrir Fauvette une quasi voisine, plaisir de rencontrer tou(te)s les
autres, aperçu(e)s déjà à l’occasion sur leur site ou découvert(e)s ici pour la
toute première fois. Plaisir et limite : J’irai les voir naturellement
quelque temps, je ferai quelques visites mais je ne m’attarderai pas sur la
plupart, il est impossible d’élargir à l’infini le cercle de ses
blogorelations, sauf à y passer sa vie et à risquer la frustration du zapping
et de la dispersion. Je n’ai pas tant envie de m’agréger à des tribus ou de
m’inscrire dans des échanges démultipliés que d’approfondir les relations avec
ceux ou celles avec qui je me sens en écho ou en attirance. C’est pourquoi je
ne cours pas après les grandes rencontres même si pourtant chaque fois tout de
même que j’y participe j’y ai plaisir. Mercredi prochain, nouveau Paris-Carnet.
J’hésite. Envie d’y aller pour le plaisir d’y retrouver certaines que j’apprécie
et qui y seront mais réticences. Je verrais...
Et le soir il y a eu le
match ! Je ne suis pas un aficionado. Mais là j’ai regardé et ce n’était
pas décevant, c’était du très beau jeu. Et il m’a semblé voir passer entre ces
hommes, engagés pourtant dans l’instant dans un combat sans merci, des signes
de profonde complicité, de reconnaissance mutuelle. Il y avait des visages
aussi, des regards qui disaient tellement. Zidane par exemple au-delà de ses
impressionnantes qualités footbolistiques, au-delà du sentiment
d’accomplissement, du bonheur légitime de sa réussite dégage des choses, je ne
sais trop, j’ai envie de dire de l’ordre de la douceur…
Et puis il y avait
l’ambiance. Par les fenêtres ouvertes, de toute part, la houle des supporters.
On ne peut pas ne pas être supporter. Sans être chauvin dans des moments comme
celui-là on se laisse entraîner, ce n’est pas tout à fait « que le
meilleur gagne », c’est que la France gagne, avec la manière de
préférence. A la mi-temps et puis juste après le match j’ai été faire un tour
dans la rue totalement envahie dans ce quartier où il y a beaucoup de cafés qui
diffusent le match, la foule déborde largement sur les trottoirs et sur la
chaussée, ce n’est pas du tout le style hard et mâles supporters qui lui me donnerait
plutôt envie de vomir, d’ailleurs il y a à peu près autant de femmes que
d’hommes, c’est un signe, et de tous styles. L’ambiance est gaie, bon enfant,
chantante... Evidemment le « on » a gagné ça m’énerve un peu, cette
sorte d’appropriation. C’est « ils » ont gagné et bravo à eux. Mais
il n’y a pas de raison pour autant de la jouer intello méprisant, du genre
« panem et circenses », il y avait de la vraie joie partagée dans
l’air, pourquoi s’en priver.