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Les échos de Valclair
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28 août 2006

La glace et le feu

J’ai vu deux films ce week-end. Peuvent-ils être plus dissemblables ?

L’un « La Tourneuse de pages » raconte la vengeance d’une jeune fille autrefois désarçonnée pendant un concours de piano par l’attitude d’un des membres du jury, une pianiste renommée. Des années après elle pénètre dans l’intimité de cette pianiste qui connaît des difficultés dans sa carrière et traîne une dépression rampante. La jeune fille devient la tourneuse de pages de la pianiste, elle prend l’ascendant, la rend dépendante d’elle, elle laisse même se développer une attirance sensuelle qui pourrait bien devenir de l’amour. Mais l’éclosion des sentiments reste caparaçonné et ne s’exprime qu’à peine. Les personnages restent figés l’une dans sa dépression. l’autre dans l’obsession de sa vengeance. Le jeu des actrices est bon mais tristement monocorde, c’est le scénario qui veut ça sans doute mais du coup le film échoue à donner aux personnages une véritable épaisseur humaine. Ce film, c’est la glace, la mise en scène est précise, sans débordement, laissant monter la tension mais d’une façon assez convenue et sans surprise. C’est bien fait, mené avec efficacité, ça donne un thriller psychologique qui se laisse voir mais on reste extérieur et du coup on est au bord de l’ennui.

L’autre « Ça brûle » montre dans un petit village provençal d’aujourd'hui la dérive d’une adolescente en rébellion, pleine d’élans et d’impatiences, lorsqu’elle s’entiche d’un pompier du village. Il y a quelquechose du documentaire dans le film dans sa façon de montrer le village, les élans désordonnés des ados, la vie d’une brigade de sapeurs pompiers, le départ d’un feu et son développement (ces dernières scènes sont superbes). La camera est très proche des personnages, elle les suit à la trace, épousant les chevauchées de Livia et les embardées des ados sur leur scooter, suivant les tours et détours de Livia rôdant autour du pompier, s’accrochant à ses basques puis allant jusqu’à provoquer dans la pinède que secoue le mistral un incendie fatal. On est au plus près des corps dans leurs mouvements les plus anodins. Rien n’est expliqué mais tout est montré au plus près et du coup on rentre dans les personnages aussi distants de nous soient-ils en réalité. Tout ça se construit peu à peu et les scènes du début pendant la chevauchée de Livia à travers le village qui pouvaient paraître un peu lentes et ennuyeuses prennent sens et construisent l’ambiance et les personnages en profondeur. C’est un film qui prend de l’épaisseur quand il s’achève et se bonifie au regard rétrospectif tout à l’opposé de l’autre qui n’a pour lui que l’attente qu’il suscite pendant qu’on le voit.

La différence de façon de filmer entre les deux, qui n’est naturellement pas liée seulement au sujet mais avant tout à la personnalité et au style des réalisateurs, m’a sauté aux yeux. Il y a le glacé et le brûlant mais il y a aussi le distant et le proche. Inutile de dire que j’ai préféré le proche et le brûlant au distant et au glacé !

tourneuse

_a_brule

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Commentaires
C
Je pensais aller voir La tourneuse de pages<br /> Le jeune actrice est celle qui jouait dans le dernier film des Dardenne que j'ai bcp aimé: L'enfant<br /> Mais ton commentaire ne m'y engage pas<br /> L'autre n'est pas encore joué en Belgique , ben oui, faut attendre...
S
ValClair, Valnoir, et maintenant Valchaud :)<br /> Avec élégance et raffinement bien sûr !
Les échos de Valclair
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