Plaisir de famille
Ouf, quel plaisir de
démarrer le week-end à la fin de ces semaines hyper-chargées de la rentrée.
J’ai bien un peu de boulot que j’ai apporté à la maison à faire d’ici lundi
matin, ce sera pour dimanche soir sans doute, mais là pour l’instant je suis revenu
tranquillement chez moi après ma réunion de ce matin, j’ai déjeuné sur ma
terrasse pour profiter de ce beau retour d’été, j’ai bouquiné un moment et me
suis même brièvement endormi, ah la sieste, quintessence de la liberté. Et là,
reposé, transition faite avec l’univers du boulot, j’ai allumé mon ordinateur,
j’ai ouvert mes fichiers, je rentre dans cet autre versant de ma vie, mes mots,
les mots des autres…
Mercredi nous avons
accueilli Taupin de retour de son stage au Pays-Bas. Il y était parti depuis
fin juin, cela faisait donc un peu plus de deux mois que nous ne l’avions pas
vu. Il va passer trois semaines ici avant de repartir pour une année
universitaire à Cambridge.
C’était un plaisir simple de
se retrouver en famille. Je crois que je peux dire, ma famille je t’aime, la
famille, en tout cas dans son acception resserrée, les très proches (la famille
élargie c’est nettement plus compliqué). C’est le cadre et le lieu qui rassure,
c’est paisible, c’est tranquille, c’est doux. Il n’y a pas de conflit important,
nous nous entendons bien avec les deux garçons, ils ont entre eux une
complicité très grande malgré une différence d’âge assez importante, (cinq
ans), ils sont gentils et affectueux avec nous, leur adolescence n’a pas donné
lieu à des conflits violents, à des oppositions frontales ou à des rejets
brutaux, à des conduites de mises en danger, ils suivent leurs études sans
difficulté et en y trouvant de l’intérêt, bref ça baigne plutôt de ce point de
vue (par moment il m’arrive même de me dire : ne sont-ils pas un peu trop
sages, n’y a-t-il pas quelquechose de louche là-dessous? Mais pourquoi donc, ce
n’est pas parce qu’il y a autour de nous beaucoup de familles pleines de
tensions douloureuses et de transitions déchirantes que cela doit être
forcément ainsi).
On s’est donc offert un
petit repas festif tout simple, tous les quatre, avec nos deux gars. Un rosbeef
bien saignant, plat de consensus familial s’il en est, une bonne bouteille de
Bordeaux (les jeunes gens commencent à apprécier). Taupin a beaucoup raconté,
beaucoup échangé avec nous et avec son frère, on avait tous beaucoup à dire,
l’ambiance était agréable et les langues déliées…
J’apprécie cela à sa juste
valeur. Loin de moi l’idée de le dévaloriser un tant soit peu. Il y aurait
indécence à le faire si l’on pense à ceux qui sont dans des solitudes
douloureuses ou dans des situations de déchirements et de crises à répétition.
Mais ce n’est pas le dévaloriser que se dire que c’est parfois un peu court.
Que passé de tels moments de retrouvailles c’est plutôt le silence qui prévaut,
(ou la parole vide, la parole seulement utilitaire, ce qui revient à peu près
au même). Qu’il y manque d’autres choses dont on ne voudrait pas qu’elles
soient définitivement épuisées, de l’ouverture, des rencontres, des désirs neufs.
Est-ce trop demander de penser que le havre tranquille et que les chemins de
traverse puissent être assumées et compatibles sans douleur pour quiconque.
Quel dommage en tout cas que ce qui devrait pouvoir être simple soit si
compliqué et si difficilement dicible.