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Les échos de Valclair
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28 novembre 2006

Contrastes

Ce fut un dimanche de contrastes…

D’abord j’ai eu la joie de rencontrer pour la première fois quelques diaristes en ligne de la vieille époque, du temps d’avant les blogs. Lou, l’ex insomniaque, ex québécoise en cours d’installation en France, auteure des « Carnets du petit jour », Eva talentueuse rédactrice des « Regards solitaires » et aussi, surprise inattendue, venue avec Lou, Camille, une (déjà) ancienne connaissance que j’ai retrouvé avec plaisir. (Et oui la blogosphère est un vaste monde aux limites toujours repoussées de liens en liens mais c’est aussi beaucoup de petits mondes!). La douceur du temps, incroyable pour cette fin novembre, nous a même permis de siroter nos grands jus de fruit sur une terrasse paisible, en retrait de l’avenue, ça c’est le petit bon côté du réchauffement climatique, jouissons-en autant qu’on peut...

Eva et Lou pour moi c’étaient un peu des mythes, des personnes que je connais par leurs mots depuis longtemps, depuis bien avant la majorité des autres blogueurs que j‘ai physiquement rencontrés. Je les lisais avant de me lancer moi-même, dès mes toutes premières explorations des journaux en ligne vers 2001. Je peux dire qu’elles ont été des modèles pour moi en ce sens que j’ai trouvé dans leur forme d’écriture et dans leur matière des similitudes avec ce qu’il me semblait possible de faire moi même et que je me suis donc dit : pourquoi pas moi ? Sympa de passer du mythe aux personnes ! C’était une prise de contact. Une fois de plus je me confirme dans l’idée que ce sont bien les échanges duels qui permettent d’aller le plus loin, le plus au fond des choses, je l’ai ressenti notamment vis à vis d’Eva, je me demande si elle n’a pas été un peu soûlée par nos échanges sur la vie du blogomonde, elle qui s’en tient volontairement à distance.

Et puis, après cela, je suis rentré dare-dare chez moi pour une réunion familiale du style de celles que je n’aime pas trop. Il s’agissait de fêter les anniversaires d’octobre/novembre, contingent dont je fais partie de surcroît. Je n’aime pas trop ces grands raouts, cette façon un peu rituelle de fêter les anniversaires, comme si c’était une obligation à laquelle on ne pouvait échapper avec les cadeaux distribués plus ou moins souhaités, avec les bougies à souffler les uns après les autres. Quitte à célébrer (mais faut-il célébrer ?) je préfère infiniment les rencontres en petit comité avec des personnes choisies par moi et qui savent vraiment pourquoi elles viennent.

Basculement brutal d’un de mes mondes dans un autre.

Honnêtement je dois reconnaître que cette fois ci ça s’est fait sans peine, je me suis senti à l’aise dans l’un et l’autre lieu. Peut-être parce que la soirée famille est restée assez légère, on avait opté pour le buffet salade, fromage, gâteaux plutôt que pour la grande bouffe, il n’y a pas eu de ces déploiements de cadeaux exagérés qui me mettent mal à l’aise. La soirée ne s’est pas trop prolongée, on n’a pas atteint le moment où je commence à m’ennuyer ferme entre papotages devenus indigestes et gens qui baillent et commencent à s’endormir. A moins aussi que je ne me sois simplement senti plus en humeur de tolérance, plus capable de vivre le moment dans sa simplicité sans trop en attendre.

C’est ce genre de basculement qui est parfois pour moi source de malaise à cause de cette impression de ne pas savoir vraiment où je suis, où est mon unité profonde derrière les diverses facettes sous lesquelles je m’incarne. Certaines personnes ont une grande capacité à vivre plusieurs vies ou plusieurs personnages dans l’harmonie. Moi ça me pose assez souvent problème et notamment avec la part professionnelle de ma vie. Il m’arrive rarement quand je suis au bureau d’écrire pour moi ou d’aller lire des blogs. Quand je le fais c’est toujours avec un violent sentiment de malaise. En partie sans doute par culpabilité à utiliser du temps à autre chose que pourquoi je suis payé, car bien sûr même si j’ai fait la part obligée, je sais bien qu’il y aurait toujours d’autres choses à faire, d’autres initiatives à prendre. Mais ce n’est pas seulement par culpabilité. C’est aussi parce que j’ai, plus profondément, le sentiment que mes divers « êtres au monde » ne communiquent pas ou mal, parce que je vois mal ce qui les relie à une source profonde. C’est de là que peut venir parfois un certain sentiment de schizophrénie. J’évoque cela en pensant à Sammy qui a laissé quelquepart un commentaire disant qu’il ne voyait pas vraiment à quoi cela pouvait faire référence chez moi. Et bien à ce genre de sentiment justement; le terme est un peu fort peut-être, parler de dysharmonie conviendrait mieux car ce n’est pas violent, je ne perds pas les pédales, c’est juste une espèce d’impression d’étrangeté à moi-même et qui ne dure pas mais dans le fond c’est bien de cela qu’il s’agit quand même quand il m’arrive de me regarder en disant : mais qui c’est ce petit bonhomme qui s’agite et qui babille, qui c’est celui-là et que fait-il ? Ce n’est pas moi tout de même ? Moi, je suis ailleurs n’est-ce pas ? Mais je suis où, en vrai ?

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P
Hmmm, j'aurais vraiment beaucoup aimé me joindre à vous! Dommage, vraiment dommage que Paris soit si loin...<br /> <br /> Ce genre de rencontres amènent une dimension tout particulière, en incarnant une écriture dans une présence physique et tout ce qui en émane (regard, voix, gestuelle, etc.). C'est, il me semble, à chaque fois un ancrage plus fort du lien d'affinité qui pouvait prééxister. Chacune des rencontres que j'ai faites, et notamment avec les personnes sus-nommées, est restée bien ancrée dans ma mémoire comme un excellent souvenir. Trop court, bien trop court.<br /> <br /> Je partage aussi ce sentiment de dualité que tu décris entre deux mondes très disctincts. Mais il me semble qu'on retrouve cette même dualité entre le monde du travail et celui de la famille, par exemple, ou qui encore dans un milieu associatif. Ce qui crée une barrière plus franche c'est l'immatérialité du monde d'internet, sur lequel on se connecte ou déconnecte en une fraction de seconde, sans ce mouvement qui relie deux lieux dans le "monde terrestre" (selon une expression de Lou).<br /> <br /> Je crois aussi ressentir cette identité flottante entre les deux mondes, presque surpris de ce que je peux écrire... dont je me demande si c'est vraiment fidèle à ce que je vis. Et pourtant c'est bien moi qui suis l'arbitre des mots !<br /> <br /> Bon... comme d'habitude je m'emballe un peu dès qu'on aborde ces sujets, hé hé...
Les échos de Valclair
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