Exaspération publicitaire
Je ne suis pas un anti pub
systématique. Je reconnais qu’il en est de très drôles ou de très belles
esthétiquement auxquelles je prends plaisir et cela même si elles véhiculent
des contenus contestables ou nous poussent à des consommations inutiles.
Mais il y a de
vraiment insupportables de vulgarité, de lourdeur, de bêtise…
Celle-ci, par exemple, qui
en ce moment m’agresse tous les matins pendant mon petit déjeuner :
Un type à la voix bêlante
déclame « on a tous droit à la liberté », « on a tous droit à la
paix et à l’amour » tandis qu’un cœur moutonnier s’extasie derrière lui.
C’est du son mais on imagine très bien l’image : un vieux baba au sourire
bête au milieu d’une bande de jeunes niais plus ou moins folkloriques.
Puis il lâche :
« non au capital » et le cœur derrière lui alors de protester
violemment,: « eh, oh, ça va pas, lui… »
Heureusement l’établissement
financier bien connu pour lequel est réalisé cette pub veille et peut faire ses
mirifiques propositions.
Notre baba alors, désormais
réconcilié avec le capital, peut reprendre de sa voix traînante: « on a
tous droit aux bénéfices… ouais… paix et bénéfices… » et le cœur derrière
lui rassuré peut reprend l’antienne à l’unisson.
Bon, je sais, il y a
sûrement bien pire comme publicité, bien plus malsain. Pas de violence ici, pas
d’agression sexiste, pas d’appel aux sentiments les plus bas. Mais quel
retournement d’images et de valeurs ! Que nos habiles publicitaires,
bardés d’enquêtes et d’analyses puissent penser amuser et accrocher avec ça,
c’est sans doute que la société et l’idéologie ambiante le permettent. On peut
me dire : « ah, mais tu manques d’humour, c’est du second
degré » . Peut-être mais décidément ça ne me fait pas rire : la
société a le second degré qu’elle mérite et là c’est plutôt nul.
Peut-être que je manifeste
par là une nostalgie dépassé de vieux post-soixante-huitard. Je sais, tout ça
n’est plus à la mode. On nous bassine assez sur tout ce qui dans les
difficultés de notre société viendrait des idées de ce temps. Nous mêmes avons
bien souvent largement tourné casaque par rapport aux valeurs que nous
défendions, y compris de celles qui, au-delà de nos naïvetés et de nos
ridicules, auraient eu sens à perdurer. D’accord mais pas au point de ne pas
avoir envie de fiche un coup de latte dans mon poste de radio quand j’entends
la voix bêlante : « ouais… paix et bénéfice… »