Heureuse conjonction
Donc hier je m’apprêtais à
partir en promenade. Sans trop savoir où j’allais aller. Peut-être un peu sur
les bords de Seine et puis à la Conciergerie, je voulais y voir l’exposition
sur les capitales d’Arménie qui se termine bientôt.
Mon portable m’annonce un
message. C’est l’amie chère qui piaffe à l’ENS à la recherche de la salle dans
laquelle doit avoir lieu la table ronde de l’APA ! Je la rappelle
immédiatement.
« Ben voyons, amie
chère, ce n’est pas aujourd'hui, c’est la semaine prochaine ! Nous en
avions parlé hier au téléphone, c’était clair pourtant… mais enfin puisque tu
es donc à Paris, passons un moment ensemble… »
Conjonction de hasards
heureux et qu’on croirait faits exprès et qui m’ont valu le délicieux bonbon de
sa présence ! Le fait qu’elle se soit emmêlée les pinceaux dans les dates,
que je vienne de poster à l’instant mon entrée annonçant la date de la table
ronde de sorte qu’elle n’ait pu la voir avant de partir pour Paris, le fait que
Constance à qui j’avais proposé peu avant que nous allions nous promener ait
décliné et qu’ainsi moi-même je fusse parfaitement disponible à ce moment là et
précisément en train de partir seul vers une autre destination…
Alors voilà. Du coup je file
vers le Luxembourg plutôt que vers la Seine. Je me sens gai, allègre, porté
aussi par ce plaisir particulier que confère à un rendez-vous le fait d’être
imprévu, heureux de troquer ma promenade solitaire pour une rencontre en réelle
présence.
Plaisir de la veste tombée,
plaisir du capuccino moussu sur une terrasse ensoleillée, plaisir de nos mots
échangés et de nos regards qui voguent, plaisir ensuite de la marche lente et
musarde dans le Luxembourg, plaisir des stations accoudés à la balustrade, au
dessus de la foule qui déambule…
Je l’ai raccompagnée à
l’entrée de son métro et me suis promené encore un long moment, prenant des
photos, regardant passer les belles femmes que le printemps déjà dénude un peu,
regardant les baisers des amoureux et les jeux d’enfants, m’attardant au ballet
des voiliers sur le bassin, écrivant de ci de là quelques mots sur mon petit
carnet dont proviennent ceux mêmes que j’écris en ce moment.
Et ce matin le temps est toujours aussi beau. J’ai fait le marché déjà et je vais aller nettoyer la terrasse et la table pour que, pour la première fois ce printemps, nous puissions déjeuner dehors. C’est cela aussi, c’est ce temps merveilleux, qui porte en moi cette simple et légère allégresse de vie.