Ricochet 1996: Rien

Voici ma contribution 1996, guère inspirée, aux « Petits cailloux et ricochets » des blogueurs :

Comme Louis XVI le jour de la prise de la Bastille marquerais-je d’un « rien » mon année 1996 ?

Franchement je ne trouve rien à dire. C’est ennuyeux de ne pas avoir le journal, prothèse de la mémoire, qui permettrait de faire ressurgir un petit événement, une simple anecdote dont on pourrait tirer une certaine signification. Je regarde mes photos de l’année. Rien non plus. Les visages, les mêmes visages, un tout petit peu plus jeunes, les enfants plus enfantins, les vacances ici et là dans le cadre familial, un voyage à l’étranger comme (presque) chaque année. Cette année là c’était la Toscane. Pendant les vacances de Pâques nous avions loué un gîte dans les collines à une demi heure de route de Florence, c’est un bon souvenir, la campagne, la nature et puis quelques journées plus intensives dans les villes et les musées, c’était un bon équilibre qui a convenu aux enfants comme à nous.

Je cherche, je cherche, non, rien à remémorer …

Rien ? Non pas rien naturellement, mais la vie qui s’écoule, simplement, en suivant son fil sans à-coups, installée dans ses régularités et ses routines, avec ses moments plutôt joyeux et ses moments tristes, avec ses moments toniques et ses moments éteints…

Un long fleuve tranquille, vous disais-je !

Comments

[valclair]

Mais bien sûr Gilda je me souviens de mon voyage en Toscane. J'aurais pu écrire quelques lignes dessus, rapatrier quelques images, quelques sensations. Ce que je voulais dire par mon rien c'est que ne voyais aucune anecdote ou souvenir saillant, marquant, qui fasse sens, qui aurait eu ce côté ricochet, faisant lien avec d'autres éléments du passé ou de mon présent aujourd'hui, fin ou début de quelquechose, inscrit dans une histoire. Et ce n'est pas pour autant que je dévalorise cette année et notamment ce voyage en Toscane.

[gilda]

J'ai le même tour pour mon année 2002, pratiquement une des rares où rien ne me soit tombé dessus, où au bureau c'était la routine et que pour une fois elle n'était pas menaçante, pour une fois personne n'était excessivement malade dans mon entourage, bref RIEN sur le plan personnel.
Alors bien sûr les présidentielles, la manif du 1er mai. Mais c'est un événement extérieur. Par ailleurs le fils aîné d'une de mes plus proches amies qui est atteint en septembre de troubles psychiatriques lourds, après quelques alertes en juin, et dont elle ne souhaite pas parler ce qui la fait sombrer dans un silence inexplicable. Je pressens un malheur, n'ose pas insister, envoie un message de loin en loin pour dire que je suis là, difficile quand on ne sait pas exactement ce qui se passe. A l'époque nous n'avons pas d'amis communs auprès desquels je pourrais prendre des nouvelles. Alors je passe mon temps à attendre une réponse.
Peut-être que ça avait mis la fin de mon année entre parenthèse ?

On a tous des périodes comme ça, creuses. Par forcément désagréables. Juste du rien. Et généralement beaucoup de travail, le rien y est propice. Mais du travail quotidien, rien de notable. Si peu que quelques années plus tard, on ne s'en souvient pas.
"la vie qui s’écoule, simplement, en suivant son fil sans à-coups, installée dans ses régularités et ses routines" : on ne peut pas mieux dire.

PS : Cela dit, ne pas se souvenir d'un voyage en Toscane, comment est-ce possible ?
(depuis 7 ans je rêve d'y retourner, tente de mettre des sous de côté, vois mes efforts ruinés par des aléas et des pannes induisant des frais, sans parler des ennuis de santé, qui quoi qu'on en pense sont toujours coûteux)

[valclair]

Oui bien sûr d'accord avec vous deux à l'égard des turbulences.
Mais il n'y a pas que des turbulences qui peuvent être siginficatives ou faire sens ou être l'objet d'un joli souvenir simple à évoquer. Ce qui me frappe (et un peu m'attriste) c'est que rien ne me marque de cette année, rien ne vient se rappeler à moi.

[Pivoine]

Heureusement qu'il y a des années où il n'arrive rien de spécial ;-) comem le dit cassy, ça permet de respirer entre deux zones de turbulence(s) - qu'elles soient positives ou négatives.

[cassy]

C'est bon aussi de se retrouver dans une ambiance tranquille, une pause entre 2 batailles interieures non?
Ces ricochets sont très enrichissants. C'est un puzzle que l'on construit avec des morceaux parfois si faciles à assembler, et d'autres fois si difficiles qu'ils nous font douter sur notre capacité à continuer à égréner les souvenirs.
Une belle aventure que ces ricochets :o)