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Les échos de Valclair
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20 mai 2008

Beauté dansée

Je ne suis pas très branché spectacle de danse, un art que je connais peu mais j’ai assisté ce week-end à la dernière représentation parisienne du superbe « Poeta en Nueva York » de Blanca Li. Trop tard pour vous y envoyer mais pas trop tard pour en dire un mot et vous donner un lien.

C’est une évocation du séjour de Garcia Lorca à New York à la fin des années 20. Le spectacle dit à la fois la douleur de l’éloignement, la découverte du monde déshumanisé et violent des grandes villes et du travail industriel, l’ouverture qu’apportent les métissages culturels, la découverte de Cuba et de son art de vivre. Le spectacle associe musiciens, danseurs, chanteurs et mêle dans un dialogue magnifique flamenco et musiques de jazz.

Beaucoup de séquences sont d’une grande invention, visuellement splendides et d’une puissante force évocatrice : ainsi par exemple les voyageurs porteurs de valise ou le ballet des escabeaux évoquant la frénésie productiviste ou encore la grande scène vers la fin évoquant le cabaret cubain. Le sommet du spectacle est pour moi cependant la scène évoquant les affrontements sanglants des clans, l’affalement des jeunes hommes dans la mort, puis cette sorte de renaissance, dans une chorégraphie magnifique, drapant les corps d’un manteau de pluie et de lumière à l’effet extraordinaire.

Je reste pantois sur la façon dont les danseurs déplacent leur corps. Au delà de la beauté du geste lui-même il y a la façon dont ils s’inscrivent dans l’espace, cette sorte de glissé harmonieux qui permet de passer d’un mouvement à l’immobilité ou à un autre mouvement totalement différent, la façon de chuter aussi et de poursuivre en rampant ou en rebondissant le mouvement amorcé, l’apparente non coordination de micro-scènes en plusieurs points du plateau qui contribuent en réalité à une chorégraphie d’ensemble bien plus forte que n’aurait été un simple mouvement convergent. Il se dégage de tout ça une formidable énergie, qui se communique au spectateur et qui s’est traduit logiquement à la fin par les longs applaudissements de la salle debout.

Je me le dis chaque fois. Je ne vais pas assez au théâtre, je privilégie trop le cinéma à cause de sa facilité d’accès, ne nécessitant ni programmation à l’avance, ni réservation. Le spectacle vivant tout de même c’est autre chose, une autre présence.


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Commentaires
B
émotion inégalable au spectacle. <br /> que ce soit au concert au théâtre ou pour un spectacle de danse. c'est une intimité telle... une vraie connivence d'émotions qui passe.<br /> transports...<br /> <br /> heureuse que tu aies apprécié... :))
T
Sourire en retour. Je te laisse le soin de l'imaginer, ça vaudra mieux.
V
Je te comprends Ondine et je devrais pour ma part prendre plus de temps pour les arts vivants.<br /> Ah oui Ségo, c'est vrai que tu fus modelée à la danse classique!<br /> Et ce spectacle là l'as-tu vu? Vraiment superbe! <br /> Je n'ai pas du tout pensé à Calle en l'occurrence et ne vois à priori aucun point de jonction. A discuter dès fois qu'on manque de sujets de conversation la prochaine fois qu'on se verra... sourire!
S
Le petit côté bric à brac de Blanca li a pu ma gêner parfois pour moi qui ait plutot une formation classique à la danse...mais au final c'est ce dérangement que j'aime...tu sais à qui elle me fait penser ? A Sophie Calle dans le petit côté boîte à idées :) Je souris mais n'est ce pas un peu la même démarche artistique au fond ?
O
J'aime quand les gens se laissent toucher par les arts vivants. De mon côté, je ne vais que très rarement au cinéma parce que la fragilité de l'instant, que ce soit au concert, au théâtre ou au ballet m'émeut toujours beaucoup plus que celle du septième art. L'impression que tout peut arriver, instant de pure beauté ou cafouillage incroyable...
Les échos de Valclair
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