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Les échos de Valclair
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16 juin 2008

Souci de riche

Dans la semaine un peu folle qui vient de s’écouler, où se sont bousculées des contraintes professionnelles particulièrement lourdes, où j’ai en plus colloqué puis participé à des activités associatives pendant tout le week-end, s’ajoutait aussi une préoccupation nouvelle pour moi et entraînant un stress tout particulier.

Pour la première fois j’ai fait une déclaration et un chèque pour l’Impôt de Solidarité sur la Fortune…

Cela fait des années, en raison de l’envolée des prix de l’immobilier parisien que je sens que ça vient et que je remets à plus tard. Jamais je ne m’y étais penché de près comme je me suis senti obligé de le faire cette année, interrogeant les agences immobilières, regardant les tarifs pratiqués et je dois dire que les prix dépassent largement ce que j’imaginais. Je me suis arraché les cheveux entre volonté d’être réaliste et juste et volonté de ne pas payer plus que je ne dois.

Je ne suis pas hostile par principe à cet impôt. Je me rends compte à quel point disposer d’un grand appartement sympa à Paris que j’ai eu la chance de pouvoir acheter il y a plus de vingt ans quand les prix n’avaient rien à voir, dans un quartier qui n’était pas à la mode comme il l’est devenu et grâce aussi, je ne l’oublie jamais, à une part d’apport venu de ma famille. A cela se sont ajoutés quelques biens annexes issus de petits héritages venus ensuite de mes grands parents puis de ma mère comme d’une petite épargne que j’ai constitué, sachant que je partirai à la retraite dès que je pourrai et sans avoir, loin de là, la totalité de mes annuités. Oui, je suis un privilégié. Je me le dis chaque matin en entendant le type qui annonce les temps de trajet dans les embouteillages, moi qui vais à mon bureau et dans les cinés à pied ou en vélo. Et en même temps, dans mon mode de vie, dans mes revenus, je ne me sens nullement riche et ça me fait drôle et me met mal à l’aise de basculer dans ce monde des assujettis à l’ISF. J’ai eu du mal à le faire ce chèque quand même ! presque un mois du salaire de ma femme ou une grosse moitié du mien, c’est dur là où ça passe ! Avec en plus l’angoisse qu’on vienne nous dire de payer rétroactivement quelques années. Bon, on n’en mourra pas. Nous ne serons jamais à la rue. Nous n’aurons jamais faim. Nous continuerons à pouvoir payer les études prolongées de nos garçons, bien formatés pour s’adapter au système des grandes écoles, lesquelles leur permettront d’être assurés d’emplois correctement rémunérés. La reproduction ce n’est pas un vain mot !

Mais, ce qui me choque vraiment, c’est d’avoir entendu ce matin à la radio dire que l’ISF, au moment même où moi-même je commence à payer (et d’autres de mes amis parisiens qui comme moi s’y sont décidés cette année), rapportera moins à l’état à cause du fameux paquet fiscal. C’est à d’autres riches que ça s’adresse tout ça, à de vrais riches, à de bien plus riches qui sans parler de ceux qui s’expatrient carrément à l’étranger, combinent toutes sortes de solutions avec leurs conseillers fiscaux pour payer moins. Et ça, je trouve que c’est scandaleux, dégueulasse.

Mais j’ai eu envie de faire ce billet aussi parce que ce genre de thème est totalement absent de nos blogs et plus largement de nos conversations à l’extérieur de notre cadre familial étroit. Sauf à se plaindre qu’on n’en a pas assez, on ne parle pas d’argent ! Dire que l’on a en a, combien on en a, c’est un secret mieux gardé que celui des alcôves. Ce sont des sujets jamais abordés avec des collègues, dans les tablées d’amis ni même dans les relations amicales plus intimes. Etrange tabou sur quelquechose qui pourtant ne touche en rien à l’intime. Il est plus facile de parler de ses peines de cœur ou de ses galipettes que de sa cassette !

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Commentaires
D
Bonjour Valclair. Je me sens enfin moins seule (non je ne paie pas l'ISF) mais je ne comprends pas ce tabou très français (à la différence des Américains) de ne pas parler argent, salaire (c'est indiscret) et je ne comprends pas pourquoi. Les gens croient qu'on les jalouse, qu'on va les dénoncer au fisc, que sais-je? En ce qui me concerne, cela ne me dérange absolument pas de dire combien je gagne, mais en revanche, je ne parle pas volontiers, voire jamais de ma vie privée (très privée), cela ne regarde personne. Bonne soirée.
V
J'ai beaucoup aimé lire ET le billet ET les commentaires qu'il a suscité. Très enrichissant. <br /> Et puis je suis plutôt d'accord avec la dernière reflexion de Pivoine: "on continue en fonction de son milieu socio-économique, me semble-t-il, à moins qu'on ait beaucoup manqué et que, nouvellement riche, on "compense".
A
En effet, voilà un thème qui est rarement abordé... Surtout sous l'angle de la fortune dont on peut disposer...
P
On ne parle pas d'argent, non. Parce que sur le net, on ne peut pas trop parler de soi. Alors, dire qu'on est pauvre? Nouveau pauvre? Pas possible. <br /> <br /> Et les "riches", certains riches, ne vont pas écrire de blog, je ne crois pas... <br /> <br /> Quelque chose qui m'a toujours fait sourire en Belgique... Le rapport curieux des Belges avec le Luxembourg! "Je suis allé au Luxembourg!" - "J'ai ramené des spécialités du Luxembourg..." Quand des amis me disaient ça, je croyais naïvement qu'ils étaient allés faire du tourisme au Luxembourg et j'étais assez étonnée, vu que dans ce petit pays, il y a surtout des banques et des usines... (Mais pas que, bien sûr!) (Des banques! Et pour cause!) <br /> <br /> Le Luxembourg, c'était notre Monaco à nous. Et aller placer du fric au Luxembourg, cela exige au moins déjà la capacité de payer un aller-retour en train ou 200 km en essence... <br /> <br /> Quand on observe les personnes, même quand elles sont en total désaccord avec leur milieu, elles gardent des habitudes "financières" propres à leur milieu. C'est dire qu'il y a un divorce entre les aspirations profondes et les habitudes de vie. Malgré tout, on continue en fonction de son milieu socio-économique, sauf si subitement, en cas de malheur, on se trouve "déclassé" !
V
Merci Otir d'avoir rebondi. C'est intéressant cet élément culturel et religieux comparatiste que tu donnes dans ton billet.
Les échos de Valclair
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