Lumière d'Athos
Dimanche matin j’ai été voir
la belle exposition au Petit Palais consacrée aux « Trésors de la Sainte
Montagne ».
L’exposition est très
évocatrice de l’histoire des monastères et de la vie des moines du Mont Athos.
Elle est d’autant plus précieuse que les lieux sont peu accessibles, que seuls
de rares visiteurs accrédités peuvent se rendre sur place (et à condition
encore de ne pas appartenir à la gent féminine !).
On y découvre des œuvres
d’art magnifiques. Je connais mal l’art byzantin et j’en avais peut-être une
vision un peu hiératique et figée. J’ai été frappé ici en particulier par la
douceur, par l’émotion, par la vérité humaine qui se dégagent de certains
portraits, par exemple ceux de la série des quatre Saints de la Grande Deisis
de Vatopedi, ou encore des icônes de Saint Georges et de Saint Démétrios,
venues du même monastère.
Mais il y a beaucoup
d’autres choses très belles, des tissus, des livres enluminés, des reliures,
des pièces d’orfèvrerie, en particulier des enkolpia, ces pièces de petite
taille, destinées à être portées, suspendues au cou. Il y a là, avec la
vingtaine de pièces présentées et qui sont toutes d’une extrême finesse, par la
variété de thèmes traités, des techniques et des matériaux employés comme des
effets esthétiques obtenus, une sorte de mini exposition au sein de la grande.
La présentation dans des
salles qui ne reçoivent pas la lumière du jour permet de recréer l’ambiance
feutrée de lieux clos, la lumière vient de projecteurs discrets et de l’or et
des couleurs des tableaux et des tissus. Les chants des moines diffusés au
centre de l’exposition, rajoutent à l’ambiance. Quelques photos des sites
évoquent en contraste la lumière glorieuse de la mer et des ciels
méditerranéens.
Je m’interroge face aux
survivances d’un autre âge dont témoigne le Mont Athos. Je suis choqué
naturellement par la discrimination que représente l’interdiction de la
présence de toute femme sur place, par le fait que la péninsule ait une sorte
de statut d’exterritorialité conduisant à ce que les règles de droit commun ne
lui soient pas appliquées. Ces braves moines doivent nourrir au fond d’eux même
des pensées calamiteuses et d’un autre âge sur les femmes, dignes des
ayatollahs ! Mais bon, circonscrits tels qu’ils le sont, ils ne font pas
vraiment de mal. Je préfère que leur territoire reste dans sa particularité et
son isolement, comme une sorte de bulle de passé vivant parvenu jusqu’à nous,
plutôt que de devenir lieu de tourisme de masse soumis aux déferlement de
hordes touristiques peu respectueuses (souvenir, l’autre été, à Myra, sur la
côte lycienne, de ces tourbillons de touristes russes, aux accoutrements
contrastés, de la bimbo au minishort ras des fesses jusqu’à la grand-mère sous
son fichu, prenant littéralement d’assaut l’église Saint Nicolas, piaffant en
tentant de s’approcher des supposées reliques du saint, empêchant toute
possibilité d’accéder un tant soit peu à l’esprit du lieu !)
En tout cas cette exposition
ci m’a bien mené en voyage et c’était heureux.
Et puis ce soir, en sortant
du bureau, enfin, un peu de douceur de l’air, un peu d’ambiance printanière, ça
fait du bien…