Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les échos de Valclair
Derniers commentaires
28 novembre 2005

Déception théatrale (enfin, légère déception...)

J’aime beaucoup le théâtre. J’y vais peu. C’est bien le paradoxe d’ailleurs de vivre à Paris où l’offre de spectacles est immense et d’aller finalement moins au théâtre ou au concert que nombre de nos amis qui vivent en province. On croit tout avoir sous la main donc on ne prend pas d’abonnements, on se dit qu’on verra en fonction des sorties, des critiques et finalement quand on se bouge il n’y a plus de places. Et c’est tellement plus simple d’aller au cinéma : rien à prévoir, on s’y pointe dès qu’on a un moment et basta…

Mais le théâtre tout de même c’est autre chose. Cette aventure chaque jour différente, les acteurs en chair et en os, la réelle présence et pas seulement les images… C’est irremplaçable.

D’où ma déception lorsqu’il m’arrive de ne pas être tout à fait conquis par un spectacle.

C’est ce qui s’est passé pour le Platonov de Tchekhov que nous avons vu hier. Les acteurs étaient très bons, il y a dans cette pièce des rôles excellents, celui de Platonov, celui de la Générale, personnages aux multiples facettes et qui impliquent, pour être crédibles, pour passer la rampe un formidable abattage des acteurs, dans la façon de dire le texte mais aussi dans leurs mouvements, dans l’ensemble de leurs attitudes corporelles. Ils l’avaient tous, les acteurs principaux comme les rôles plus secondaires, cet engagement, cette furia qui donne sa force au théâtre et sans doute est-ce l’essentiel.

Le fond du texte est brillant et me frappe par sa modernité. Cette société russe vidée de toute valeur et de toute espérance, dans laquelle triomphe un cynisme incarné avec particulièrement de brio par Platonov est prête pour la décomposition dans laquelle elle va basculer avec la révolution. Comment ne pas y voir quelques parallèles avec les maux actuels de notre propre société mondialisée. Des partis pris de traduction ou d’expression des acteurs accentuent cette impression de modernité et c’est très bien, ça rapproche la pièce de nous. Le ton est caustique, on rit beaucoup, ça bouge et ça remue, c’est du vrai théâtre.

Derrière la sûreté intellectuelle et le brillant de Platonov il y a sa désespérance, son immaturité, sa faiblesse qui le conduit à devenir ce pantin pitoyable qui n’a aucun contrôle sur sa propre vie. La farce se transforme en tragédie.

L’affaire se met en place brillamment dans les trois premiers actes. Mais la fin déçoit beaucoup. Elle s’éternise inutilement sans aucune véritable relance. On a compris où en est Platonov, on devine vers quoi l’on va, un acte aurait amplement suffi là où il y en a deux. C’est très dommage, je trouve que ça casse l’ensemble, ça vide le propos d’une partie de sa force et le plaisir de théâtre lui même s’étiole.

Il me semble que ça se sentait dans la salle. J’ai l’impression qu’il n’y a pas eu dans la seconde partie tout à fait la même concentration du public qui devenait plus distant. J’ai applaudi bien sûr quand le rideau est tombé mais pas avec enthousiasme, alors que la troupe l’aurait amplement mérité. La salle était à l’unisson il me semble. Applaudissements nourris, reconnaissance du beau travail effectué mais pas vraiment d’enthousiasme, pas de cette communication électrique entre la troupe et la salle que l’on ressent dans les spectacles vraiment réussis et qui parfois me fait presque monter les larmes au yeux. C’est le texte de Tchekhov qui est responsable, il manque de concentration surtout sur la fin (c’est une œuvre de jeunesse, écrite à dix-huit ans, chapeau tout de même !) ,ce n’est sûrement pas un hasard qu’elle n’ait jamais été jouée de son vivant.

Publicité
Commentaires
C
Je suis tellemenet spontanée que quand j'ai aimé, j'applaudis fort fort fort, c'est ma façon de dire ma joie, mon enthousiasme...<br /> Je suis je crois restée quelqu'un qui s'émerveille toujours autant<br /> J ne me pose aucune question de savoir si c'est de convenance ou narcissique...jsute le bonheur qui me fait applaudir...
V
Merci Janu pour le lien qui est donc<br /> http://www.colline.fr/agenda/manifs.php?mois=12&annee=2005 <br /> <br /> Alain je ne suis pas vraiment d'accord, il se passe parfois un réel échange au moment des applaudissements, une sorte de communion entre ceux qui ont donné et ceux qui ont reçu. Mais d'accord bien sûr s'il s'agit d'applaudissements de convenance ou pire de complaisance
A
4 fois le même message !!<br /> Et en plus le lien n'est pas valide !! :-))<br /> (il faut enlever ")." à la fin ...)<br /> <br /> ----------<br /> A propos des applaudissements : C'est rarissime que j'applaudisse plus que qq secondes à la fin d'un spectacle quel qu'il soit. J'ai toujours ce sentiment d'un processus tellement convenu où chacun se fait son petit plaisir narcissique. Le spectateur qui applaudit le prix de son billet (c'étais bien j'ai eu raison de me le payer) et les acteurs ou interpretes qui se font leur shoot d'hypertrophie du moi.<br /> Applaudit-on à tout rompre dans les couloirs de l'hopital le chirugien qui sort du bloc opératoire et a réussi "une belle intervention" qui a duré 5 heures ?<br /> Ce n'est pas une critique des "applaudisseurs", c'est une reflexion un peu "Candide"... sur nos moeurs finalement curieuses.
J
Rendre grâce peut-être à André Markowicz de ce que le texte puisse paraître brillant au fond et d'une modernité frappante. (Lequel dira le Russe de Marina Tsvetaïeva et en performera la traduction les dimanche 4 et lundi 5 décembre, qui viennent : http://www.colline.fr/agenda/manifs.php?mois=12&annee=2005).
Les échos de Valclair
Publicité
Publicité