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Les échos de Valclair
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30 janvier 2006

"Orgueil et préjugés"

Hier Constance et moi avons été voir le film « Orgueil et préjugés ». J’en avais envie notamment parce que j’ai lu récemment ce grand bouquin de la littérature anglaise, j’avais été séduit par la grâce et l’esprit de son auteur, par sa vivacité et son humour, par ce ton très moderne, assez impressionnant quand on pense qu’il a été écrit dans les toutes dernières années du 18° siècle. J’avais lu ça en bonne partie dans le train cet été, entre Lauragais et Bretagne, un voyage d’une journée entière comme on n’en fait plus guère en train, ça m’avait rappelé les voyages d’avant le magique TGV, et cette lecture au long cours allait avec, j’y avais pris un vif plaisir, je le raconte ici…

Je n’ai pas été déçu par le film. Quel bon moment. J’aime ça aussi, ce genre de film « en costumes », sans prétention intellectuelle ou recherche esthétique sophistiquée, bien construit, bien rythmé, bien interprété, avec de belles images qui font voyager dans le temps et dans l’espace. S’installer dans les bons sièges du MK2, j’allais dire fermer les yeux, non pas fermer les yeux quand même, disons fermer les écoutilles à tout ce qui est autour, et se laisser transporter dans la campagne anglaise du 18° finissant avec sa gentry campagnarde et ses riches propriétaires de passage sur leurs terres, avec les bals de campagne et les demeures somptueuses, se laisser emporter par les belles histoires, les belles images, se laisser divertir…

Le film colle avec l’esprit du livre, mélangeant avec habileté description des relations sociales, scènes de franche satire fort drôles et épanchements romantiques. Peut-être le fait-il avec moins de finesse que le roman, la caricature est parfois un peu lourde et les violons un peu appuyés. Mais ça marche, on rentre dedans, ne boudons pas notre plaisir.

Le film repose aussi largement sur l’actrice qui joue Lizzie, Keira Knightley. Elle colle complètement à la Lizzie du livre, une fille à la personnalité très affirmée et qui ne s’en laisse conter par personne, à la fois très sensible dans l’esprit du siècle, à l’intelligence vive, à l’esprit rapide et affûté, à la capacité de répartie impressionnante, porte-parole de ce qu’il y a de meilleur dans les femmes et dans ces couches sociales qui montent, porte parole en fait de Jane Austen. Keira Knightley qui est fort belle la joue magnifiquement, tout ça passe dans le mouvement de son corps, dans le ton de ses paroles, dans ses expressions et ses regards sans cesse changeants, (quel contraste par exemple avec Jane, sa sœur, seulement jolie), elle est délicieuse cette Lizzie… Quel spectateur ne tomberait pas sous son charme, ne se laisserait pas aller à s’en sentir pour son plus grand plaisir un peu amoureux tout au long du film ? Moi en tout cas je l’ai été et c’est ce charme là qui continue à distiller en moi sa petite musique…

18461215

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Commentaires
P
Une anecdote curieuse. <br /> J'ai longuement parlé de J.A. avec une amie -la mère d'un petit copain d'école de mon fils-. Jusque là, rien de bien particulier. Mais où cela devient intéressant, c'est que cette dame et son fils étaient iraniens... Ils ont fui le régime des mollahs. Pour venir s'établir en Belgique. (Où elle avait des attaches). C'était une femme issue d'un milieu aisé et cultivé et donc, elle avait tenu à emporter d'Iran les livres qu'elle préférait. Il y avait de véritables livres "de collection": des ouvrages de poésie persane, mais aussi son exemplaire, en anglais (chez Penguin Books) de "Orgueil et préjugés". <br /> Imaginez qu'elle a dû se rendre au ministère de l'Intérieur, pour demander la PERMISSION d'emporter ses livres en Europe... Et qu'on lui a "cherché des poux", parce que, en première de couverture, il y avait la reproduction d'un tableau romantique, début du XIXème, un portrait, une femme en décolleté. Après une longue discussion avec l'employé, elle a pu emporter ses bouquins, qu'il lui a presque jetés à la figure...<br /> <br /> Quand on connaît Jane Austen, on peut mesurer quel gouffre d'ignorance dans certains pays et chez certaines personnes... Et le désarroi de cette femme qui souhaitait emmener ce qu'elle avait de plus cher. <br /> <br /> Un livre. <br /> <br /> http://pivoineblanche.skynetblogs.be
P
Bonjour Valclair, je lis régulièrement votre journal, peut-être pas autant que je le souhaiterais, mais je me suis arrêtée longuement sur ce compte rendu de "Orgueil et préjugés" car je suis une fan de Jane Austen. J'y ai consacré plusieurs posts sur mon journal, ainsi que sur la littérature anglaise (et sur le phénomène des femmes écrivains anglaises), mais... Ils sont probablement disséminés (nous n'avons pas la possibilité, sur skynet, d'insérer des catégories), entre octobre et décembre-janvier. Alors, Jane Austen, si vous aimez, il y a aussi un de ses meilleurs, Persuasion. Emma aussi. Et quelques autres, "Sense and sensibility", "Northanger Abbey"... Vous souvenez-vous de Raison et sentiments de Ang Lee? Avec Elisabeth Thompson? On peut trouver curieux le sujet, immanquablement sentimental, de ces romans. Pourtant, ils sont un véritable miroir sociologique de l'Angleterre... Du début du XIXème siècle. Imaginez toutes ces filles... De lords ou de cadets. Sans dot, sans fortune, sans diplôme. Imaginez les guerres napoléoniennes... Les morts... Qu'allaient devenir ces jeunes filles? La seule issue était le mariage. Même le couvent n'était pas une solution, car pour entrer au couvent il fallait aussi une dot. Parfois, un veuvage, et un homme redevenait libre, épousable. En moyenne, les mariages duraient 15 ans... Pas beaucoup plus qu'aujourd'hui, la raison en était le nombre de décès lors des accouchements ou après les accouchements. Décidément, j'adore Jane Austen (on considère que la première grande romancière anglaise est Fanny Burney, qui l'a précédée de peu), mais il y a George Eliot encore (le moulin sur la Floss), les Brontë, et puis bien sûr, les écrivains comme Virginia Woolf, plus tardives, mais qui doivent énormément à une Jane Austen. Cette femme extraordinaire a écrit tous ses romans dans des conditions fort difficiles, avec sa famille pour tout auditoire, tout en se partageant entre son écriture et l'éducation de ses neveux et nièces... La maladie, une maladie de type "nerveux" (au sens physiologique du terme, pas moral), l'a fauchée en pleine jeunesse, disons, prématurément. Jane Austen est un écrivain merveilleux... Et j'ai beaucoup aimé le film également, que je voudrais revoir, car vraiment, "orgueil et préjugés" est une de ses grandes réussites... (Avec "Persuasion"). <br /> <br /> http://pivoineblanche.skynetblogs.be
S
J'ai moi aussi vu ce film. Je ne dirai pas que je ne l'ai pas aimé mais, pour ma part, j'ai nettement préféré la version britannique de 300 minutes, produite en 1995, avec Colin Firth dans le rôle de M. Darcy et Jennifer Ehle dans celui de Elizabeth Bennet. À mon avis, la version de 1995 est plus subtile, plus dans le ton de l'écriture de Jane Austen et, pour reprendre ton expression, moins caricaturale et avec moins de violon. J'aimerais bien que tu puisses comparer si tu en as l'occasion. Ici, elle est disponible sur cd pour location, j'imagine qu'elle peut aussi l'être chez toi. Bon, l'amour ne se discute pas, bien évidemment... Alors, je ne sais pas si tu pourrais te résigner à une autre Elizabeth que Keira Knightley. *rires*
Les échos de Valclair
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