"Orgueil et préjugés"
Hier
Constance et moi avons été voir le film « Orgueil et préjugés ». J’en
avais envie notamment parce que j’ai lu récemment ce grand bouquin de la
littérature anglaise, j’avais été séduit par la grâce et l’esprit de son
auteur, par sa vivacité et son humour, par ce ton très moderne, assez
impressionnant quand on pense qu’il a été écrit dans les toutes dernières
années du 18° siècle. J’avais lu ça en bonne partie dans le train cet été,
entre Lauragais et Bretagne, un voyage d’une journée entière comme on n’en fait
plus guère en train, ça m’avait rappelé les voyages d’avant le magique TGV, et
cette lecture au long cours allait avec, j’y avais pris un vif plaisir, je le raconte ici…
Je
n’ai pas été déçu par le film. Quel bon moment. J’aime ça aussi, ce genre de
film « en costumes », sans prétention intellectuelle ou recherche
esthétique sophistiquée, bien construit, bien rythmé, bien interprété, avec de
belles images qui font voyager dans le temps et dans l’espace. S’installer dans
les bons sièges du MK2, j’allais dire fermer les yeux, non pas fermer les yeux
quand même, disons fermer les écoutilles à tout ce qui est autour, et se
laisser transporter dans la campagne anglaise du 18° finissant avec sa gentry
campagnarde et ses riches propriétaires de passage sur leurs terres, avec les
bals de campagne et les demeures somptueuses, se laisser emporter par les
belles histoires, les belles images, se laisser divertir…
Le
film colle avec l’esprit du livre, mélangeant avec habileté description des
relations sociales, scènes de franche satire fort drôles et épanchements
romantiques. Peut-être le fait-il avec moins de finesse que le roman, la
caricature est parfois un peu lourde et les violons un peu appuyés. Mais ça
marche, on rentre dedans, ne boudons pas notre plaisir.
Le
film repose aussi largement sur l’actrice qui joue Lizzie, Keira Knightley.
Elle colle complètement à la Lizzie du livre, une fille à la personnalité très
affirmée et qui ne s’en laisse conter par personne, à la fois très sensible
dans l’esprit du siècle, à l’intelligence vive, à l’esprit rapide et affûté, à
la capacité de répartie impressionnante, porte-parole de ce qu’il y a de
meilleur dans les femmes et dans ces couches sociales qui montent, porte parole
en fait de Jane Austen. Keira Knightley qui est fort belle la joue
magnifiquement, tout ça passe dans le mouvement de son corps, dans le ton de
ses paroles, dans ses expressions et ses regards sans cesse changeants, (quel
contraste par exemple avec Jane, sa sœur, seulement jolie), elle est délicieuse
cette Lizzie… Quel spectateur ne tomberait pas sous son charme, ne se laisserait
pas aller à s’en sentir pour son plus grand plaisir un peu amoureux tout au
long du film ? Moi en tout cas je l’ai été et c’est ce charme là qui
continue à distiller en moi sa petite musique…