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Les échos de Valclair
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3 février 2006

Lectures déprimantes

Il y a des jours où la lecture de la presse, pour moi principalement le Monde (et Courrier International pour élargir un peu la lucarne), fiche sacrément le bourbon. A vrai dire c’est souvent, je n’en parle pas trop ici parce que justement c’est bien suffisant de le lire, que rajouterais-je, en quoi pourrais-je changer les choses à venir ici en faire la litanie ?

Il faut faire avec, sans fermer les yeux tenter toutefois de retourner à nos petits bonheurs, ceux-là essayez de les entretenir, de les faire fructifier et, en les entretenant, d’en créer autour de soi, de générer un peu de paix, de compréhension, d’écoute, avoir des actions minuscules ne serait-ce qu’en adoptant pour soi des comportements pas trop irresponsables… Mais on ne peut pas grand chose, autrefois on a cru qu’on pouvait, maintenant on n‘y croit plus ou bien est-ce seulement qu’on n’a plus le ressort de l’action ?

Souvent je pense à mes enfants. Quel monde va-t-on leur laisser ? Et quel monde plus loin à leurs enfants futurs ? Mes fistons n’ont pas l’air trop flippés, même s’ils voient bien ces risques qui s’accumulent. Au fond c’est l’essentiel, ils ont l’ait de marcher vers le futur sans trop d’angoisse. Par moments je me demande si ce n’est pas simplement ma réaction à moi, est-ce que je ne commence pas à avoir un comportement de vieux con qui a peur du futur, qui radote en disant que tout était mieux avant simplement parce que c’était le temps de sa jeunesse.

En fait je ne dis pas ça. Je n’idéalise pas le passé, pas du tout. Mais je vois les nuages s’accumuler. Chaque jour. Chaque jour. Les évolutions positives il y en a mais elle paraissent bien pâles, de petites gouttes d’espoir localisées dans des océans de menace mondialisées.

Par exemple il semble qu’il y ait une dynamique positive en Amérique du sud, le continent bouge plutôt dans le bon sens, cela dit rien de stabilisé, les populismes de gauche qui se développent peuvent aussi tourner mal, Chavez est un caudillo, Morales a des côtés un peu inquiétants, il n’y a guère que l’élection chilienne qui m’a totalement réjouie, dans une société démocratiquement mûre et offrant la victoire à une personnalité qui semble moralement incontestable (la morale en politique c’est important !). Le Chili en plus pour moi c’est un peu spécial, j’en ai des souvenirs très particuliers, des émotions très fortes me remontent d’il y a plus de trente ans…

Mais à côté de ça, il y a les tensions accrues au Moyen Orient, cette victoire rétrograde du Hamas, l’Iran encore plus muselé qu’il ne l’était et de plus en voie de nucléarisation, cette montée générale des intégrismes, de l’islamisme ne particulier mais il n’y a pas que lui, au point que caricaturer devient un problème, que les dessinateurs en viennent à s’autocensurer, Gotlib pourrait-il dessiner aujourd'hui sa joyeuse, sainement et oeucuméniquement irrévérencieuse assemblée des dieux occupés à picoler ?

Il y a ces fractures sociales menaçantes, jusque dans nos pays mais qui dans nos pays pour graves qu’elles soient, ne sont qu’un pâle reflet de fractures autrement redoutables, celles entre pays riches et pauvres, celles qui sévissent au sein des pays émergents, ces fractures produites par le mode de développement insensé que génère un capitalisme non régulé, les images du Cauchemar de Darwin me reviennent souvent…

Comment ne pas voir que ces déséquilibres forcément créent de l’instabilité, créent du fanatisme, créent de l’intégrisme, que les armes et moyens de destruction qui s’accumulent et se diffusent ont de plus en plus de chance d’être amenées à servir comme le montre l’enquête du Monde d’avant-hier sur les armes de destruction massive.

Comment ne pas s’alarmer des atteintes de plus en plus grave, de plus en plus généralisé à l’environnement, là on à l’impression vraiment d’une course poursuite mal engagée, trois mesurettes ici ou là, et des pans de banquise qui s’abîment dans l’océan, des pans de forêt qui partent en fumée, grands comme des pays…

Il faut tenter de se dire que le pire n’est pas certain, c’est vrai d’ailleurs, il n’est pas certain…

Allez je jette à nouveau un coup d’œil au dessin de Gotlib et je me marre ! un peu jaune hélas. J’aurais voulu le mettre ici mais je ne le trouve pas en ligne...

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Commentaires
P
Parfois en scrutant mes petits-fils, une peur sourde monte en moi, je vois leurs visages innocents et confiants, et c'est douloureux pour moi de me demander où ils en seront dans quelques années... quant à mon fils et son amie, ils se questionnent s'ils engendreront la vie, c'est terrible, non ?<br /> Bises mon cher Val et bon week-end.
V
Ben oui, j'avais ptêtre un ptit verre de bourbon dans le nez!<br /> Allez je laisse cette coquille délicieuse qui met un peu de légèreté dans une entrée qui ne l'est guère...
C
Bonsoir Valclair,<br /> Il y a des tonnes d'informations qui justifient notre angoisse du futur. Il y a des années, j'avais lu le Choc du futur de Toffler (je crois?). J'a froid dans le dos lorsque je constate que plusieurs de ses analyses sont confortées par l'actualité et notre quotidien. Je me souviens aussi d'avoir lu Pari sur l'homme de Karl Young. Je pense qu'il y a chez l'humain, mais aussi dans l'Humanité, cette force de survie dont il parlait. Donc, angoisse, oui! no-futur, non! Je pense que nous devons trouver le juste équilibre entre en parler (attention à la déprime permanante) et ne pas en parler (attention, avec la nouvelle cuisine, les autruches se font bouffer maintenant) Au plaisir de revenir te lire!
I
En te lisant, je me dis que moi non plus je ne parle pas de tout ça et pourtant ça m'inquiète aussi. Je ne crois pas qu'il s'agisse de réactions de vieux cons en pré-sénilité précoce...<br /> Ce n'est pas que c'était mieux avant, c'est que c'est très inquiétant maintenant, de multiples façons, dans des domaines vitaux, et que rien ne semble en inverser la tendance. Sauf les mots et les discours...<br /> <br /> J'en parle pas, moi non plus, mais je trouve que c'est carrément angoissant. C'est comme si on savait qu'on court à la catastrophe, mais qu'on continue pépère... attendant presque avec fatalité je ne sais quelle catastrophe économique, obscurantiste, environnementale...<br /> <br /> P'tain, tu vas me foutre le bourDon toi...
S
Je partage tes inquiétudes, et je les sens très présentes chez les jeunes que je côtoie...
Les échos de Valclair
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