La fiction ou le journal
J’ai écrit hier soir ma
petite nouvelle érotique, m’étant laissé délicieusement entraîner dans le
sillage du petit jeu libidino-littéraire initié par Ségolène. Je viens de la
poster.
J’ai comparé mon plaisir
d’écriture entre l’autre jour où j’ai laborieusement repris mes notes de voyage
et hier où j’ai joué de l’imaginaire et de mots de fiction. Il n’y a pas photo.
C’est évident que mon plaisir est plus grand dans la fiction. Toute la fiction
naturellement, pas seulement l’érotique qui a certes ses charmes particuliers
mais aussi ses lourdeurs et ses redondances.
J’ai écrit ce texte un peu
jeudi soir, je l’ai terminé hier. Mais je n’ai pas eu envie de le poster tout
de suite. J’ai fait un tirage papier. Je l’ai relu ce matin, je l’ai peaufiné,
j’ai enlevé quelques mots, changé quelques tournures, presque rien. J’aime bien
ce moment là aussi presque à l’égal de celui où l’histoire se met en place. Le
temps parfois laborieux de la rédaction est passé, on sait qu’on est arrivé au
bout, l’objet est là, juste on se donne encore ce petit plaisir de justement
faire durer le plaisir.
Longtemps je n’ai pas écrit
de fiction tout bêtement parce que je ne m’y sentais pas autorisé, je ne m’en
sentais pas le talent, parce que je n’avais pas de lecteurs aussi et qu’il ne
me semblait même pas concevable d’en avoir. Peut-être aurais-je dû chercher à
travailler (oui, travailler, car ça ne vient pas de soi, ça ne vient pas dans
l’évidence) cet aspect de mes goûts plus tôt, tenter d’en faire quelquechose,
peut-être mais je ne réécrirai pas l’histoire.
Mais maintenant j’ai le
sentiment que le journal parfois s’interpose, qu’il occupe des moments que je
pourrais utiliser avec plus de plaisir en m’évadant dans la fiction, qu’il
m’empêche de prendre le temps de me lancer. Parfois il y a cette quasi
obligation morale que je me donne de rédiger telle page suite à tel livre lu, à
tel film vu, à tel moment passé que je veux engranger. Ne pas s’obliger. J’ai
écrit cela souvent. Mais j’ai parfois du mal à ne pas m’obliger.
Je vais sûrement essayer
d’écrire un peu plus de fiction quitte à ce que ce soit au détriment du
journal.
Enfin je dis ça, je ne sais
pas en fait, la pulsion du journal est très forte aussi, on verra…
Et puis au fait cette petite
fiction, des fois qu’on veuille la lire, voilà, c’est ici.