Voyage tunisien
Voilà j’ai achevé la mise en
forme et la retranscription de mes notes prises au jour le jour. Je vais
choisir quelques photos pour compléter et hop, en ligne…
C’est
vrai que je me suis un
peu forcé à faire ça ce soir, chaque jour qui passe et ça refroidit et
l’envie
s’atténue. L’envie ce soir peut-être que ç'aurait été plus d'aller me
balader chez les autres et d'aller faire de la "communication"ou
peut-être dans la foulée de « la petite
bande » (oui, un peu proustien ça !) d’entrer dans le jeu des
écritures érotiques... Enfin next time …
Pour l’instant retour en Tunisie...
Dimanche 16 :
Voyage sans problème hier
jusqu’à Tunis pour retrouver les amis avec lesquels nous allons passer la
semaine. Nous récupérons une voiture de location et en route pour la côte. Nous
allons à Hammamet où nos amis ont gagné deux chambres pour la semaine par un
système promotionnel, c’est l’occasion qui a fait les larrons.
Je craignais à priori un peu
l’endroit sachant le type de tourisme de masse qui s’est développé dans la région
mais l’hôtel est très agréable, à quelques minutes à pied de la médina par la
plage, c’est un hôtel relativement ancien et de taille modeste. Assis sur la
terrasse de notre chambre on ne voit que la mer, les palmes qui viennent
jusqu’à notre fenêtre, des oiseaux nombreux qui pépient et virevoltent, si l’on
se penche on aperçoit à gauche la vieille ville, à droite des maisons et des
hôtels noyés dans la verdure, les immenses constructions récentes sont au loin,
formant une ligne blanche étincelante sur l’autre côté de la baie. La côté ici
est jolie, elle n’est pas rectiligne, c’est une succession d’échancrures que
vient lécher la mer.
Nous avons passé la matinée
à arpenter la vieille ville encore très calme, les gens sont gentils, le
commerce à touristes pas trop agressif, et d’ailleurs c’est ce qui est agréable
il y a aussi beaucoup de touristes locaux, on est dimanche, il y a des familles
tunisiennes, des groupes d’ados aussi, garçons et filles, décontractés et qui
ressemblent à la jeunesse de chez nous, les voiles sont loin
d’être
majoritaires.
Dans l’après-midi nous avons
le plaisir d’un premier long bain de mer, l’eau est un peu fraîche, mais tout à
fait supportable, le plaisir de nager dans la mer plutôt que dans la piscine de
l’hôtel vaut bien le petit pinçon que l’on ressent en entrant.
Lundi 17 :
Réveillé par le muezzin à
cinq heures. La nuit est encore profonde. Hier je ne l’avais pas entendu parce
q’il était couvert par le vacarme de la mer très agitée déferlant sous nos
fenêtres. Franchement je préférais les vagues, je m’étais rendormi sans peine
bercé par le ressac pourtant violent, le muezzin dont les longues modulations
semblent ne pas devoir finir me tient désagréablement en éveil, sa mauvaise
sono métallique se détache sur le fond de silence. Cette présence quotidienne
et envahissante de la religion m’est pénible, plus encore s’agissant de l’islam
à cause de cette progression partout de l’islamisme militant, radical,
intolérant, de l’islamisme qui voile les femmes et sème les interdits. Je ne
peux m’empêcher de faire l’amalgame entre Islam et islamisme, j’ai tort
peut-être, mais il est de fait que je supporte de plus en plus mal toutes les
calottes.
Le jour s’est levé. Nous
partons tout à l’heure pour aller visiter Carthage. Constance se prépare avant
que nous ne descendions prendre le petit déjeuner. Je suis sur la terrasse.
Ciel voilé. Air doux. Mer étale. Trois barques dans la baie avec des pêcheurs
occupés à remonter leurs filets. La plage est vide. Pas même un joggeur
matinal.
Jeudi 20 :
Ce même moment d’attente
comme l’autre jour avant d’aller déjeuner. J’aime ce petit moment. Nous partons
pour Kairouan tout à l'heure. Il y a dans ce côté tourisme intensif que nous
pratiquons quelquechose qui ne me convient pas trop. Trop de voiture. On veut
peut-être trop en voir. Chaque jour on est parti à neuf heures, de retour
seulement pour le dîner, pas même le temps de se poser sut la terrasse ou sur
la plage et d’aller nager. Mon rythme à moi aurait été plus lent, m’autorisant
des moments de simple et passive contemplation mais nous suivons nos amis qui
sont plutôt dans l’activité intensive. Mais c’est aussi le paradoxe, j’aime
aussi tout découvrir, je n’envisage pas de laisser filer un jour sans être de
la partie comme je pourrais très bien le faire.
Lundi donc Carthage,
remontée tout d’abord vers Tunis, traversée très urbaine de ses faubourgs, sale
lumière entre la brume et un nuage de pollution qui semble peser sur la ville.
Visite évocatrice de Carthage malgré le caractère peu spectaculaire des ruines,
la colline de Byrsa d’abord, restes puniques dégagés au flanc de la colline
totalement remodelée par les romains sur Carthage écrasée, le tophet, cimetière
punique perdu dans un vallon de fleurs et de verdure, lieu dit-on des fameux sacrifices
d’enfants, visite des ports ensuite, simplement deux lagunes endormies
entourées de villas modernes mais les maquettes sont parlantes et permettent à
l’imagination de filer vers ce lointain passé, les thermes d’Antonin, dans un
beau parc le long de la mer, l’opulence romaine à l’apogée de l’Empire à
quelques siècles des guerres puniques. Tout ça parle, me fait remonter des
souvenirs du « De viris » et de ma lecture de Salammbô. J’aime bien.
Montée ensuite à Sidi Bou Saïd. C’est joli, léché, relativement paisible
finalement, tout cela naturellement serait plus beau sous un soleil plus franc.
On prend un café sur la terrasse de l’inévitable Café des Nattes en compagnie
des fantômes de Gide, et de quelques autres. Les voyages en ces temps, pour le
petit nombre qui le pouvait, pas de doute que ce devait être
quelquechose !
Mardi nous descendons loin vers le sud, jusqu’à El Jem. Paysage plus sec déjà, les oliviers principalement ou de la steppe rase. Magnifique amphithéâtre romain aux proportions impressionnantes. Beauté de la pierre ocre. Très beau musée aussi avec notamment de magnifiques céramiques. Quartier de villas autour du musée dont une est reconstituée de façon très pédagogique. Déjeuner au restaurant « le bonheur », je garde un bon souvenir de ce lieu, tout un programme que ce nom délicieux. Retour par la côte. Mahdia jolie petite port tranquille, avec sa forteresse sur la pointe et au-delà ce très beau cimetière musulman dont les tombes à l’éclatante blancheur contrastent sur le fond de mer. Passage ensuite à Monastir, forteresse impressionnante certes, cité chic peut-être en son centre mais dont l’urbanisme semble avoir été particulièrement destructeur. Nous ne nous attardons pas…
Mercredi montée au cap Bon. Nous passons par l’intérieur, petites routes tranquilles loin de la presse de la côte, les vignes, les oliviers, les céréales dan une zone de collines très douces, multiplicité des verts, c’est une campagne riche, c’est plaisir de la voir en cette saison, j’imagine que tout cela est sec et jaune en plein été. Nous montons au sommet du cap, brève promenade très ventée sur la crête. Au retour arrêt sur le site punique de Kerkouane, qui vaut par sa situation en bordure de mer et par son petit musée intelligemment didactique, beauté des vieilles pierres qui se détachent sur fond de ciel et de mer. Nous déjeunons dans un restaurant de poisson à Kabiria, le loup et le pagre juste grillés et légèrement aromatisés avec le vin local, un assez surprenant muscat sec cela valait la peine et faisiat contraste avec nos habituelles gargotes du midi comme avec la cuisine internationale plutôt aseptisée de l’hôtel le soir. Promenade sur la plage puis retour laborieux, interminable traversée des grosse bourgades qui occupent la côté de façon presque continue où se mêlent activités agricoles, industrielles et de plus en plus touristiques.
Vendredi 21 :
Hier journée
à Kairouan. La grande mosquée est superbe. La beauté de la pierre ocre y est
pour beaucoup. La sobriété et la puissance des formes contrastent avec
l’élégance des décors, avec les colonnes de marbre et de porphyre, les arrondis
des arcs. La salle de prière ne se visite pas mais s’observe seulement de
l’extérieur. Je suis mécréant mais il me semble que je peux visiter des lieux
avec respect et discrétion, que je peux y compris m’imprégner d’une ambiance,
d’un climat spirituel et je regrette donc de ne pouvoir entrer. Visite de deux
zaouias aussi, lieux de pèlerinage autour de tombeaux de personnages saints,
cours aux beaux décors de céramiques, les oiseaux circulent partout, ils
pépient, emplissent de leur chants les galeries, se posent sur les lustres
qu’ils font se balancer. Longue promenade aussi dans la vieille ville, un peu au hasard des
ruelles, l’ambiance y est agréable, paisible, feutrée dès lors que l’on sort
des rues les plus commerçantes envahies par les échoppes pour touristes.
Pour une fois nous sommes de
retour à l’hôtel vers six heures ce qui nous permet enfin de jouir de cette
belle plage, long bain revigorant, délassant après la voiture puis lecture sur
le sable tandis que le soir tombe avant de nous offrir un coucher de soleil
somptueux.
Aujourd'hui promenade dans un tout autre cadre à Zaghouan au pied du djebel du même nom, agréable petite ville qui domine une riche plaine agricole, promenade dans ses rues escarpées, arrêts auprès de ses fontaines, traversée de son marché loin ici de tout envahissement touristique, montée jusqu’au Temple des Eaux construit sous Hadrien, c’est de là que part le réseau qui alimentait la Carthage romaine et qui contribue aujourd'hui encore à l’alimentation en eau de Tunis. J’espérais de belles eaux vives. Malheureusement le réseau est souterrain, les fontaines romaines ne sont pas en fonctionnement. Nous grimpons ensuite presque au sommet du djebel, arrêt là haut dans l’air vif de la montagne, les senteurs du maquis en pleine floraison, nous admirons un aigle au vol majestueux que nous avons longuement le temps d’observer la jumelle.
Au retour crochet par le village berbère ruiné de Zriba, accroché dans les rochers. Au milieu des ruines seul subsiste, parfaitement entretenu, éclatant de blancheur la zaouia d’un saint personnage qui reste un lieu de pèlerinage fréquenté. Forte impression de ce lieu.
Samedi 22 :
Voilà nous nous apprêtons à
repartir. Séjour un peu bref, il aurait fallu rester un ou deux jours de plus
pour traîner et profiter du lieu même indépendamment de nos visites. Les
vacances c’est aussi buller un peu, bouquiner, c’aurait été écrire peut-être,
un peu plus que ces brèves notes…
Enfin je suis content de ce
voyage quoiqu’il en soit. Un point qui m’a fait plaisir aussi en dehors de
l’aspect touristique est le sentiment d’être dans un pays engagé dans un
développement tout de même relativement harmonieux. Je sais bien entendu ce
qu’il en est de la restriction des libertés et du caractère autocratique du
pouvoir. Mais il y a manifestement l’émergence réelle d’une classe moyenne, il
n’y a pas que les villas des richards et les quartiers réservés pour les
touristes côtoyant des bidonvilles, les faubourgs se construisent d’immeubles
et de maisons d’habitations correctes, on ne se sent pas continuellement
agressé par la misère, les enfants semblent très scolarisés, et pas seulement
au niveau primaire, il y a beaucoup d’écoles secondaires et supérieures et qui
sont mixtes, avec beaucoup de filles, le plus souvent non voilées et que l’on
voit se promener, s’amuser avec les garçons dans un climat qui semble
décontracté. C’est cela surtout qui semble de bon augure, cette scolarisation
importante, cette jeunesse ouverte, ces jeunes femmes pleines d’allant…
Bye, bye Tunisia...