Pas trop au top
Soudain j’ai eu comme une
violente envie d’été. Comme une violente envie d’ailleurs. Le temps qu’il
faisait dehors y a contribué. Mais pas seulement. C’était une envie de fuite
aussi parce que je ne me sentais pas bien. Il m’a fallu sortir. Cela faisait longtemps
que je n’avais pas ressenti un tel sentiment de manque d’entrain, d’ennui,
d’étouffement au bureau. Il me restait pas mal de choses à faire mais je
n’attendais plus de rendez-vous, j’ai donc pris mes cliques et mes claques,
tant pis, je suis parti un peu avant trois heures mais pas dans l’allégresse,
pas du tout, pas comme lors de certains de ces jolis moments volés qu’il
m’arrive de prendre.
J’ai filé à la Villette, je
me suis dit que j’allais en profiter pour aller voir l’expo « l’amour
comment ça va ? ». Comment ça va l’amour ? pas trop bien. L’expo
était fermée en plus, ça n’ouvre que du mercredi au dimanche ! Un
signe ?
Je me suis installé au
confluent des canaux. C’est un coin tranquille un peu à l’écart des principales
circulations. C’est là que j’écris ces mots sur mon carnet. Eau miroitante du
canal dans le contre-jour. Petit vent frais venu de l’eau et soleil chaud
brusquement après ces journées si froides. Un couple qui s’embrasse tout près
de moi. Un saxo solitaire et mélancolique qui joue un peu plus loin. D’habitude
j’arrive bien à jouir de ce genre de moments un peu suspendus et de mes
promenades solitaires. Là pas trop. Je ressens le dépit d’être seul. Je me sens
assailli par toutes mes contradictions. Celles du bureau. Celles du cœur. Mes
affections vivantes du moment sont loin. Je voudrais dans l’immédiateté de
l’instant avoir quelqu’un près de moi avec qui me sentir en échange, en
complicité. Je ressens comme une douleur ce silence qui s’est installé dans mon
quotidien à la maison depuis longtemps, qui s’y est cristallisé, jusque là je
me débrouillais assez bien avec mais là en ce moment, j’ai du mal, j’ai
l’impression que cela devient de plus en plus lourd, de plus en plus épais, il
faudrait vraiment parler, mettre certaines choses au clair, pas seulement
écrire ou fantasmer que je vais le faire et puis toujours remettre à plus tard
parce que ce n’est jamais le bon moment.
Ça ira mieux demain ?
J’ai hésité à poster ces
mots. Mais bon il y a déjà trop d’entrées qui restent hors ligne. Il ne faut
pas toujours privilégier le lisse, le facile, le satisfait de soi, les braves
petites considérations intello sur les bouquins et les films, il y a d’autres
moments aussi, ils existent, ils ont droit de cité.