Fin de wek-end
Le week-end s’achève. Ça me va ces week-end de trois jours! J’ai le temps de me retourner. Au
fond je me verrais bien travailler à mi-temps, dommage que dans mon poste ça ne
soit pas possible.
Il a été assez richement
utilisé, tonalité dominante nettement positive même si j’ai connu aussi
quelques moments brefs de déprime, ça me saisit parfois dans l’intervalle des
moments heureux, c’est comme une vague qui passe, assez violente, vite dissipée
mais qui laisse trace et goût d’amertume sur tout le reste. Je me dis que je
suis un peu cyclothymique. Ce n’est pas ça exactement, c’est plutôt qu’au fond
de moi tout est loin d’être clair, je le sais et parfois ça remonte comme un
boomerang.
On s’est fait un week-end
home cinéma. C’est pas mon truc habituellement, pour moi le cinéma c’est en
salle, devant un grand écran, c’est une sortie. Mais là nos gars étaient là,
assez disponibles, ayant envie de voir avec nous certains grands films, un tel
partage ça ne se refuse pas, j’ai revu avec eux qui les découvraient des films
que j’avais vu moi à leur sortie. Et je les ai revus avec un grand plaisir, ce
sont des chefs d’œuvre, ils ont tenu au temps.
On a vu 1900 de Bertolucci,
on s’est avalé l’ensemble à la suite, démarré en début de soirée et jusqu’au cœur
de la nuit. C’est magnifique. C’est porté par une sorte de lyrisme social qui
n’est plus trop de saison mais dans lequel il n’est pas désagréable de se
laisser replonger. Il y a quelques faiblesses et longueurs (les personnages
féminins passent moins bien, notamment dans les scènes intimistes) mais les
moments d’effervescence collective sont d’une très grande puissance. Et puis
c’est esthétiquement de toute beauté, les lumières de la plaine du Pô, le jeu
des couleurs, les véritables chorégraphies par lesquels les personnages
s’inscrivent dans l’image, chaque plan est un tableau dans lequel rien n’est
laissé au hasard. Il me semble que je suis de plus en plus sensible à la beauté
formelle des films (quand cette beauté fait sens naturellement, pas s’il s’agit
de chromos qui sont seulement là pour faire joli), dans ce film on est servi.
Et puis on a vu Orange
mécanique. Quelle force là aussi. Je tiens Kubrick pour l’un des tous premiers
cinéastes qui soit, revoir ce film là me l’a confirmé. Dans la thématique on
est à l’opposé presque total de 1900, pas de mouvement collectif ici porté vers
l’avenir, un pessimisme foncier (c’est frappant il n’y a, pas une scène
porteuse d’espoir, pas un personnage porteur d’une quelconque positivé, pas
un). La tension est absolument permanente, il n’y a pas un moment de répit, pas
un moment échappatoire, les répits ne sont que l’attente toute chargée
d’angoisse des violences à venir. Sur le fond il est assez terrible de
constater que dans la réalité d’aujourd'hui bien des traits semblent donner
raison aux anticipations de Kubrick : la perte de tout repère et valeurs
collectives dans certains secteurs de la société, la bunkerisation de celle-ci,
les réponses répressives avec la tentation d’utiliser des « thérapies »
comportementalistes pour venir à bout des déviances sociales. Tout ça est porté
par des acteurs excellents aux visages expressionnistes et grimaçants, s’exprimant
dans une étrange novlangue mêlant l’anglais et le russe, adossé sur l’énergie
impérieuse de Ludwig Van et de la 9°symphonie.
A part ça une belle balade
en vélo dans le bois de Vincennes (besoin de plus en plus de l’herbe, du vert,
impérieuse envie de campagne, je voudrais pouvoir sortir de chez moi et
débarquer dans la nature parce que là il faut y aller, on se bouffe de la
pollution sur tout le chemin, la rue de Tolbiac est l’un des pires itinéraires
pour cycliste), l’invitation de ma sœur à déjeuner ce midi pour fêter son
cinquantenaire, (gulp, cinquante ans déjà, et c’est ma cadette !), la lecture de "Villa Amalia" de Quignard, quelques
plaisirs de mots en allant jouer sur la dernière consigne de Coumarine dans
Paroles plurielles…