Beau temps à crier
Soleil magnifique encore
toute cette journée !
Il a fait insurpassablement
beau, beau à crier quand on ne se sent pas en harmonie intérieure avec la
beauté de ce ciel.
Mon envie ce serait de
partir, loin, loin, d’être dans d’autres lieux, avec d’autres gens, dans une
vaste et belle nature, baigné d’immensité. Je me sens terriblement décalé, plus
fortement que jamais il me semble, dans ce moment d’avant-fête.
Pas de promenade ou de
photos cet après-midi. L’aurais-je fait je ne sais pas si j’aurais su en jouir.
Non je suis descendu dans les cavernes de la consommation pour aller moi aussi
chercher mes cadeaux. Malaise récurrent. Chaque année c’est pareil...
Le malaise ne vient pas de la seule situation objective, de ce contraste violent entre la débauche consommatrice et tout ce que l’on sait du monde tel qu’il va, tel qu’il va mal, d’un monde qui n’est pas seulement à l’autre bout de la terre mais parfois juste à notre porte et qui se rappelle à nous, douloureusement. Non le malaise vient surtout des contradictions qui nous traversent au plus intime. Je rechigne à aller chercher des cadeaux tous azimuths pour les uns et les autres mais, en même temps qu’un sentiment d’étouffement, de trop plein qui frise l’indigestion, j’y ai un certain plaisir, j’y vois des choses qui m’attirent et dont j’ai une soudaine envie, à laquelle je cèderai ou pas, ça importe peu. Je trouve qu’on offre trop et en même temps je serais agacé si on m’oubliait. Le côté rituel du repas qui réunit inévitablement toute la famille m’agace mais je ne serais pas prêt à assumer la solitude ce jour là et je sais bien la tristesse de ceux qui sont condamnés à la solitude, qui ne la choisissent pas. Alors j’aurais scrupule à cracher dans la soupe et d’ailleurs je ne le fais pas. Le souvenir des bonheurs des Noëls d’enfant rajoute de surcroît une couche de nostalgie, oui, il y a eu magie de Noël à nos yeux d’enfants, mais la magie ça n’existe pas, on sait trop que jamais on ne retrouvera nos Noëls d’enfants.
Je m’aperçois à lire les
blogs que ce malaise anté-fêtes est assez et de plus en plus partagé, quantité
de gens, pour quantité de raisons qui ne sont pas les mêmes pour chacun, vivent
assez mal cette période. C’est rassurant d’un côté. Mais d’un autre ça ne l’est
pas vraiment, c’est signe aussi de combien nous sommes formatés puisqu’au final
on se laisse faire.
Je me laisserai faire bien
sûr. Je suis un garçon sage et gentil. Je suivrai le mouvement comme tout un
chacun, d’ailleurs je ne vivrai pas mal le moment lui même, je le sais, je me
connais, ce n’est pas la première fois, je me dirai seulement en prime :
« Mon pauvre garçon, quel esprit tortueux tu as, à toujours t’interroger,
à te regarder vivre, pourquoi ne peux-tu vivre ça dans l’immédiateté, dans la simplicité… »
Oui aujourd'hui il faisait
beau à crier. Mais je ne crie pas, je ne crierai pas, crier ce n’est pas mon
genre. Je garde tout ça pour moi (enfin pas tout à fait puisque je le mets en
ligne !), je pose juste au coin de mon cœur une rêverie qui fait mal…
Partir loin… Marcher,
respirer, partager avec quelqu'un qui me ferait vibrer, les émotions, l’éclat
d’un matin neuf, le corps accordé au monde, un repas roboratif, la fatigue d’un
jour accompli, ça ce serait une vraie fête...