Les jumelles (bis)
Aujourd'hui j’ai revu les
jumelles !
Cela faisait plusieurs mois
que je ne les avais pas croisées au point de me demander si elles vivaient
toujours dans le quartier ou même si elles étaient encore de ce monde.
Les voici. Toujours
semblables à elles-mêmes. L’une des deux cependant marche difficilement et
s’aide maintenant de deux cannes. Elle s’est fortement affaissée, elle a bien
dix centimètres de moins que sa sœur désormais. Mais sinon elles sont toujours
exactement copie conforme. Même pantalon et même manteau beigasse, même petit
calot sur la tête, même fichu en plastique transparent noué autour de la tête
pour se protéger de la pluie qui tombait drue ce matin...
Toujours l’une comme l’autre
ce même air sombre, sinistre. Elles marchaient en silence. Ce n’est pas
toujours le cas. Plusieurs fois les croisant j’ai entendu des conversations peu
amènes, l’une en général, houspillant l’autre. Là comme elles arrivaient à un
carrefour et qu’il fallait descendre le trottoir celle qui est la plus valide a
pris le bras de l’autre comme pour l’aider, comme pour la soutenir. C’est la
toute première fois que j’ai surpris un geste de ce genre, peut-être une
tendresse mais peut-être pas dans ce couple absolu, porté par son lien
inentamable comme, j’imagine, par les rancœurs accumulées…
Fascinantes et terrifiantes
jumelles !