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Les échos de Valclair
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16 mai 2007

Sarkoléon à l'offensive

Il faut dire qu’il fait fort le Sarko pour son démarrage. S’il arrive à sortir un gouvernement avec un Kouchner et un Védrine qui ne sont pas exactement des nullités ni non plus de simples transfuges haineux à la Besson, il aura réussi un joli coup.

Il réaliserait alors au moins pour partie ce que Chirac n’a pas voulu faire en 2002 alors qu’il en avait, bien plus que Sarko aujourd'hui, la possibilité en raison des conditions de son élection. Chirac a perdu alors l’occasion de se hisser à une stature historique en s’élevant au-dessus de son camp et de son clan.

Je lui ai toujours trouvé un petit côté Napoléon à Sarko qui se confirme ici, la puissance de travail, l’activité vibrionnante, le volontarisme frénétique, l’autoritarisme et la mégalomanie qui peuvent conduire à des fuites en avant aux conséquences qui pourraient être redoutables. Mais aussi une certaine hauteur, une capacité à faire bouger les lignes, à se situer un peu ailleurs en positif ou en négatif que là où on l’aurait attendu, une certaine capacité tout en restant avant tout un serviteur zélé de la classe et des intérêts sociaux qui le porte et qui mènera donc pour l’essentiel la politique que celle-ci réclame, à s’en émanciper cependant pour partie, à s’émanciper en tout cas des clans particuliers qui le soutiennent. De ce point de vue il est assez jouissif de voir les caciques de la Sarkozie s’étouffer de rage, mais silencieusement, sans trop le montrer, en voyant les maroquins leur échapper au profit des ralliés de la dernière heure, de la gauche ou du centre.

Mais au delà Sarko saura-t-il s’affranchir en accédant à la présidence au moins en partie de ses tropismes personnels et sociaux ? Personnellement je ne le crois pas mais après tout il n’est pas interdit de lui laisser le bénéfice du doute, de le juger sur les actes. Peut-être se révélera-t-il moins pire que ce que l’on pouvait craindre, surtout s’il attache une grande importance à la trace qu’il pourrait laisser dans l’histoire.

Le spectacle que donne la gauche en tout cas est proprement désolant. La gauche radicale, qui a pour elle la justesse de certains diagnostics mais qui est incapable de proposer des solutions, est totalement éclatée, elle n’a eu que l’illusion d’une victoire avec le succès du non au référendum. Au PS et alentour les rancœurs sont tellement violentes qu’on voit mal quels pourraient être les chemins d’une reconstruction confiante. A voir la façon dont sont tirés les couteaux, on se dit même rétrospectivement que la constitution d’une équipe solide autour de Royal, avec des gens n’ayant pas pour objectif premier de se faire des chausse-trappe n’aurait rien eu d’évident et que les improvisations de la campagne auraient pu se retrouver dans la suite. Quant à Bayrou il a toutes les chances d’être laminé par le système surtout si Sarko réussit son opération d’ouverture.

Une recomposition des forces politiques étaient nécessaires. J’espérais qu’elle puisse se faire à l’initiative et sur les positions et les valeurs d’une gauche ouverte, humaniste, non sectaire qui aurait entraîné à sa suite les mouvances écologiques et centristes.

Elles va se faire, en tout cas dans la période proche, sous la houlette et sur les positions et valeurs de Sarkozy qui restent, quelles que soient les habiletés politiques et rassembleuses dont il peut faire preuve, celle du fric roi, de la valorisation de la sphère marchande de la société au détriment de sa part non marchande, de l’affirmation des valeurs individualistes au détriment des solidarités collectives, celles d’une société peut-être ouverte et dynamique pour les forts mais à coup sûr dure pour les faibles.

Ce qui est assez terrible, assez décourageant et qui casse les espérances que l’on se laisse aller à avoir dans l’action politique c’est de réaliser combien les questions de personnes, les affrontements d’egos pèsent derrière les valeurs et les positions affirmées. Combien de projets se perdent dans les sables non pour des raisons de fond mais parce qu’il y eu des rivalités non surmontées entre divers partenaires, concepteurs, metteurs en œuvre. Ça c’est un constat qui va bien au-delà du « politique » d’ailleurs. Je le vis très souvent dans mon propre travail. Ces jours ci même j’en ai eu un exemple. J’attends une décision et quelques équipements allant avec, incompréhensiblement cette décision ne se prend pas, je n’y comprend rien, j’essaie de creuser ce qui peut faire obstacle, je finis par comprendre que de dérisoires hostilités personnelles entre responsables de services ont conduit l’un d’eux à agir pour faire capoter le projet sans autre raison que d’empêcher un succès dont l’autre aurait pu se prévaloir. Ça paraît invraisemblable. C’est plus fréquent, hélas, qu’on ne croit.

Tout ça touche à des ressorts profonds des fonctionnements humains, c’est un peu désespérant ...

Oups je me suis envolé un peu loin du Sarkoléon. Mais en touchant sans doute à de l’essentiel qui transcende le politique.

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Commentaires
P
Ce qui m'a frappé, dans la constitution de ce gouvernement par le président, c'est que l'exécutif émane... De l'exécutif suprême. Je l'avais bien étudié en histoire, jadis, mais rien ne vaut une situation concrète pour mieux "voir" et comprendre.<br /> <br /> Contrairement au système belge où l'exécutif (les ministres) émane des chambres et de toutes les assemblées législatives (il y en a un paquet depuis la régionalisation). Et, pour le fédéral, il y a toujours un formateur de gouvernement (après les élections donc), qui entame des rencontres entre les chambres se constituant, les partis et ce qu'on appelle les partenaires sociaux (et avec le roi, mais qui n'a qu'un pouvoir de plus en plus limité et surtout honorifique). Et parfois même un informateur (quand la situation politique est particulièrement complexe). <br /> <br /> Donc, le mouvement est beaucoup plus lent. <br /> <br /> Intéressant la théorie du Sarkonéon, mais je suppose tout de même (c'est là mon seul bénéfice du doute ;-) qu'il n'entraînera point (;-) la France dans une économie... De guerre et de conquêtes...
V
Il y a du vrai dans ce que dit Qiqaion,bienvenue d'ailleurs Qiqaion, en partie repris par Christine, mais c'est un peu réducteur, il y a des couches populaires qui ont glissé vers Sarko il y a des centre-ville boboisé chez Ségo c'est certain mais n'empêche la carte électorale reste sacrément marquée socialement, Neuilly et le 16° contra les banlieues en déshérence c'est quand même spectaculaire!
C
Oui comment expliquer que les 80% des salariés qui composent la France aient voté Sarko. Ce sont peut-être des détails du style "j'ai une maison à donner à mes enfants, finalement le fait de ne plus payer de droits de successions c'est génial". <br /> Chacun voit midi à sa porte et le partage des richesses pronné par la gauche n'est plus dans les moeurs. Il faut compter avec cet individualisme et la gauche a un énorme travail à faire pour se réorganiser vers des idées novatrices où chacun y trouve son compte, des idées qui tiennent la route dans le monde tel qu'ils est.
Q
«Le duo Sarkozy-Le Pen a recueilli deux fois plus de suffrages des ouvriers et des employés que Ségolène Royal, écrivait récemment Guillaume Bachelay, un proche de Laurent Fabius. Pendant que les inclus des grandes villes, la bourgeoisie d'artistes branchouilles, une partie de la jeunesse et les minorités sont devenus notre base sociale, Sarkozy fait un carton chez les salariés du périurbain et dans le monde rural en parlant travail, pouvoir d'achat, lutte contre les délocalisations et Europe qui protège.» LE TEMPS "Comment NS a gagné la bataille des idées" 18/5/07
V
on a déjà une petite idée ..qui a choisi les membres du gouvernement? pourquoi ce choix pour le role de 1er ministre?...<br /> ensemble? c'était bien marqué en gros sur ces affiches? bon en tout cas kouchner à ce poste je trouve une très bonne initiative ...alors pourquoi pas... :-)
Les échos de Valclair
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