Comment je choisis mes livres
Hélène qui tient le très bon
blog « Aimez-vous lire ? » me demande dans une de ses dernières entrées
comment je choisis les livres que j’achète.
La question m’a d’abord
laissé insensible, je ne me voyais pas très bien y répondre dans la mesure où
il me semblait que je n’avais ni méthode, ni habitude particulière dans ce
domaine et puis comme j’aime bien Hélène et que du coup j’avais envie de lui
répondre et parce qu’on trouve toujours quelquechose lorsque on prend la peine
d’y réfléchir je me suis penché sur la question.
Je dirais que le plus
souvent quand même l’envie d’un livre part de ma lecture régulière du Monde des
Livres. Ça me donne une image, certes partielle, de ce qui paraît :
nouvelles publications d’auteurs que je connais déjà, livres coup de cœur des
critiques, livres dont la thématique rencontre mes intérêts. Ça peut donner
lieu à des achats immédiats lorsque le livre m’attire vraiment ou bien à le
garder en réserve pour quand on me demandera des idées de cadeaux, parfois même
ce seront des achats largement différés « ah tiens ça je le lirai quand ça
paraîtra en poche ».
La seconde source ce sont
les livres dont j’entends parler dans les discussions et par les amis. Elle
permet plus facilement de sortir de l’actualité des parutions. Au détour d’une
conversation tel ou tel évoque tel livre parfois ancien, parfois largement
inconnu et qui l’a marqué et me donne envie de le lire à mon tour. Dans cette
catégorie il y a aussi les livres qu’on découvre à travers les blogs. Ça c’est
la source de lecture qui monte ! Rien ne me plaît plus que d’être séduit
par le compte-rendu d’un blogueur à propos d’une de ses lectures et de me
précipiter à sa suite. C’est bien autre chose que l’approche professionnelle
d’un critique, une part d’affectif s’y niche lié à ce que l’on devine de la
personne en l’ayant lue parfois depuis longtemps ou en l’ayant rencontrée. Je
me souviens, chère Hélène, par exemple de par qui j’ai découvert « Loin de
Chandigarh », (moins connu alors qu’il ne l’est maintenant après l’année
de l’Inde et la publication en poche) et j’adore d’avoir pu à mon tour le faire
découvrir et apprécier à plusieurs lecteurs par le biais de mon propre
compte-rendu.
Par contre je fonctionne
assez rarement par achats coup de cœur, vous savez ce type d’achat par furetage
direct dans les librairies, on se fait accrocher par un titre, par une
couverture, on lit la quatrième de couverture, puis on feuillette, on hume
quelques pages, on se dit que ce livre est pour soi et même qu’il y a urgence
et on embarque le bouquin immédiatement quitte à ce que confronté à la PAL
finalement il ne passe pas en priorité. Quand j’ai un feeling comme ça souvent
je note la référence et vais voir un peu ce qu’on en dit ici et là sur le net
et reviens éventuellement l’acheter quelques jours plus tard, il faut vraiment
que le feeling soit très fort pour que je l’emporte d’emblée.
Ah et puis j’ai aussi autre
chose, qui relève un peu de la maniaquerie ou de la collectionnite. Là on n’est
pas du tout dans le coup de cœur. Plutôt dans la constitution raisonnée de la
bibliothèque, dont je perçois maintenant que je commence à avancer en âge le
caractère dérisoire voire légèrement névrotique. Depuis pas mal d’année, en
gros depuis que j’ai un salaire qui me permet ce genre de folie, j’achète à la
saison des Pléiades les 3 volumes nécessaires pour se faire remettre le fameux
album annuel hors commerce. J’accumule des volumes et des volumes dont je sais
très bien que je ne les lirais jamais entièrement. Mais je ne regrette pas
d’avoir acquis ainsi toute la Comédie humaine et d’en avoir lu finalement une
bonne partie, d’avoir redécouvert Simenon bien au-delà des Maigret lu dans mon
adolescence, d’avoir fait un peu plus qu’aborder Green ce qui fera plaisir à
Sylvia, de m’être plongé en épaisseur dans Leiris et puis aussi d’avoir
approché certains auteurs vers lesquels je n’aurai sans doute pas été
spontanément et de profiter dans tous les cas de la richesse de l'appareil critique des Pléiades.
Tout ça finit par faire une
PAL assez impressionnante. Surtout que j’ai un problème. Figurez-vous que je
lis beaucoup moins qu’avant. Et il n’y a pas de mystère à ça. C’est que je lis
aussi des blogs et qu’ils me prennent beaucoup, beaucoup de temps, qu’il
m’arrive d’écrire comme vous voyez et puis aussi de vivre un peu en dehors de
tout ça. La quadrature du cercle quoi !
L’usage veut dans ce genre
de questionnaire que l’on fasse passer le schmilblick à quelques blogamis. J’en
prendrai quatre qui sont grandes amatrices de livres, allez-y, si vous voulez,
Samantdi, Traou, Coumarine et Pivoine…