Miscellanées
Au fil des jours passés les
sujets ne m’ont pas manqués. L’envie d’écrire si. Ou plutôt l’envie y était
mais pas l’énergie pour se colleter aux mots, pour les accoucher, avec pour moi
chez qui les mots ne coulent pas (ou si rarement) de source tout ce que ça
implique d’effort, de labeur.
Alors voilà juste quelques
moments, quelques pensées, rattrapées au vol de ces entrées non écrites.
Vendredi soir l’équipe de
France de rugby qui s’étale. J’ai presque envie de dire tant mieux ! Non
que j’aie une hargne particulière à l’égard de ce sport. Mais j’ai été assez
exaspéré par l’omniprésence publicitaire et la médiatisation qu’on a créée
autour de l’événement. Elle a mis une telle pression sur les joueurs que l’on
ne peut trop s’étonner qu’ils en aient été paralysés. C’est un jeu, c’est un
sport. Ce ne devrait pas être autre chose. Ce n’est pas la guerre, ce n’est pas
l’avenir du pays. De ce point de vue il y avait du ridicule ou plutôt de
l’indécence, à lire la lettre de Guy Moquet en prélude à la rencontre. Que cela
ait manqué son but ce n’est que justice. Alors si les publicitaires se mordent
un peu les doigts et si Sarko s’en est étranglé de rage sur son banc, tant
mieux. Dommage pour le sport, le vrai, qui devrait être convivial, ludique et
gai.
Samedi retour d’un vrai beau
temps. Sensation estivale comme on n’en a pas tellement connue durant le mois
d’Août. Dès le retour de Constance de son travail à midi, nous filons, ce qui
n’était pas prévu, et allons marcher en forêt de Saint Germain. Porté par les
hautes frondaisons de la forêt, puis par le ciel et les horizons que l’on voit
depuis la Terrasse, soudain me vient une violente envie d’ailleurs. Raté, je
rentre juste de vacances et elles furent longues, je ne peux pas dire que j’en
ai été frustré, je ne vais pas repartir maintenant. Et puis ailleurs,
où ? Il veut dire quoi cet ailleurs ?
Dimanche matin je fais mon
marché de neuf heures. J’aime bien faire le marché. Mais je trouve ça pesant,
ça revient de façon trop répétitive, presque un rite. Et puis qu’acheter pour
changer? Je manque d’imagination. Et la cuisine ? C’est moi qui fait la
cuisine à la maison, pas seulement la cuisine festive mais la cuisine
quotidienne. Et j’aime plutôt ça. Mais par moments me saisit le vertige de la
répétitivité. Alors j’aurai envie d’amener mon petit monde au restaurant aussi
souvent que je voudrais, juste comme ça, par flemme ou pour tromper les
habitudes. Certes mes moyens ne me permettraient pas de le faire souvent mais
de temps en temps pourquoi pas. Or je ne le fais pas, je ne le fais jamais, en tout cas, comme ça, au débotté.
Pourquoi ?
Dans l’après-midi j’aide les
gars (Taupin est en France jusqu’à la fin du mois) à faire des rangements de
fond dans leurs chambres. Ils veulent alléger leurs étagères de bouquins qui
ont abouti chez eux au fil des années et de leurs études. On retrouve des
vieilleries. Tiens voilà ce bouquin d’histoire des sciences qui datait déjà au
temps où j’étais en philo ! On feuillette les chapitres sur la physique,
on discute, plutôt Taupin et Bilbo discutent, j’essaie vaguement de suivre,
c’est un plaisir de se faire expliquer des choses par ses enfants, c’est un
plaisir quand les fils dépassent les pères, un plaisir et aussi une mélancolie
mais un plaisir surtout.
Lundi au bureau. Et
aujourd'hui encore. Des difficultés mais des difficultés de rentrée assez
classiques. Pas de quoi fouetter un chat. Banal. Certaines ne dépendent pas du
tout de moi, là je fais avec, j’ai appris à avaler les couleuvres depuis le
temps. Mais il en est d’autres où mon expertise (où ma soi-disant expertise) a
été requise. Il y avait des décisions à prendre pour quelques adolescents. A
avoir été en face des jeunes eux-mêmes au cours de trop brefs entretiens, j’ai
ressenti quantité de choses d’eux mais aussi, surtout, tout ce qui m’échappait.
Nos décisions ne pouvaient attendre, elles ont été prises à la va-vite. Il
aurait fallu un peu plus de temps. Coups de dés. Sentiment de grand malaise à
être dans cette machine surtout pour les quelques cas où c’est moi qui ai fait
pencher la balance dans un sens plutôt que dans un autre.
Miscellanées ? Un peu
rare et snob le mot ? Mais plaisir du mot justement. J’aime les mots,
j’aime les faire vivre et j’aime contribuer, si peu que ce soit, à ce qu’ils ne
s’éteignent pas…