La nuit, le jour...
Quelle joli week-end. Comme
si les belles journées qui ont manqué cet été s’étaient mises en réserve pour
ressurgir en sa parant des couleurs mordorées de l’automne.
Samedi soir on a circulé à
vélo parmi les installations de la Nuit Blanche, dans sa partie est, la plus
proche de chez nous, accumulant les minis impressions dont voici quelques unes
parmi d’autres :
La dalle des Olympiades et
la tentative d’y faire un travail de quartier en mêlant images et sons de
personnes habitant ou passant par là, un joli hymne à la diversité, un bel
appel à la reconnaissance de l’autre, c’était plein de bons sentiments mais un
peu confus et peu accrocheur plastiquement ;
En face le mur animé,
projections géantes sur la Fac Tolbiac, coloré, vivant, joyeux, les enfants
présents adoraient et nous aussi on aimait bien ;
Les voitures faussement
végétalisées, lumineuses dans la nuit, le long de la Rue Tolbiac ;
Les capharnaums plutôt
foutraques sur la dalle de la Grande Bibliothèque, où se mêlaient faisceaux du
lumière et projections d’images, sons électroniques et parole humaine,
mouvements initiés par des mécaniques bizarres et sophistiquées ou par les jeux
du vent. Tout ça était amusant, cocasse même parfois par l’étrangeté des
associations, on peut y passer un bon moment pas désagréable mais on ne peut
s’empêcher de se demander quel est le sens de tout ça qui paraît plutôt gratuit
au final ;
L’autobus dressé, comme une
fusée, dans le parc de Bercy, avec, provenant de ses phares deux puissants faisceaux
lasers à la conquête du ciel, une sonorisation évoquant le voyage, la chant des
grillons comme un parfum d’ailleurs, des transats au pied sur lesquels
s’installer dans cette belle nuit, malgré la fraîcheur tombante, nous sommes
restés un temps assez long, c’est le moment que j’ai préféré je crois, porteur
de rêverie…
S’y mêlaient à l’heure où
nous déambulions dans la Nuit Blanche les rumeurs parvenues des cafés où les
amateurs de rugby suivaient le fameux match bleus/all blacks. Je me suis avancé
à un moment pour essayer de lire l’écran. 70/13 ai-je cru voir ! Je me
suis dit : oulà quelle pilée ! En même temps l’ambiance dans le café
ne me paraissait pas à l’unisson. En fait ce que j’avais vu c’était le temps
joué, 70 mn et 13 secondes ! Renseignements pris j’ai compris qu’on en
était à ce fameux 18-20 et que toute la tension des spectateurs se résumait
dans ce « tiendront-ils ? ». Peu de temps après les cris et
chansons n’ont plus laissé aucun doute sur l’issue, la foule s’est répandue
dans les rues, Nuit Blanche et Fête du Rugby se sont mêlées dans une ambiance
il faut le dire plutôt bon enfant et sympathique.
C’est vrai qu’on aurait pu
continuer longtemps ainsi, poursuivre plus loin la promenade, y passer la nuit,
il y avait mille choses à voir, à ressentir. Mais l’accumulation ce n’est pas
évident non plus. C’est ce qui caractérise aussi ce genre de manifestation où
tout se mêle. On voudrait être partout à la fois. On sait que c’est éphémère,
on a le regret de cet éphémère.
D’un certain côté ça me fait
penser à internet avec cette multitude de sollicitations, ces mille choses que
l’on peut croiser, apercevoir, dont on peut happer une bribe, et devant
lesquelles on va passer sans s’arrêter ou si peu, papillonner, zapper quoi… Il
manque ce temps d’absorption longue, de concentration face à l’œuvre, celui que
l’on a par exemple face à un livre que l’on juge essentiel, dont on va
s’accompagner pendant des semaines, sur lequel on va revenir.
Alors pour évoquer cette nuit plutôt que de saisir tel ou tel dispositif par une image fixe, je vous mets volontairement cette photo, ce tremblé, nuit, lumière, mouvement…
Dimanche la journée a été magnifique. Mon quartier était envahi par un de ses traditionnels vide-greniers. J’y ai fait une agréable déambulation dans la tiédeur de l’après-midi, je n’allais pas chercher des objets ou des livres, j’en ai déjà trop et de toute façon je ne suis pas un bon chineur. Mais quel plaisir de me balader appareil photo en bandoulière et de tenter de croquer ici ou là une atmosphère, une gueule, un objet. Cette journée éclatante était un beau pendant de la jolie nuit qui l’avait précédée.