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Les échos de Valclair
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4 février 2008

Varia du week-end

Week-end tranquille. J’étais seul à la maison presque tout le temps, ni femme, ni fils, occupés ailleurs l’un et l’autre. Au final un week-end plutôt agréable quoique un peu solitaire, marqué avant tout par la sensation de ne plus avoir mal au crâne après le chape de plomb de vendredi, par la jouissance de se sentir à nouveau simplement léger. Et j’ai l’impression du coup d’avoir presque l’obligation de rendre compte de mon week-end, comme un besoin de donner de mes nouvelles après que quelques un(e)s se soient gentiment manifestés par commentaires ou mails privés. Le voudrait-on, on échappe difficilement à l’aspect communicationnel du blog !  Mais après tout, c'est tant mieux!

Ça va mieux donc. Enfin ça va à peu près. Car si le mal s’est éloigné, je sens qu’il n’est pas loin. La douleur est prête à se réveiller. L’usage de l’ordinateur, l’effort visuel qu’il suppose, m’ont poussé à ne pas m’éterniser en visites blogosphériques et autres zappings pas plus qu’en tentatives d’écriture sur mon traitement de texte, je sentais la douleur revenir. Samedi comme dimanche j’ai décollé de la maison vers midi après un casse-croûte sommaire. Sortir, marcher, profiter d’un soleil plutôt généreux, se faire un peu secouer la tête par le vent, c’était la meilleure thérapie même si j’ai complété mes après-midi par salle obscure et visite d’expo…

J’ai vu samedi « Lust, caution ». J’ai bien aimé. Hong Kong et Shanghai pendant la seconde guerre mondiale, la Chine entre résistants nationalistes et collaborateurs pro-nippons, ça fait un bon sujet pour partir en voyage dans l’espace et le temps. Je suis plutôt bon public pour ce genre de film dès lors que la reconstitution est convaincante, ce qui est le cas ici. Ce n’est sûrement pas un grand film qui marquera mais c’est un bon film, très bien fait. Les acteurs principaux sont excellents, ils parviennent bien à faire ressortir l’ambiguïté des personnages. Tony Leung est impressionnant, il fait ressentir physiquement à la fois la dureté implacable du personnages et ses failles secrètes. La jeune Tang Wei est également excellente par sa capacité à faire ressortir les différentes facettes de son personnage : l’étudiante innocente, réservée mais déterminée, la jeune actrice qui prend conscience du pouvoir que lui confère son art et qui s’investit totalement dans le rôle de séductrice qu’elle est amenée à incarner, la femme amoureuse et très sexuelle dont la relation avec celui qu’elle devait piéger devient plus complexe qu’elle ne l’imaginait. C’est le vrai sujet du film d’ailleurs, au-delà de la reconstitution historique : où est la vérité de soi entre les rôles que l’on est amené à jouer, ces rôles ne finissent-ils par nous envahir, nous investir, ne devient-on pas ce rôle que l’on joue ? C’est un peu la même question que celle que j’avais posée il n’y a pas si longtemps à propos de l’écriture : les mots que nous produisons à propos de nous mêmes et qui parfois nous échappent, ne deviennent-ils par notre vérité plus que ce que nous sommes.

Lust_caution

Dimanche il y avait toujours un même généreux soleil quoique se voilant à mesure que l’après-midi avançait. Contraste entre ce soleil qui chauffe étonnamment lorsqu’on est à l’abri et le vent qui est fort et froid. En certains lieux comme l’esplanade de la Bibliothèque où se créent des appels d’air entre les tours il fait même glacial, mais on respire au moins, ça aère la tête. Une fois de plus j’ai déambulé entre Bercy et la Bibliothèque, profitant de ma passerelle favorite entre Seine et ciel…

J’ai été voir l’exposition « Eros au Secret », retraçant l’histoire de l’Enfer de la BnF et présentant quantité de manuscrits, d’éditions anciennes ou de superbes pièces bibliophiliques plus modernes et des « curiosa » de tous ordres. Il y a beaucoup d’illustrations très variées bien au-delà de ce qu’on connaît habituellement, gravures libertines du 18° siècles ou photos licencieuses de la belle époque. La foule est au rendez-vous, bien plus qu’à d’autres expos que j’ai pu voir dans ce lieu. Le sujet manifestement est porteur ! Cela dit le public est conforme dans sa diversité à un public classique d’exposition. Pas plus de vieux messieurs libidineux ou d’adolescents boutonneux qu’ailleurs ! Les gens visitent avec décontraction, sans rouge aux joue, quels que soient leur style, gentils couples, jolies étudiantes ou mamies coureuses d’expos, montrant bien par là combien tout ce qui a trait à la sexualité s’est dédramatisé et est désormais reconnu comme une part comme une autre de ce qui fait l’humain, susceptible de donner lieu à création artistique et à production de beauté. (Enfin, reconnu en surface en tout cas. Au fond des corps et des cœurs c’est sûrement plus compliqué. En plus la surexposition médiatico-publicitaire qu’induit une société qui place le bonheur dans la consommation, et cette sorte d’impératif du jouir qui l’accompagne, créent aussi d’autres problèmes). L’expo en tout cas se voit avec intérêt et plaisir. Elle montre naturellement que sur ce terrain notre époque n’a rien inventé, que la variété des pulsions et des désirs, que leur expression par les mots et par l’image n’est pas d’aujourd'hui, que ce qui change c’est leur exposition, leur rapport à l’espace public. On s’en serait douté !

Les fins d’après-midi, l’une comme l’autre, ont été plus languides. Avec cette impression que la journée se ferme comme la nuit tombe. Avec le retour à la maison où il n’est nulle surprise. Avec la perspective de la semaine à venir au bureau qui n’a rien d’enthousiasmant, une semaine qui s’annonce beaucoup plus calme que la précédente mais ce n’est pas forcément gage de me sentir mieux dans mes baskets professionnels. Enfin bref, tout ça…

BnF_et_Bercy__fev_08_007

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Commentaires
V
Ah oui je viens de voir ça. Sympa ce tag transatlantique! Je pense que je vais jouer mais demain ou après-demain, pour l'heure je poste mon billet du jour...
O
La lumière semble si douce, le regard acéré mais tendre... J'aime ces balades dans ton Paris...<br /> <br /> Et, aussi, euh (je rougis vaguement), je viens de te taguer sur mon site mais, surtout, ne te sens pas obligé d'y répondre...
V
C'est vrai Feuilly globalement. Mais je pense que poser la volonté de sincérité ne suffit pas à tout régler, à assurer que l'on est véridique. Et je ne le dis pas uniquement en référence aux autres, cela peut concerner presque autant celui qui écrit un journal intime que personne ne lit: on peut très bien se raconter des histoires à soi-même, chercher sans se l'avouer à se tromper soi-même. Parfois, le plus souvent en effet dans le discipline d'écrire on clarifie, mais pas toujours, pas toujours... <br /> Claudio vous allez me faire rougir avec de telles louanges sûrement excessives mais merci vraiment, ça me fait plaisir tout simplement et ça m'encourage.<br /> Quant à cette expo, l'absente, oh mes chères absentes, si tu veux, derechef, j'y retourne avec toi, sourire...
A
hey j'croyais qu'on devait la voir ensemble cette expo! <br /> bon, tu me raconteras alors...<br /> <br /> tu fais partie des vieux messieurs libineux ou des adolescents? :))<br /> ...des adolescents curieux, c'est certain. ;)
C
Parce que je lis chacun de vos billets avec beaucoup de plaisir et aussi parce que vous parvenez à intéresser le lecteur que je suis, celui-là plongé dans la blogosphère en dépit de tous ces livres qui font partie de ma "pile à lire", il m'est difficile aujourd'hui de passer à côté d'une évidence à laquelle vous avez fort probablement et depuis longtemps été confronté et qui peut-être aujourd'hui se manifeste peut-être encore plus indubitablement dans votre quotidien. Cette évidence, c'est l'écrivain que vous êtes et qui est là, debout devant l'adversité, sincère comme la pluie, et qui se pose l'âme nue devant le monde, à la recherche d'une vie dedans la vie. <br /> <br /> Avec des blogs comme le vôtre, vous permettez à mon âme voyageuse et mon corps sédentaire de quitter un tant soit peu la frivolité de notre hiver québécois. Vos mots résonnent bien et longtemps.
Les échos de Valclair
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