Varia du week-end
Week-end tranquille. J’étais
seul à la maison presque tout le temps, ni femme, ni fils, occupés ailleurs
l’un et l’autre. Au final un week-end plutôt agréable quoique un peu solitaire,
marqué avant tout par la sensation de ne plus avoir mal au crâne après le chape
de plomb de vendredi, par la jouissance de se sentir à nouveau simplement
léger. Et j’ai l’impression du coup d’avoir presque l’obligation de rendre
compte de mon week-end, comme un besoin de donner de mes nouvelles après que
quelques un(e)s se soient gentiment manifestés par commentaires ou mails
privés. Le voudrait-on, on échappe difficilement à l’aspect communicationnel du
blog ! Mais après tout, c'est tant mieux!
Ça va mieux donc. Enfin ça
va à peu près. Car si le mal s’est éloigné, je sens qu’il n’est pas loin. La
douleur est prête à se réveiller. L’usage de l’ordinateur, l’effort visuel
qu’il suppose, m’ont poussé à ne pas m’éterniser en visites blogosphériques et
autres zappings pas plus qu’en tentatives d’écriture sur mon traitement de
texte, je sentais la douleur revenir. Samedi comme dimanche j’ai décollé de la
maison vers midi après un casse-croûte sommaire. Sortir, marcher, profiter d’un
soleil plutôt généreux, se faire un peu secouer la tête par le vent, c’était la
meilleure thérapie même si j’ai complété mes après-midi par salle obscure et
visite d’expo…
J’ai vu samedi « Lust, caution ». J’ai bien aimé. Hong Kong et Shanghai pendant la seconde guerre mondiale, la Chine entre résistants nationalistes et collaborateurs pro-nippons, ça fait un bon sujet pour partir en voyage dans l’espace et le temps. Je suis plutôt bon public pour ce genre de film dès lors que la reconstitution est convaincante, ce qui est le cas ici. Ce n’est sûrement pas un grand film qui marquera mais c’est un bon film, très bien fait. Les acteurs principaux sont excellents, ils parviennent bien à faire ressortir l’ambiguïté des personnages. Tony Leung est impressionnant, il fait ressentir physiquement à la fois la dureté implacable du personnages et ses failles secrètes. La jeune Tang Wei est également excellente par sa capacité à faire ressortir les différentes facettes de son personnage : l’étudiante innocente, réservée mais déterminée, la jeune actrice qui prend conscience du pouvoir que lui confère son art et qui s’investit totalement dans le rôle de séductrice qu’elle est amenée à incarner, la femme amoureuse et très sexuelle dont la relation avec celui qu’elle devait piéger devient plus complexe qu’elle ne l’imaginait. C’est le vrai sujet du film d’ailleurs, au-delà de la reconstitution historique : où est la vérité de soi entre les rôles que l’on est amené à jouer, ces rôles ne finissent-ils par nous envahir, nous investir, ne devient-on pas ce rôle que l’on joue ? C’est un peu la même question que celle que j’avais posée il n’y a pas si longtemps à propos de l’écriture : les mots que nous produisons à propos de nous mêmes et qui parfois nous échappent, ne deviennent-ils par notre vérité plus que ce que nous sommes.
Dimanche il y avait toujours
un même généreux soleil quoique se voilant à mesure que l’après-midi avançait.
Contraste entre ce soleil qui chauffe étonnamment lorsqu’on est à l’abri et le
vent qui est fort et froid. En certains lieux comme l’esplanade de la
Bibliothèque où se créent des appels d’air entre les tours il fait même
glacial, mais on respire au moins, ça aère la tête. Une fois de plus j’ai
déambulé entre Bercy et la Bibliothèque, profitant de ma passerelle favorite
entre Seine et ciel…
J’ai été voir l’exposition
« Eros au Secret », retraçant l’histoire de l’Enfer de la BnF et
présentant quantité de manuscrits, d’éditions anciennes ou de superbes pièces
bibliophiliques plus modernes et des « curiosa » de tous ordres. Il y
a beaucoup d’illustrations très variées bien au-delà de ce qu’on connaît
habituellement, gravures libertines du 18° siècles ou photos licencieuses de la
belle époque. La foule est au rendez-vous, bien plus qu’à d’autres expos que
j’ai pu voir dans ce lieu. Le sujet manifestement est porteur ! Cela dit
le public est conforme dans sa diversité à un public classique d’exposition.
Pas plus de vieux messieurs libidineux ou d’adolescents boutonneux
qu’ailleurs ! Les gens visitent avec décontraction, sans rouge aux joue,
quels que soient leur style, gentils couples, jolies étudiantes ou mamies
coureuses d’expos, montrant bien par là combien tout ce qui a trait à la
sexualité s’est dédramatisé et est désormais reconnu comme une part comme une
autre de ce qui fait l’humain, susceptible de donner lieu à création artistique
et à production de beauté. (Enfin, reconnu en surface en tout cas. Au fond des
corps et des cœurs c’est sûrement plus compliqué. En plus la surexposition
médiatico-publicitaire qu’induit une société qui place le bonheur dans la
consommation, et cette sorte d’impératif du jouir qui l’accompagne, créent
aussi d’autres problèmes). L’expo en tout cas se voit avec intérêt et plaisir.
Elle montre naturellement que sur ce terrain notre époque n’a rien inventé, que
la variété des pulsions et des désirs, que leur expression par les mots et par
l’image n’est pas d’aujourd'hui, que ce qui change c’est leur exposition, leur
rapport à l’espace public. On s’en serait douté !
Les fins d’après-midi, l’une comme l’autre, ont été plus languides. Avec cette impression que la journée se ferme comme la nuit tombe. Avec le retour à la maison où il n’est nulle surprise. Avec la perspective de la semaine à venir au bureau qui n’a rien d’enthousiasmant, une semaine qui s’annonce beaucoup plus calme que la précédente mais ce n’est pas forcément gage de me sentir mieux dans mes baskets professionnels. Enfin bref, tout ça…