Retour du fils prodigue
Enfin façon de dire et pour
le plaisir de la formule ! Il n’est pas spécialement prodigue le
fiston !
Mais il est loin. Pas si
loin à vrai dire, juste en Angleterre à trois heures d’Eurostar ! Mais on
ne le voit plus très souvent. Il n’était pas venu depuis Noël, nous avons juste
eu de ses nouvelles par quelques mails et tchats. Rien que de très normal. Il a
l’âge de prendre de la distance. Je ne tiendrai pas à avoir un Tanguy accroché
à mes basques. Mais enfin il commençait à nous manquer sérieusement et son
retour est une fête.
Ça c’est le bon côté de cet
éloignement. Chaque retour nous donne bien plus de plaisir que si nos
rencontres étaient fréquentes, que si nous pouvions nous voir d’un simple coup
de métro.
On se croise surtout car il
a bien sûr un emploi du temps surchargé pour voir tous les vieux potes
parisiens dont il veut profiter pendant les trois brèves journées de son
séjour. Mais on a le temps quand même de se poser, nous et lui.
Jeudi soir déjà j’avais eu
le plaisir de préparer pour l’accueillir des magrets de canard sauce marchand
de vin, pommes de terre sautées et confiture d’aubergines. Avec un vieux
Cahors. Un régal. Il y a toujours quelquechose de fort dans l’échange autour
d’un repas qu’on a soi-même préparé. Et nous aurons un autre moment de partage
demain, nous ferons un repas avec mon père, la maman de Constance, ma sœur, ce
sera l’occasion de fêter son anniversaire, son quart de siècle. Quart de
siècle !
Entre autres choses je lui offre
« Mai 68, raconté à ceux qui ne l’ont pas vécu » de Patrick Rotman.
Je ne peux éviter tout à fait de céder à la frénésie commémorative. Je me
laisse faire même avec un certain plaisir. En tout cas ce petit livre est très
bon, très clair. Je l’ai avalé cette nuit, profitant d’une insomnie. Il
explique bien l’articulation des trois temps de mai (moment étudiant, moment
social, moment politique) et replace intelligemment ce bref épisode d’histoire
dans un contexte géographique et temporel plus large.
Dans la foulée j’ai acheté
pour moi « Le jour où mon père s’est tu ». Dans ce bouquin Virginie
Linhart se lance à la recherche de certains de ses contemporains, enfants de
militants très engagés de Mai, pour exorciser sa propre douleur face à un père,
dirigeant historique des maoïstes de la rue d’Ulm qui fut un des hommes brisés
de l’après mai. C’est un sujet qui m’intéresse beaucoup et sur lequel sûrement
je reviendrai.