Roc Amadour

Nous sommes partis ce matin après une dernière réunion de chantier qui nous a entre autre permis de trouver peut-être enfin la solution pour recréer une cheminée aux normes dans la grande pièce du rez de chaussée sans casser l’existant. (On n’a vraiment pas envie de plaisanter avec les normes de sécurité incendie !)

Il faisait un temps superbe quand on est parti, presque à midi, traçant vers Rocamadour où nous voulions passer une partie de la journée.

On est tombé dans une manif d’agriculteurs sur la rocade de Montauban qui pour conclure une opération escargots ont déversé des monceaux de pommes presque sous nos roues. Inévitable conflit intérieur ! Bien fondé des revendications peut-être, sans doute même quand on sait les difficultés que vivent les agriculteurs notamment les petits producteurs, mais agacement, voire exaspération face aux moyens employés pour se faire entendre quant on se trouve personnellement gêné par l’action !

Du coup on est arrivé à Rocamadour dans l’après-midi bien avancée. On s’est promené dans le village déjà en partie plongé dans l’ombre. On n’a pas pu monter vers les sanctuaires adossés à mi-pente du rocher car le grand escalier est en réfection et l’ascenseur venait d’effectuer sa dernière rotation. On a un peu traîné, pris un pot puis on a repris la voiture et on est monté jusqu’à l’esplanade du château. Et là on a découvert qu’il y avait en fait un autre moyen d’accéder aux sanctuaires, un chemin de croix qui descend par des lacets serrés jusqu’aux églises. On l’a emprunté, un peu vexé de n’avoir pas su plus tôt qu’il y avait cette possibilité. Certaines églises et chapelles restaient accessibles : la cavité où le corps intact de Saint Amadour est censé avoir été retrouvé, une petite chapelle avec une vierge noire communiquant avec une autre église en partie troglodyte. Impression étrange à découvrir ces lieux entre ciel et roc, presque par surprise et absolument vide à cette heure là de toute présence humaine. On se demandait même si on n’allait pas se trouver enfermé là par quelque gardien surgi de nulle part. La batterie de mon appareil photo m’a lâché. Petite déception sur le moment et puis finalement satisfaction à être là dans la solitude, dans la pure présence, dans le pur regard, sans ce dédoublement qu’impose le cadrage photographique de l’image, dans une forme d’émotion quasi spirituelle même si mes convictions athées me tenaient à distance de l’aura spécifiquement religieuse du lieu.

On s’est arrêté un peu plus loin sur la Causse dans l’hôtel tranquille où nous avions réservé. Mon magret au baie de cassis était excellent comme le vin de noix qu’on a pris à l’apéritif et la bonne bouteille de Cahors qui a suivi. Là je me suis glissé dans mon lit, j’écris ces quelques mots, je m’apprête à faire dormir mes yeux, demain retour Paris et reconnexion généralisée…

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