Canicule et cravate
C’est curieux comme les
choses basculent. Ce week-end j’ai vécu la chaleur comme agréable. Aujourd'hui
comme très pénible. Il a fait un peu plus chaud certes mais à peine, simplement
la chaleur s’emmagasine, réverbérée par les murs des maisons et le bitume des
rues et des trottoirs. L’air semble commencer à manquer. Place du Châtelet et
rue de Rivoli que j’ai traversé ce midi j’ai trouvé que l’air grattait la
gorge, que la pollution commençait à se sentir, ça c’est le signe du basculement
dans la chaleur pénible. La bonne chaleur ne dure jamais longtemps à Paris,
elle devient très vite écrasante.
Mais au-delà du fait
objectif il y a aussi que les conditions aujourd'hui n’étaient pas les mêmes.
Je n’étais plus dans le loisir et dans la promenade paisible. Je travaillais.
J’ai été dans la presse toute la journée passant d’une réunion et d’un bout de
Paris à l’autre. Les transports en commun étaient pénibles comme la marche
rapide que j’ai dû effectuer pour ne pas être en retard. Ça change pas mal de
choses ça. Et encore aujourd'hui j’étais habillé léger, léger...
Mais je rentre dans ce
moment de mon activité professionnelle où se multiplient des réunions
institutionnelles avec des chefs de divers niveaux et acabits et dans lequel
l’usage veut que je porte veste et cravate ce qui heureusement n’est pas mon
quotidien professionnel. Demain donc je suis censé mettre cravate. Censé
pourquoi ? Parce que les pairs en portent ? Parce que c’est
l’habitude ? Mais je me dis : pourquoi donc ? Et spécialement
avec cette chaleur où cet attirail devient franchement désagréable à porter.
Pourquoi ferais-je comme les autres ? D’ailleurs tous feront-ils ainsi, je
remarque année après années que les choses sur ce terrain aussi changent
doucement. Pourquoi ne m’autoriserais-je pas à venir col ouvert ?
Travaillerais-je moins bien ? Serais-je moins efficace ? Qu’est ce
que cela change sinon une image de conformité donnée aux autres.
Je crois que demain je vais
tenter d’y aller sans cravate. Je dis bien tenter car souvent à la dernière
minute le conformisme l’emporte, je crains d’être seul de mon espèce, je n’ai
pas envie de risquer de m’afficher.
Mais comme c’est ridicule.
Et pas si éloigné de tas de réflexion de ces derniers jours, ici ou là sur les
blogs sur l’image que l’on donne de soi. Ne pas faire qu’elle soit déterminée
par le regard ou l’attente des autres (ou ce qu’on suppose être l’attente des
autres car plus vraisemblablement ils s’en foutent !). Oser être conforme
à soi-même. Oser être soi. Simple à dire. Parfois pas si simple à assumer…
Allez je verrais demain
matin, en attendant je vais aller prendre un bain frais. Histoire de me
rafraîchir les idées.