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Les échos de Valclair
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16 octobre 2006

Au pied de la Tour Eiffel

J’étais parti hier dimanche en début d’après-midi pour aller découvrir le Musée du Quai Branly. Quel temps délicieux pour cette mi-octobre. Un soleil généreux et doux qui permet de se promener blouson ouvert, juste un soupçon de brume pour adoucir la lumière, les feuilles qui commencent à se colorer d’automne. Impossible dans ces conditions d’aller s’enfermer à l’intérieur, envie de profiter jusqu’au bout de cette douceur qui se prolonge, la visite du Musée ce sera pour les temps de pluie et de frimas…

Plaisir de la photo, plaisir d’attraper des bouts de paysage, paysages mille fois vus mais que la mise en image peut faire percevoir sous des angles inhabituels, plaisir aussi d’attraper des bouts de vie. Promenade en bords de Seine, autour de la Tour Eiffel, dans les jardins du Champs de Mars. Les touristes en troupe bien sûr mais aussi des visages, des attitudes, des individualités singulières. Trois mamis sous la cathédrale de métal, ce type lisant impavide assis à même la dalle de bitume au milieu de la foule, plus loin la douceur des pelouses où se reposent des promeneurs, se bécotent des amoureux. Voici des enfants du quartier, (oui il y en a !) jouant au ballon un peu à l’écart près de leurs beaux immeubles hausmanniens, fillettes en jupe plissées, garçons en impeccables pantalons style culottes de golf, sortant d’un repas de famille peut-être, voici ces deux belles jeunes femmes s’embrassant à bouches passionnées, voici, vision moins plaisante, des militaires sous leur béret rouge qui patrouillent mitraillette au poing.


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Passent une troupe de musiciens. Je les suis. Ils s’arrêtent un peu plus loin, sur la place Jacques Rueff et commencent à donner l’aubade. La foule nombreuse attend manifestement quelque chose. La circulation est coupée, il y a des mouvements divers des organisateurs, on nous fait reculer, je ne m’enquiers pas sur ce que l’on attend, préférant la surprise. Débarque un défilé de bus anciens de la Ratp, précédé de chars évoquant à chaque fois une période, les poilus de la grande guerre, le temps des premiers congés pays, Saint Germain des années 50, les années plus proches. Et voici les bus modernes, les prototypes non encore en service, les bus écolos, bref c’est une opération de communication, mais il y en a de pires, je suis bon public. De l’amour encore dans la foule : une jeune femme fait glisser lascivement sa jambe court vêtue et joliment bottée entre celles de son compagnon, je m’amuse à tenter d’en voler l’image mais n’est pas Doisneau qui veut !

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Plaisir aussi des écarts. S’éloigner de la foule. A trois pas il y a des coins infiniment calmes, une pièce d’eau, un héron méditatif, un somptueux platane au feuillage d’or. C’est là que je m’assieds un moment pour griffonner quelques mots dont ensuite j’ai fait cette note.


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Je fais ce genre de promenade en solitaire. Constance sollicitée souhaite le plus souvent pendant ses week-end des rythmes très lents ou encore s’assomme de choses matérielles à faire. M’est avis qu’elle s’impose certaines obligations qui n’en sont pas. Mais suis-je aussi assez persuasif pour l’entraîner à sortir de ses routines ? Est-ce que je fais tout ce qu’il faut pour recréer du lien, pour recréer de l’envie ? Ce n’est pas si sûr. Ambivalence de ma part. Je m’arrête car sinon je me laisserai porter à aller trop loin.

Et puis d’une certaine façon j’aime bien ces promenades solitaires. Cela me donne cette légèreté de déplacements juste là où l’impulsion de mon pas ou de mon regard me conduit, qui me permet d’aller et venir, m’attarder, laisser traîner mon regard là où je le veux, m’éterniser dans la prise d’une photo, attendant le moment propice, sans être gêné d’imposer le rythme propre de mon musardage à autrui. Mais j’y ressens aussi parfois le manque de l’échange et du partage, ce besoin d’être deux, que ramène avec elle souvent, comme une nostalgie, les images des amoureux croisés.

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Commentaires
S
Bravo pour vos photos et votre récit :)) C'est très bien fait :)) J'adore :)) Je suis sur trivago.fr, c'est une communauté du voyageur, ou chacun partage ses photos et ses expériences :)) Je vous laisse le lien si vous ne connaissez pas :))<br /> <br /> http://www.trivago.fr/paris-36103/hotel/la-tour-eiffel-13444<br /> <br /> MErci encore pour cette partie à Paname +++
V
Merci Pivoine pour cette référence. C'est vrai qu'en France on connait vraiment peu les écrivains des autres territoires de la francophonie, les belges ou les québécois, c'est en vous fréquentant, blogueurs et blogueuses d'ailleurs, qu'on les découvre.<br /> <br /> Pas faux Alain. C'est sûr que dans ce genre de promenade il m'arrive de penser au partage que j'en ferai ensuite en mots ou en images, partage qui porte ma promenade, contribue à lui donner sens.
A
Es-tu si seul que cela dans ces promenades ? : Tu as ton appareil photo, ton carnet, tu y inscrit qq mots.<br /> Tout cela c'est un peu "pour nous"... non ?<br /> <br /> J'aime quand tu nous fais visiter Paris comme ça, avec ton regard, ton esprit et ton coeur.
C
S'arrêter d'écrire pour ne pas dire l'usure, la lassitude,l'envie d'être et d'être à deux. Mais avec elle ? Eh non, pas sûr, pas vraiment... La page ne se tournera pas d'elle même...reste la douceur de vivre, à Paris, l'automne...c'est pas si grave après tout. <br /> Samedi, dans une autre ville, un couple photographiait la vie. Je les ai suivi à distance, m'arrêtant là où ils s'arrêtaient, essayant de voir ce qu'ils avaient vus. Je trouvais l'idée amusante, me donnant un ojectif...<br /> Je me suis cependant lassée très vite, trop seule cette fois pour m'amuser, triste avant tout, malgré le soleil. Mais octobre est un mois magique et, apaisée par un curieux sentiment de plénitude, j'ai regagné ma cabane en bois, au milieu de nul part.
C
Je me laisse porter comme toujours par tes mots. J'avais l'impression d'y être avec toi. N'est-ce pas aussi cette envie de raconter qui fait que tu aimes ces promenades en solitaire. Voir pour faire voir. J'aimerais pouvoir raconter ma montagne comme tu le fais pour ta ville, mais il n'est pas dit que je n'essaierai pas un jour.
Les échos de Valclair
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