Donc, Ségolène...
Ce sera donc Ségolène.
J’ai une appréciation assez
mitigée à son égard comme je l’avais manifesté ici et là.
J’avais assisté avec
sympathie aux tous premières manifestations d’intérêt en sa faveur avant
qu’elle ne s’engage elle-même et que ne déferle l’engouement qui l’a portée.
J’ai assisté sur des blogs amis au lancement de Ségo 2007 dont les premières
entrées remontent à novembre 2004, c’était un peu sous la forme :
« tiens une femme ça serait bien, pourquoi pas Ségolène ? », Camille,
Manu, (Alain aussi si je me souviens bien) ne pensaient sûrement pas au départ
que la mayonnaise prendrait d’une façon pareille, c’était une démarche mi
sérieuse , mi pavé dans la mare, enfin c’est comme ça que je l’avais pour
ma part ressentie à l’époque.
Je suis passé par des phases
plus ou moins ségoléniennes. J’ai même failli prendre l’adhésion « spécial
primaires » avec l’idée de voter pour sa désignation. Mais si j’avais
adhéré je crois qu’au final j’aurais mis un bulletin Strauss Kahn dans l’urne.
Je suis assez séduit par la
part de renouvellement qu’elle introduit, par sa façon de faire de la politique
autrement et surtout par sa capacité à briser certains tabous et à sortir de la
langue de bois. Mais je suis agacé par ses formules à l’emporte pièce qui
n’abordent souvent qu’une part du problème et par ses poses, avec cet éternel
sourire en particulier qu’on finit par ressentir comme purement mécanique et
donc comme finalement désincarné.
Sur les questions de l’école
en particulier que je connais tout de même assez bien ce qu’elle dit est faible
et il faut le dire plutôt démagogique même si elle pointe de vrais problèmes.
Je ne pousse pas des cris d’orfraie comme certains lorsqu’elle évoque les 35
heures pour les profs, il y a là en effet une vraie question qui interroge en
réalité le contenu même du métier d’enseignant en France (il faudrait dire
d’ailleurs DES métiers d’enseignant). Mais les profs qui donnent des petits
cours à côté ce n’est vraiment pas le problème ! De même je pense que la
carte scolaire sous sa forme actuelle est devenue le lieu d’une hypocrisie
majeure qu’il est temps d’oser affronter (Ah le double langage de la FCPE,
entre les positions générales et les pratiques individuelles des militants qui
sont les premiers à faire du consumérisme scolaire pour leurs propres enfants
d’autant mieux qu’ils connaissant parfaitement toutes les ficelles du
système !)
Je ne reproche pas à Royal
de ne pas avoir une réponse toute faite, un programme tout ficelé sur ces
questions, je lui reproche sa façon de les poser, de façon très limitée, à
partir de dysfonctionnements qui ne sont que des conséquences, pas à partir des
causes, pas en prenant les questions dans leur ampleur et dans le réel c’est à
dire en tenant compte de leurs divers aspects et de contraintes historiques,
psychologiques, matérielles qu’on ne balaiera pas d’un trait de plume. Sur le
point précis du temps de travail des enseignants voyez la récente note de
Samantdi, elle donne encore une fois une analyse réfléchie, pondérée, éloignée
à la fois de toute démagogie populiste et de toute langue de bois syndicale.
Il n’est pas faux de dire
qu’il y a certaines attitudes communes entre Royal et Sarko. Si on a une vue
optimiste des choses on peut dire que c’est, dans chacun des camps une façon
moderne d’aborder les problèmes, déliée des tabous et des réponses toutes
faites. Si on a une vue pessimiste on dira qu’ils partagent une commune
attitude démagogique, un commun populisme. Il peut y avoir des électeurs
flottants entre eux deux qui se décideront à la dernière minute et sans doute
importe-t-il de les gagner. Mais pas n’importe comment. Car ce serait aussi
créer chez d’autres un agacement parallèle. Autrement dit faire grimper très
haut les votes pour Bayrou. Comme le positionnement de Ségo va faire par
ailleurs grimper l’extrême gauche, comme l’absence de résultats de Sarko malgré
ses rodomontades va faire grimper Le Pen qui reste plus que jamais en
embuscade, on voit le danger !!!
Il est vrai cependant que la
façon dont Royal a été désignée, la qualité des débats (oui, malgré tout,
malgré les limites de l’exercice il y a eu de vrais débats), la netteté de sa
victoire, sont de nature à créer une dynamique positive dont il faut espérer
qu’elle ne s’usera pas.
Il y a une vieille formule
politique disant qu’au premier tour on choisit, au second on élimine. J’ai
souvent fonctionné comme ça, réservant mon vote PS pour le second tour (pas en
2002, j’avais senti venir les choses à la dernière minute) Pour raisonner ainsi
encore faut-il être assuré de ne pas avoir au second tour à éliminer entre la
peste et le choléra, en l’occurrence entre Sarko et Le Pen.
Il n’y a plus à faire la
fine bouche. Désormais, quelles que soient mes éventuelles réserves et mon
éventuel agacement, ce ne peut être que « allez Ségo ».