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Les échos de Valclair
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20 janvier 2007

"Lignes de faille"

Je viens de terminer le dernier livre de Nancy Huston « Lignes de faille ».

C’est un livre assez déroutant comme le sont souvent ces récits d’ailleurs. J’ai du mal à dire s’il m’a vraiment plu. En tout cas il m’a intéressé et de plus en plus à mesure qu’avance le récit mais il m’a aussi en partie laissé sur ma faim.

Le livre est composé en fait par quatre monologues tenu par quatre enfants de l’arrière petite fils à l’arrière grand mère, racontant chacun(e) un moment clé de son histoire. Partant du présent on plonge vers le passé, vers les « lignes de faille » où histoire personnelle et faits historiques se conjoignent. La lignée est marquée par la présence chez chacun(e) des protagonistes d’une tache héréditaire sur la peau. Les parents de l’enfant de 2004, effrayants d’américanité bushiste, la lui font retirer marquant ainsi symboliquement la rupture avec le passé et l’histoire, mais ce qui devait être une intervention bénigne prend un tour beaucoup plus inquiétant : pas sûr qu’on se débarrasse si facilement du passé.

Chaque enfant a son langage, son ton, sa personnalité, Nancy Huston est très habile à se mettre dans la peau et à la hauteur d’enfance de chacun de ses personnages. Ça c’est très réussi : elle sait habiter son personnage et nous le faire habiter. L’histoire familiale et ses secrets se dévoilent peu à peu, ce qui se passe à une période est éclairé par ce qui est survenu dans les périodes précédentes, le puzzle s’éclaire et c’est ce qui fait qu’on accroche mieux à mesure que la lecture avance. Chaque récit est aussi habilement une lucarne sur le siècle et ses tragédies. Mais c’est peut-être là que l’on reste un peu sur sa faim. C’est une description en creux, cohérente évidemment avec le point de vue du récit mais j’aurais aimé en savoir un peu plus par exemple sur toute cette politique des lebensborn mise en place par les nazis dont à vrai dire j’ignorais tout jusqu’à la lecture de ce livre.

Tiens c’est ce qu’il y a de pas mal à réfléchir et à écrire sur ce qu’on vient de lire : on en perçoit plus la force et la cohérence. J’ai l’impression que j’ai une appréciation plus positive de ce livre en terminant ma note qu’en la commençant.

De façon générale j’aime assez ce qu’écrit Nancy Huston et particulièrement ses essais. J’aime bien sa personnalité, le rapport qu’elle entretient avec la littérature et ce qu’elle nous en dit. Elle montre à quel point la littérature peut être trame de vie et ouverture à autrui dans l’existence de chacun. Elle l’a exprimé très bien en faisant le lien avec sa propre vie notamment dans « Journal de la création » ou dans « Professeurs de désespoir », bouquins que j’ai beaucoup aimés et dont j’ai rendu compte ici et là. Elle parle de ça aussi dans une interview qu’elle vient de donner et dont je vous recommande la lecture. C’est dans le dernier numéro du « Monde de l’éducation » mais apparemment ce n’est malheureusement pas en ligne.

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Commentaires
B
Je dois dire que, près d'un an après, je me retrouve assez dans ce que tu écris là, à part que je SAIS très bien que ce livre m'a beaucoup plus. Et je crois que tu dis pourquoi; il pose plus de question qu'il n'en résout, il nous interroge sur notre propre vision du passé, notre propre rapport au temps, à l'actualité.<br /> <br /> Si je ne connais pas ses essais (qu'il va me falloir lire), je connais assez bien ses romans, suffisamment pour guetter ceux qui manquent à mon actif. J'ai dévoré les "variations Goldberg", "l'empreinte de l'ange" ou "Dolce Agonia", le dernier lu et j'ouvre le suivant avec fébrilité dans l'attente du plaisir de son écriture.<br /> <br /> Pour ce qui est de l'immeuble Yacoubian, je n'ai pas vu le film et il ne faut pas que je le vois trop tôt après la lecture du roman au risque d'être très déçu comme très souvent avec une adaptation, à fortiori quand le livre m'a enchanté.
V
Bienvenue Océane et merci pour la référence: j'ai cherché sur internet : en fait il s'agit d'un livre qui s'appelle "au nom de la race" mais qui est en effet épuisé et qui est parait-il passionnant.
O
je me souviens,que jadis,j'étais tombée par hasard sur un bouquin à la bibliothèque qui m'avait tellement marquée que je le revois encore:je cite de mémoire, il est peut-être introuvable maintenant. Il devait s'appeler Lebensborn et c'était in livre de Marc Hillel, je crois. Il expliquait tout sur cette période malheureuse de l'histoire
Z
je ne connais pas Nancy Huston et tu me donnes envie de la découvrir.<br /> Merci et<br /> Bonne année à toi aussi, que tes propres voeux se réalisent.
Les échos de Valclair
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