Parler!
J’ai toujours l’idée de
profiter de ces quelques jours pour engager avec Constance une discussion
sérieuse, approfondie sur l’état de notre couple. J’en ai plus que l’idée. Ce
n’est pas optionnel. Ce n’est pas : « ce serait pas mal, si… »
comme je me le suis dit tant de fois. C’est « il faut le faire ». Si
ce n’est pas le cas, si je n’y parviens pas, je ressentirais ça comme un échec,
comme une fuite de ma part une fois de plus.
La pesanteur du silence
entre nous ces derniers temps, surtout, plus peut-être que sa réalité
objective, l’intensité douloureuse avec laquelle je la ressens désormais, pose
cette parole comme absolument indispensable. Mais comme elle est difficile
aussi je me disais qu’il fallait attendre des conditions favorables, ces
quelques jours que nous passons seuls ici avant que ne nous rejoigne dimanche
mon beau-frère et ma belle-sœur, me paraissait l’idéal. Mais le paradoxe est
que, dès que cela va mieux comme c’est le cas dès qu’on se retrouve ici,
l’urgence alors s’en affadit et je me dis: « Mais pourquoi donc, pourquoi
ne pas seulement profiter de ces moments partagés paisibles, pourquoi aller
gratter là où ça risque de faire mal ? ». Ce qui me paraissait si
indispensable soudain ne le paraît plus. Il ne faut pas que je me laisse détourner.
Il faut que je tienne mon objectif. Oui, c’est un objectif.
Et si je l’écris ici
sûrement c’est pour me sentir engagé.
Evidemment plutôt que
d’écrire ça dans le silence, seul à seul avec mon écran d’ordinateur tandis
qu’elle bouquine sur le canapé à deux mètres de moi, je pourrais dire :
« tiens si tu posais ton livre, j’aimerais bien prendre le temps que nous
parlions ensemble » !
Evidemment ! Mais je ne le fais pas. Demain ? Ne remets jamais à demain ce que tu peux faire le jour même ! Non pas ce soir, demain ! Demain ? Demain ! Cochon qui s’en dédit…
(Ecrit le 24/02)