Un doux rayon de soleil hivernal
« Est-ce que tu
pourrais aller acheter un rouleau de papier cadeau supplémentaire, on risque
d’être un peu juste… »
C’était hier en milieu
d’après-midi, au moment des préparatifs, avant que nous ne partions chez ma
belle-sœur chez qui se tenait le réveillon de Noël familial. Je n’étais pas
mécontent de répondre à la demande qui me permettait de sortir, j’ai donc
enfilé mon manteau et me suis dirigé vers un petit bazar à proximité pour faire
cet achat.
Il faisait un temps
extraordinaire. Après le froid venteux et agressif des jours précédents, il
faisait presque doux, le ciel était magnifiquement bleu, à peine un peu altéré
de brume mais qui conférait une espèce d’aura tranquille au paysage des
immeubles en adoucissant leurs contours. Devant moi une rue orientée sud-ouest
dans l’axe duquel, à cette heure-ci, se trouve exactement le soleil. Je
n’ai pas pu y résister. J’ai dépassé mon magasin et j’ai marché face au soleil,
j’ai eu envie de sentir sa caresse sur mon visage, j’aurais voulu que la rue ne
s’arrête pas…
Je me suis retrouvé au parc
Montsouris. Calme extrême, surtout dans la partie haute, au-delà de la voie du
RER. Peu de promeneurs. Un jogger qui me dépasse. Un papi tout fripé lisant son
journal en marchant. Une jeune femme lisant sur un banc en plein soleil tandis
que son gamin joue dans le bac à sable aux pieds de grands pins. Combien de
fois sommes nous venus ici avec les garçons petits au début où nous habitions
dans ce quartier ! Surgissement de souvenirs…
A ma surprise tant je
trouvais qu’il faisait bon, j’ai constaté que le lac du parc était presque
entièrement gelé. Plaisir d’en faire le tour. Les panonceaux « ne pas
marcher sur la glace » qui traversent allègrement toutes les canicules
estivales, pour une fois prenaient sens. Les canards se regroupent dans
l’espace libre de glace. Des gens font des photos. Quelques gamins, un peu plus
nombreux qu’en haut, jouent dans l’espace enfant. Lumière déjà rasante du
soleil sur la glace...
Les sons de la ville me
paraissent comme amortis, lointains. C’est peut-être parce que je suis loin,
dans ma rêverie. Je me sens merveilleusement dans l’instant, j’apprécie ce
petit moment volé, ce plaisir particulier que confère toujours à un moment le
fait d’être imprévu, non programmé.
Je me suis un peu fait
attendre, tant pis. Heureusement ils avaient eu assez de papier pour terminer
les paquets. Le nouveau rouleau, acheté au retour, servira une autre fois.
Nous avons rejoint le lieu
de notre réveillon. Il s’est déroulé de façon tout à fait agréable, dans une
convivialité sympathique. Je m’y suis senti bien, et peut-être était-ce aussi
parce que j’avais pris le temps, sans l’avoir en rien calculé ou décidé, de ce
petit intermède impromptu, de cette douceur de soleil, de cette précieuse
respiration…
J’écris ça ce matin tandis
que tous dorment encore. Ce n’est pas un conte de Noël. Juste un petit moment
vrai. Un moment de paix. Je vous l’offre.
Heureux Noël à tous !