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Les échos de Valclair
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27 octobre 2008

Paralysie

Millau, à l’hôtel, cinq heures du matin, réveil intempestif…

Nous faisons une étape ici, histoire de faire un petit tour de ville demain matin et de voir de près le fameux pont que je ne connais pas encore. Nous avons passé un week-end agréable à une fête d’amis dans l’Allier et nous descendons demain, dans la région toulousaine.

Mon esprit s’est mis en mouvement. Je réfléchis au billet que je voudrais écrire, à ces billets auxquels j’ai pensé ces derniers jours avant même mon départ de Paris, et dont je sens que je les laisse échapper. Par lequel commencer ? Et c’est justement de ce que je ne parvienne pas à me décider que finalement j’amorce un billet…

Je suis dans l’envie et la paralysie d’écrire.

Il ne serait pas exact de dire comme l’autre jour que je suis à distance de mes mots. Non, ils bataillent pour sortir. Ils bataillent en créant du malaise, de la souffrance même. A quoi servent-ils alors ? Ils occupent les heures d’insomnies qui se sont désagréablement succédées ces derniers jours.

J’ai esquissé plusieurs notes qui n’ont pas abouti.

J’achoppe parce que je ne sais pas pour quel destinataire je veux les écrire. J’évolue dans le fil même de l’écriture. Alors le billet part dans plusieurs directions à la fois, le billet se charge de potentialités contradictoires, je coince, le billet finit par imploser, il s’autodétruit, me laissant un goût amer d’échec dans la bouche.

Trois destinataires au moins se font concurrence dans ces esquisses sans débouché…

J’ai envie d’écrire pour moi, le billet de mon for intérieur, une entrée de journal destinée à rester hors ligne, pour décrire certains évènements évoquant mon dernier week-end à Lyon où j’ai pu retrouver mon amie très chère, pour fixer la succession des moments afin de les mémoriser pour l’avenir, pour analyser mes ressentis avec la plus grande précision possible, et me questionner à partir d’eux jusqu’à l’os…

J’ai envie d’écrire pour elle, une écriture qui serait d’abord une lettre, une écriture pour parler de ce que nous vivons, pour réfléchir à comment concilier cet amour avec nos autres attachements, pour trouver les moyens d’entretenir, d’approfondir, d’embellir une relation dont la modalité dominante est l’absence.

J’ai envie d’écrire pour partager avec mon blogomonde, je sens bien que la communication est désormais mon carburant principal, que c’est ce qui me donne l’énergie d’écrire. Mon journal est pour moi mais il est aussi pour mes lectrices, pour mes lecteurs, les proches et les connus, le cercle des blogamis qui savent plus ou moins qui est l’animal, ceux qui déposent ici leurs mots à l’occasion comme les discrets qui me suivent silencieusement depuis longtemps, les épisodiques, les passants de hasard me croisant sur l’océan de la toile. Je voudrais le faire sur tous les terrains, y compris sur ceux que l’on qualifié d’intime. Mais alors je me heurte à cette difficulté : jusqu’où aller dans l’intime ? Comment être suffisamment explicite pour être dans l’authenticité, pour que les interrogations personnelles soulevées vaillent aussi et fassent écho pour d’autres sans pour autant entrer dans des détails trop précis, sans créer les effets pervers de collapsus mal venus ?

J’ai toujours dit que ce n’était pas facile cette écriture là. Je l’ai toujours décrite comme un cheminement difficile mais passionnant sur une ligne de crête. Je ressens cette difficulté plus fortement encore aujourd'hui au point de me trouver quasi paralysé, de ne pouvoir produire que cette note qui ne dit rien, qui n’est que le reflet de mes hésitations.

Mais ce que je constate c’est que cette tentative si laborieuse m’occupe, m’envahit, qu’elle prend la place de ce qui pourrait être dialogue, tentative de dialogue, hic et nunc, avec celle qui est près de moi, ma compagne au long cours, ma compagne des jours ordinaires. Fuite une fois de plus ?

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Commentaires
P
Ah que ces tergiversations me sont évocatrices, mon cher Valclair ! Oh comme je connais tout cela, jusqu'aux affres et même à une certaine souffrance.<br /> <br /> Mais en tant que lecteur évoluant dans un certain nombre d'autres préoccupations communes, d'ordre sentimentalo-relationnelles, j'avoue que tu as titillé ma curiosité. Je suis sûr qu'il y a de quoi m'intéresser dans ce que tu retiens ;o)<br /> <br /> Quant à ton interrogation finale, entre l'écriture qui tend à supplanter la véritable présence, ça aussi ça me pose question...
Les échos de Valclair
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