Là-bas
Cette semaine c’était la vie
hors connexion et même hors écriture, hors souci de l’écriture, du rapport à
l’écriture, de toutes ces questions qui me tarabustent depuis un long moment et
de façon accentuée, envahissante, ces dernières semaines dans la perspective de
la prise de parole publique à laquelle je vais procéder dans quelque temps.
J’ai séjourné deux jours à
Toulouse et outre le plaisir d’y passer d’agréables moments avec les cousins de
Constance qui nous y ont reçus, j’ai découvert en touriste quelques aspects de
la ville que je ne connaissais pas, que ce soit le site du Bazacle qui permet
de mieux comprendre le système garonnaire autour duquel Toulouse s’est
développé au Moyen âge, ou l’hôtel d’Assézat avec la fondation Bamberg, très
intéressant musée, spécialement dans sa partie ancienne qui contient des pièces
exceptionnelles présentées au surplus dans le contexte des époques qui les ont
vu naître (meubles, objets d’arts décoratifs, livres). Le second étage
présentant des toiles du 19° et du 20° dans un espace nu et sans charme est
bien moins séduisant.
Ensuite nous sommes allés
dans la petite ville de notre maison brûlée. On a travaillé là-bas pendant 3
jours de 9h du matin à 7h du soir, alternant les rencontres indispensables avec
architecte, banquier, assureurs, et travail très matériel dans la maison où
nous nous sommes occupés à procéder à des tris, mises au rebut ou tentatives de
sauvetage de divers objets. Les meubles et leur contenu ont été transférés au
garde meuble peu de temps après l’incendie mais il restait cependant beaucoup
de choses ici et là dans des cagibis ou dans des cartons qui ont séjourné deux
mois déjà dans les gravats et dans l’ambiance ultra humide de la maison fermée.
Evidemment c’est aux choses qui parlent que je me suis le plus attaché. Ainsi
ai-je retrouvé le train électrique Hornby de mon enfance, personne peut-être ne
s’en servira plus jamais et pourtant j’ai tenu à essayer de le récupérer du
mieux que j’ai pu. Et j’ai dépoussiéré le chapeau haut-de-forme de mon arrière
grand-père et enlevé les moisissures qui avaient envahi le magnifique carton
galbé dans lequel il était rangé.
La maison reste glacée par
l’humidité qui tombe des murs. Mais au moins il faisait beau et sec dehors.
C’était bonheur de voir ce soleil se déverser à l’intérieur de la maison figée
dans le froid. A plusieurs reprises nous sommes descendus dans le jardin pour
de courts breaks, oiseaux chanteurs, fleurettes légères pointant dans la
pelouse, douceur du soleil tiède plus chaud d’emblée que le soleil parisien,
cela donnait envie et consistance à cette idée que nous avons d’essayer de
faire quelquechose de cette maison, à tenter de tirer un bien de ce mal.
En rentrant après le
« turbin », chez la cousine qui nous a hébergé je n’avais que l’envie
de me poser et de me détendre. J’étais loin de mes questionnements habituels et
loin de la tentation de les mettre par écrit. C’est la revanche heureuse, ça,
du travail concret qui laisse abruti de fatigue! Parmi mes bouquins c’est Parrot
et l’Enigme des Blancs Manteaux qui m’a semblé le plus adapté à mes besoins.
Plaisir de l’évasion, plaisir de la plongée dans le temps, plaisir de se
laisser balader au gré des mouvements de l’intrigue, plaisir de la lecture
divertissement, sans me soucier de noter des phrases et de penser à ce que
j’aurais envie d’en dire. Très agréable moments, mais assez brefs toutefois,
car très vite chaque soir je suis tombé dans les bras de Morphée.