Retours

Nos garçons sont arrivés. C’est un bonheur de les retrouver, et surtout Taupin bien sûr qu’on n’a pas vu depuis plusieurs mois et qui semble en forme malgré l’incident de la veille. Les deux frères, que lient une puissante complicité sont intarissables entre eux, on a presque du mal à se glisser nous mêmes dans la conversation et ce ne sont pas les sujets qui manquent. Ces présences ici revivifient tout.

Première surprise à leur arrivée. Le canapé ! Ils ne connaissaient ni l’un, ni l’autre le nouveau canapé ! Quoi ! Cela fait donc trois ans qu’ils ne sont pas venus ici. Ni l’un, ni l’autre. On en est presque incrédule. Mais on évoque les dates, les activités des uns et des autres pendant les vacances et on doit bien se résoudre à l’évidence. Bon sang que le temps passe ! Inutile d’insister, c’est d’une telle banalité mais tout de même quand ça saute à la conscience comme ça, ça fait un petit serrement de cœur. On évoque le canapé jaune. Ah le canapé jaune, c’était bien un des symboles de ce lieu et des vacances qu’on y passait en d’autres temps avec des petits garçons délurés et qui sont ces hommes maintenant…

En tout cas ce qui fait plaisir c’est de voir leur bonheur à retrouver ce lieu, à réinvestir brièvement quelques uns de leurs plaisirs d’enfance. Dans ce temps bref il y a, il y aura des incontournables. La plage devant la maison, la ballade à vélo jusqu’à Ile Tudy, un repas à la crêperie, aller prendre les rouleaux à la Torche. On voulait faire ça aujourd'hui, mais la pluie est arrivée d’un seul coup, alors les garçons grassemâtinent et moi je me mets à écrire.

Hier nous avons été sur la plage du Letty, profiter de la marée descendante dans le goulet par lequel la Mer Blanche se vide dans l’océan, permettant des jeux dans le courant : tenter de passer sur la dune de l’autre côté, se laisser porter plus vite que ne le permettrait la nage, s’asseoir dans l’eau, en s’arrimant jambes et mains dans le sable et se faire masser par le courant, une thalasso à bon compte… Souvenir aussi d’une tentative de traversée, il y a des années, avec Taupin petit, je ne connaissais pas bien la configuration du lieu, je m’étais fait sérieusement peur pour moi et pour lui, à voir la dune reculer alors que nous brassions à toute force.

Ce matin tôt alors qu’il faisait encore à peu près beau je suis allé chercher le pain frais et les croissants à la boulangerie. Plaisir du pédalage dans le matin. Les rues sont vides ou presque. Un papi promenant son chien. Un jogger isolé. Je reviens par mon itinéraire détourné qui est une promenades avec ses stations obligées et mes contemplations : dans le port, à la pointe, au tournant du chemin, là où se révèle l’orbe de la plage : la mer, le ciel presque confondu dans le grisé du matin, l’arrondi de sable clair que ponctuent de rares silhouettes, les stries des averses plus loin…

Et puis, il a plu, plu, plu toute la journée. Mais le soir soudain une petite éclaircie se dessine permettant l’échappée. Vers 19h c’était comme ci…

Et vers 20h comme çà…

C’est ça la magie de la Bretagne…

(Ecrit le 31 juillet)