L'Iran, demain...
Que va-t-il se passer en
Iran ? Je suis aux aguets non sans inquiétude. On a le sentiment d’une
situation limite, qui pourrait tourner tout aussi bien à la répression
sanglante pouvant faire peser la chape de plomb de la répression pendant encore
des années ou au contraire à une implosion du système de l’intérieur, miné par
la contestation et par les contradictions mêmes de ses couches dirigeantes.
Est-on à la veille d’un Tian An Men ou d’une chute du mur ? Ma crainte est forte, très forte que ça ne tourne mal. Cela dit qui imaginait la chute du mur quelque temps avant qu'il ne se produise? En tout cas si un basculement positif se produisait sans drame se pourrait être
un événement considérable, pour les iraniens d’abord, et plus encore pour les
iraniennes mais aussi pour le monde compte tenu des dangers que le nationalisme
et l’islamisme extrêmes font peser sur la paix. A côté de ça les enjeux de nos
élections européennes, il faut bien reconnaître que c’était du léger, léger…
En plus j’ai une attirance
particulière pour ce pays où je n’ai jamais été, mais qui m’a toujours fait
rêver par son antique civilisation, sa succession de civilisations plutôt, par
ses penseurs, ses mystiques et ses poètes, par ce que j’imagine de ses paysages
et de ses villes dont les noms seuls sont des invitations au voyage :
Chiraz, Ispahan, Persépolis… J’irai un jour. Lorsque les voiles seront tombés.
Pas avant !
Je me rends compte aussi que
pour moi le goût, l’intérêt que j’ai pour un lieu, pour un pays se renforce
d’autant plus que j’ai un lien de sympathie avec une personne qui en est
originaire, comme si alors le pays s’incarnait véritablement, cessait d’être
seulement une référence géographique, culturelle ou géopolitique. J’ai lu plus
de livres turcs, suivi l’actualité de ce pays avec plus d’intérêt depuis que je
connais Ada. Pour l’Iran c’est un peu pareil avec Marjane Satrapi. Oh, je ne la
connais pas en vrai, je ne l’ai jamais rencontré pas plus que je n’ai échangé
de correspondance avec elle mais j’ai lu sa bande dessinée dès la parution du
premier volume alors qu’elle n’était pas encore connue, achetant les autres au fur
et à mesure de leur sortie. J’ai eu ainsi le sentiment de la voir grandir tout
en assistant aux troubles de son pays. J’ai entendu des interviews d’elle qui
me l’ont rendu sympathique et puis j’ai énormément aimé le film qu’elle a tiré
de ses bandes dessinées et qui me semble apporter des dimensions
supplémentaires, un enrichissement aux livres, ce qui n’est pas courant,
habituellement c’est plutôt l’inverse qui se produit. Avec tout ça j’ai
l’impression de presque la connaître !
Alors, pour Marjane, pour
Chirin, pour tous ceux et toutes celles qui luttent et espèrent là-bas et pour
nous tous, je croise les doigts à défaut de pouvoir faire autre chose…