Le temps d'atterrir
Me voici de retour…
Je suis arrivé hier dans la
nuit et j’ai replongé dès ce matin dans mon activité professionnelle qui est
intense comme chaque fois au moment des rentrées. J’ai eu un peu de mal, il
faut bien l’avouer. Je me sens de plus en plus en distance avec ce travail qui
me fait vivre, dont je reconnais qu’il a bien des aspects positifs mais dont je
suis lassé. Et la transition est d’autant plus brutale cette année que je suis
revenu à Paris à la dernière minute sans avoir le temps d’atterrir en douceur
et de me préparer dans ma tête à la reprise.
J’ai un peu lu, un peu écrit
pendant ces vacances. Moins que je ne pensais. Moins que je ne souhaitais. J’ai
d’autres chantiers d’écriture en cours aussi dont je reparlerai peut-être et
puis tout simplement j’ai pris le temps de vivre. J’ai des pages de journal
dans le sas qui sont prêtes. Je vais en publier certaines, d’autres resteront à
coup sûr hors ligne, d’autres encore sont sur cette frontière délicate où je ne
sais trop si je dois publier ou pas.
Où dois-je mettre la
frontière entre le public et le privé ? Question récurrente. Mais les
circonstances font qu’elle se pose avec plus d’acuité. Ce qui me paraît le plus
intéressant dans ma pratique de blogueur, ce qui me pousse à écrire, ce sur
quoi je souhaite le plus communiquer parce que je sais qu’en le faisant j’en
éclaire d’autres et que les échos qu’autrui donnera à mes propos m’éclaireront
moi-même, est bien tout ce qui traite des relations humaines, des relations vivantes,
pas de celles qui sont closes au fond de la mémoire mais celles là même qui
sont en train d’advenir. La vie dite virtuelle et la vie réelle se mêlent alors
dans l’immédiateté de leur accomplissement. Parler de soi dans le relationnel
c’est forcément parler d’autrui et mettre cet autrui sur la place publique sans
son acquiescement explicite peut être gênant, même si c’est fait avec toute la
discrétion et toutes les précautions d’usage. Et c’est aussi créer des
dynamiques relationnelles aux conséquences imprévisibles. Tout ça est
périlleux. Mais périlleux aussi comme l’est la vie. Ne s’empêche-t-on pas de
vivre à trop craindre les périls ?
Je me suis dit alors :
« La pause s’impose ».
Et même un moment ;
« Et si j’arrêtais tout à fait? Tout ça est trop compliqué ! »
Sauf que je n’ai pas envie
d’arrêter, pas même envie de faire une longue pause.
J’aime trop donner mes mots,
recevoir les vôtres, échanger, j’aime trop les ouvertures et l’enrichissement
que ces échanges permettent. Je veux le faire de façon respectueuse d’autrui
mais il n’est pas question que j’aseptise mes propos.
J’ai envie de replonger
rapidement dans les méandres de cette intrication des mots et de la vie et ce
soir d’ailleurs je vais commencer à faire la tournée de mes blogamis laissés de
côté pendant ce long temps de quasi totale déconnexion.
J’ai juste besoin d’un temps
d’atterrissage et de réflexion sur tout ça.
Le temps bref d’une pause,
juste le temps de me poser, de mieux poser, de mieux peser les mots…
Et puis, allez, en
attendant, voici juste une petite anecdote pour donner sur le mode d’un rire un
peu jaune quelque chose de mon ambiance de ce matin…
Comme je m’attendais à une
journée corsée au bureau, je me suis organisé pour ne pas avoir à m’échapper
pour déjeuner et j’ai préparé à la maison un vague pique-nique à manger sur
place. J’étais un peu en retard au démarrage, donc j’ai mis le turbo, j’ai cru
le mettre plutôt. J’ai passé sous l’eau pour le refroidir l’œuf que je venais
de faire cuire. Il m’a glissé des mains. Un geste réflexe a voulu que je tente
de le retenir plutôt que de le laisser gentiment s’écraser au sol. Mais il
était très, très mollet. Et c’est entre mes doigts qu’il a littéralement
explosé. Et c’est sur le devant de mon joli petit pantalon de rentrée, tout
beau, tout propre, tout juste sorti de l’armoire, bien frais et bien repassé,
qu’il s’est répandu en longues traînées collantes, m’obligeant à farfouiller
dans mon placard en fulminant à la recherche d’autre chose à me mettre,
accentuant mon retard !
Je vous laisse imaginer la
tête du Valclair face à la contrariété !
Et si quelqu’un me dit que
c’est signe que je n’avais pas vraiment, vraiment envie de rentrer, je lui ris
au nez ! Et si quelqu'un à l’esprit mal tourné s’amusait à voir là une
allusion grivoise, (tiens, je vois bien qui en serait capable !) j’en
rirais aussi !
Car après tout il vaut mieux
en rire !