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Les échos de Valclair
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8 juillet 2009

Week-end très prolongé

Le TGV file vers Paris. Je suis dans le sas qui marque la fin de la parenthèse. Première question : Écrire pour tenter de fixer quelque chose de ces jours ou bien seulement alterner les coups d’œil sur le paysage qui défile, les mots du livre que je lis et les rêveries ? Cette deuxième option serait plus reposante. Écrire demande une énergie, une concentration de l’esprit qu’il me faut un peu laborieusement solliciter mais j’en ai envie, je crois, puisqu’au final je m’y mets…

Je ressors des Journées de l’APA sur les Carnets de voyage moins enthousiaste que d’autres fois. Est-ce une forme de lassitude face à un type de rencontres maintenant presque routinières pour moi et dans lesquelles je n’éprouve plus le choc de la découverte ? Est-ce la thématique qui n’est pas de celles qui me mobilisent le plus ? Est-ce que ce sont les conditions matérielles de l’accueil moins porteuses de convivialité qu’en d’autres lieux ? Je préfère de loin les Journées qui se passent dans des endroits  permettant la résidence des participants sur le lieu même des activités et qui offrent ainsi plus d’occasion d’échanges informels. On a également souffert de la chaleur lourde et de l’insuffisante aération de la salle principale où se donnaient les activités plénières, rendant l’écoute difficile et favorisant la somnolence !

Cela dit il y a eu beaucoup de moments très intéressants. Le spectacle du vendredi entremêlant lectures de journaux de voyage de « grands » auteurs comme d’anonymes ayant déposés à l’APA, interventions musicales et commentaires articulant historiquement les textes, était bien fait, plaisant et enrichissant. Le film « No passaran » d’Imbert, exact reflet de la démarche d’enquête méticuleuse de l’auteur à la recherche d’un passé fuyant m’a paru par trop statique et pour tout dire plutôt ennuyeux alors que j’ai bien aimé certaines autres réalisations de cet auteur construites sur le même principe. Les interviews de Charles Juliet et d’Alexandre Bergamini étaient intéressantes l’une comme l’autre mais c’est la seconde qui m’a le plus accroché par l’intensité émotive que l’auteur y mettait, par ce qu’il a dit de son écriture loin de toute joliesse ou de tout pittoresque, par la force de certaines de ses formules. Les paysages n’existent pas pour eux-mêmes, ils ne prennent sens qu’en étant des reflets du moi douloureux de l’auteur, de son errance à la  recherche de lui-même et d’un frère défunt. Il ne s’agit pas de dire, de décrire, d’expliquer, il s’agit plutôt de ressentir et d’éprouver et c’est alors la forme du poème qui surgit à la place du récit impossible. Les mots viennent de la vacance, du silence, des espaces béants au fond de soi, l’auteur en vient à rêver à des « livres silenciaires ».

Comme la dernière fois que cette manifestation s’était tenue à Ambérieu j’étais accueilli, ainsi qu’une autre amie blogueuse de longue date, chez l’ami Pierre à une petite heure de route. Ça accroît d’autant la longueur des journées et la fatigue mais quel plaisir de se retrouver ainsi en tout petit comité amical et chaleureux dans la fraîcheur de ce beau lieu paisible après l’ambiance surchauffée d’Ambérieu et la promiscuité avec la foule des participants, quel plaisir que les odeurs d’herbe et de campagne, que la vue sur la Chartreuse le matin quand on s’éveille…

Pierre ne travaillait pas le lundi et nous avons donc pu faire une longue promenade avec lui  dans les hautes collines, aux ambiances déjà presque alpines, qui dominent le pays.

Et nous avons discuté naturellement, beaucoup discuté.

Nos échanges nous ont porté bien plus loin que tout ce que nous pouvons écrire sur nos blogs. D’autant que nous avons eu là du temps, bien plus que ce que permet une simple soirée de blogueurs, nous avons donc pu laisser des silences et les mots surgir des silences en prenant le temps qu’il leur fallait.

Nous nous sommes replongés avec amusement mais aussi une pointe de nostalgie dans l’évocation des tous débuts de l’écriture en ligne. A un moment Pierre est parti fouiller dans sa bibliothèque pour en ressortir « Cher écran » et nous avons fait défiler les anciens, chacun disant ce qu’il en connaissait, les liens qu’il avait entretenu, gardé, perdu avec tel ou tel.

Nous avons parlé de nos façons d’écrire, des rapports passionnants mais parfois compliqués entre l’écriture et la vie, nous avons cherché quel était le fil conducteur de nos écritures ou, en tout cas, quelles étaient les sources profondes d’où elles jaillissaient, nous avons parlé des amitiés, des désirs et des amours et de leurs mouvantes frontières. Et de bien d’autres choses !

Lorsqu’on est ainsi en petit comité, dans une ambiance de confiance et d’écoute mutuelle on finit par atteindre à des parts très intimes, à ce « sanctuaire de nos mots non écrits », comme disait l’une d’entre nous. Les mots plus largement partagés, ceux que l’on met en jeu au grand vent de la toile n’en sont pas seulement enrichis ou complétés, ils se trouvent éclairés d’une toute autre lumière qui en modifie profondément le sens. Et cela était valable y compris pour notre hôte qui est celui d’entre nous pourtant qui va le plus loin dans son expression intime publique.

Tout ça ne remet pas en cause l’intérêt de cette expression publique, elle est pour chacun d’entre nous la source d’un formidable enrichissement. Mais ça nous rappelle simplement, alors que parfois on pourrait se laisser porter à l’illusion de l’oublier, qu’il reste toujours une part non dite. Et c’est le privilège de moments comme ceux-ci, non de la dévoiler entièrement, mais d’en laisser surgir certains aperçus jusqu’alors inconnus même des plus anciens, des plus fidèles et des plus attentifs lecteurs, et de porter ainsi l’échange bien au-delà de ce permet la lecture mutuelle, les commentaires ou les mails.

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Commentaires
P
Ce que tu me dis de ///<br /> <br /> Pardon, ce que tu écris au sujet de votre rencontre et de vos discussions (et le temps qui est une dimension importante de votre relation), me dit que finalement, Pierre est devenu un bon/grand/, bref, un vrai ami, non ??? <br /> <br /> C'est chouette je trouve. Ca donne envie !
Les échos de Valclair
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